Société

Perpétuité pour un trio d’enfer

© D.R

La chambre criminelle près la Cour d’appel de Taza. Aïcha, son fils Rachid et son amant, Hmida sont, en ce jour de juin, au banc des accusés. L’air triste et hagard, ils échangent des regards comme pour s’accuser mutuellement en silence. “Vous êtes accusés d’homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, mutilation d’un cadavre et adultère“, leur a rappelé le président de la Cour qui feuillette le dossier. Aucun d’entre eux n’ose prendre l’initiative de répondre aux interrogations, comme s’ils venaient de découvrir l’atrocité de leur crime.
Sur les bancs réservés à l’assistance, sept fils d’Aïcha, dont six demi-frères de Rachid. Elle ose à peine tourner ses yeux vers eux. Une situation difficile pour elle comme pour Rachid, qui fond en larmes quand le président de la cour a appelé son demi-frère, Mohamed. C’est ce dernier qui a remarqué la disparition de son père, Mahmoud, âgé de 77 ans. Certes, il se rendait chaque semaine à Sebt Bouklal, le souk hebdomadaire de la région. Mais, il ne s’absentait pas plus de deux jours de chez lui, au douar Haskoura, Caïdat Bab Labrouj, province de Taza.
De coutume, il quitte son domicile, l’après-midi du vendredi, passe la nuit chez des membres de sa famille à Taza ou à Guercif pour regagner, le lendemain, Sebt Bouklal et rejoindre le soir même son foyer. “Pourquoi n’est-il pas retourné chez lui ni le samedi soir, ni le dimanche, ni lundi, ni mardi ?“, s’est-il interrogé. D’abord, il était au courant des comportements agressifs de son demi-frère, Rachid à l’égard de son père et le malentendu qui a éclaté entre eux dernièrement au souk à propos de quelques quintaux de blé. Il est au courant également du comportement de sa belle-mère, Aïcha, qui a regagné, vendredi, Guercif, à la recherche de son mari qui était à Taza.
De plus, des habitants du douar lui ont affirmé que cette dernière a emballé, avec la complicité de ses deux enfants, Jawad et Rachid, leurs effets vestimentaires, pour les transporter à dos d’âne vers une destination inconnue. Ils lui ont précisé que le lendemain, sa belle-mère est revenue au douar avec son fils Jawad. Elle a supplié quelques-uns d’entre eux de la laisser passer quelques nuits chez eux, expliquant qu’elle ne supportait plus de vivre dans son foyer. Pourquoi ? Elle ne leur pas donné d’explications.
Ils ont refusé surtout qu’ils connaissaient tous sa relation avec Hmida. Elle a quitté aussitôt le douar. Vers quelle destination ? Personne ne sait au juste. Intrigué, Mohamed a fait un tour autour de la maison de son père. Il a remarqué de loin plusieurs chiens qui étaient attroupés dans le champ.
Qu’est ce qu’ils mangent ? a-t-il pensé avant de s’avancer vers eux. Quand il a progressé d’une vingtaine de mètres vers la maison, il fut surpris par ce qu’il avait remarqué. Il a reculé de quelques mètres pour se saisir d’une pierre et la lancer en direction des chiens, qui ont pris la fuite. Quelques pas en avant et il est resté bouche-bée De quoi s’agit-il ? Il a découvert une fosse de 70 centimètres de profondeur et de large, couverte d’une pierre et du sable. Qu’est ce qu’il y a dedans ? Il a commencé à creuser au point qu’il est arrivé à une découverte macabre ; une jambe, un morceau de colonne vertébrale et des membres inférieurs et supérieurs, tous en état de décomposition avancée. Il a appelé quelques voisins pour témoigner de sa découverte et a alerté les éléments de la gendarmerie Royale qui se sont dépêchés sur les lieux. Ils ont vu la fosse et ont commencé à chercher les autres parties du corps. Ils les ont trouvés dans une autre fosse située derrière la maison. Ils ont remarqué également de la cendre. Et en ont déduit que la personne en question avait été tuée, mutilée et enfin brûlée avant que soient enterrées les différentes parties de son corps dans les deux fosses creusées récemment pour le même objectif. Les enquêteurs ont finir par arrêter la mère. “C’est mon fils Rachid et Hmida qui l’ont tué, je les ai vus“, a-t-elle affirmé aux enquêteurs. Comment et pourquoi ? Elle leur a expliqué que son fils Rachid, issu d’un premier mariage abhorrait son beau-père.
La dernière fois, il lui a demandé une somme de 100 dirhams. Le beau-père a refusé de la lui donner. Accompagné de Hmida, il l’a égorgé dans son sommeil. Et Hmida s’est chargé de débiter le corps et de le brûler. Après quoi, ils ont creusé les deux fosses pour y enterrer les différentes parties du corps. Arrêtés, Rachid et Hmida ont, pour leur part, affirmé aux enquêteurs que c’est Aïcha qui les a engagés pour tuer son mari afin de vivre en paix avec son amant. Quant à la Cour, elle ne rend son verdict qu’en se basant sur les propos des mis en cause consignés dans les procès-verbaux, leurs réponses devant elle et les déclarations des témoins. Elle a jugé coupable les trois personnes, qu’elle a condamnées à perpétuité.

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