Société

Peine capitale pour un triple meurtre

La majorité de l’assistance sont des habitants des quartiers de Sidi Oth-mane. Ce sont tous des voisins de Mohamed, celui qui occupe une place au banc des accusés, et qui garde la tête baissée depuis l’examen du premier dossier, pleurant comme un enfant. C’est le seul accusé, semble-t-il, qui n’attend pas sa mère. Est-elle morte ?
-Mohamed…, appelle le président de l’audience.
Mohamed, toujours les larmes aux yeux, quitte le banc à pas lents, se tient debout au box des accusés.
L’assistance se tait. On n’entend plus le moindre chuchotement dans la salle. Elle ne veut pas perdre la moindre bribe de ses déclarations:“ Ils sont morts tous les trois, y compris ma mère, dit-il… Je ne me souviens de rien…J’ai rencontré quelqu’un qui m’a donné des psychotropes pour les revendre, mais je les ai avalés…Je ne me souviens pas de ce que j’ai déclaré à la police…”.
La Cour écoute attentivement ses aveux. Ce benjamin d’une famille de trois frères et deux soeurs est né en 1976 d’un père, employé dans une commune urbaine et d’une mère, femme au foyer. Sa particularité dans sa carrière scolaire est qu’il était cruel, violent et ne respectait personne. Il était l’élève indésirable de tous ses enseignants, que ce soit à l’école primaire Ibn Dourayd, ou aux collèges Allal Fassi et Ibn Hazm. À son dix-septième printemps, il consomme déjà du haschisch, des psychotropes et se soûle. En 1996, Mohamed rejoint le centre de formation professionnelle de Médi-ouna pour apprendre un métier. Il en est sorti, en 1998, avec un diplôme de menuiserie. Mais qu’est-ce qu’il en a fait ? Rien. Il reste sans job, erre dans les rues et les boulevards de Casablanca, cherche toutes sortes de drogues, se bagarre… En 1999, il est condamné à quatre mois de prison ferme pour coups et blessures à l’arme blanche et consommation de drogue. Après sa libération, il a commencé à voler tout ce qui est à portée de sa main dans la maison paternelle ou d’un membre de sa famille. Début 2000, ses parents déposent plainte contre lui pour vol. Il est arrêté et relâché après le retrait de la plainte. Le 20 décembre 2000, un jour de ramadan, un peu après 17h00. Mohamed ne jeûne pas et il a besoin de sa dose quotidienne. Il se rend chez son oncle maternel, tente de lui voler sa bicyclette. Sa petite cousine le surprend et le dénonce. Son oncle lui fait des reproches, l’insulte. Mohamed rebrousse chemin, regagne sa demeure, rencontre sa mère, lui demande un verre de lait.
-« Yal Maskhoute », tu ne jeûnes pas et tu veux que je sois ta complice ? Lui répond sa mère.
Sa mère Aïcha, quarante-cinq ans, continue de le réprimander. Sans pudeur, ni respect, il l’insulte. Son frère intervient. Mohamed saisit un pilon, tente de lui asséner un coup. Le frère s’enfuit. Mohamed reste à échanger les invectives avec sa mère. L’oncle maternel les rejoint :
-Ton fils a tenté de voler ma bicyclette, dit-il à sa soeur. Mohamed l’attaque. L’oncle maternel s’enfuit.
Mohamed reste face à face avec sa mère, se rend à la cuisine, saisit un couteau, se dirige vers elle. L’oeil dans l’oeil, il n’a pas hésité une seconde à la larder de onze coups. La scène devient plus horrible, dépasse la réalité. Son oncle paternel qui occupe le deuxième étage intervient. Mohamed le menace avec une chaîne de fer. Il se refuge avec son enfant, Othmane, quatre ans et sa domestique, Fatima, dix-sept ans dans sa chambre. Son neveu le poursuit. Il lui donne sa veste et le supplie :
-Prends l’argent et laisse-nous tranquilles. Mohamed n’entend rien, un pilon et un couteau entre les mains.
L’oncle arrive à sauver sa peau. Mohamed reste devant l’enfant et la domestique. Personne ne comprend ce qui lui arrive. D’un seul coup de pilon, il fracasse la tête de l’enfant et tue ensuite la domestique à coups de couteau. Il monte au troisième étage pour chercher l’argent, son deuxième oncle et ses enfants. Il ne trouve rien, ni personne. Il descend au deuxième, saisit les deux cadavres, les descend, les met près de celui de sa mère. Il change calmement ses vêtements, tente de quitter la demeure. Les badauds s’attroupent devant la porte. Il monte à la terrasse, escalade le mur. D’une terrasse à l’autre, il se retrouve dans la rue, rejoint un ami à Derb Ghallef, puis regagne Médiouna où il est arrêté. La Cour l’a condamné à la peine de mort.

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