Société

Perversité morbide

© D.R

Chambre criminelle près la Cour d’appel d’Oujda. Dans une salle d’audience archicomble, Mohamed, vingt-sept ans, se tient, ce jour de novembre, devant les cinq magistrats de la cour. Depuis qu’il y a été conduit par deux policiers, il n’a pas osé lever les yeux, ni tourner son regard vers l’assistance pour au moins saluer d’un geste ses parents et sa soeur. Il a gardé les yeux fixant le sol au point que le président de la cour lui a demandé de lever les yeux pour répondre aux questions. “ Tu es accusé d’attentat à la pudeur“, lui rappelle le président de la cour qui lui a demandé de répondre dans le détail. Pâle, Mohamed n’a pas osé répondre et a gardé le mutisme pendant quelques secondes. Par pudeur ? Il devait avoir honte de ses actes avant de commettre l’erreur, surtout que sa victime n’était pas un étranger. C’était son frère, attardé mental de surcroît, âgé de vingt-quatre ans.
L’assistance a été choquée d’apprendre qu’il s’agissait de son propre frère. Comment en est-il arrivé à perpétrer un acte aussi odieux ?
Mohamed, sans profession, était chez lui, à la rue Zalaqa, à Berkane, en compagnie de son frère, malade mental, quand il a commencé, il y a belle lurette, à lui faire des attouchements. Son frère l’a laissé faire sans réagir. Il n’était pas conscient de ce que Mohamed exerçait sur lui sans vergogne. Il est resté à le regarder en souriant. Mohamed a continué ses attouchements pour lui demander ensuite d’enlever son pantalon. Le frère, malade mental, s’est exécuté sans savoir pourquoi. Il l’a déboutonné, avant de passer à l’acte.
Depuis, il n’a pas cessé de récidiver. Son acte ignominieux est devenu une habitude presque quotidienne. Et le frère n’a rien divulgué pour rester à la merci de Mohamed.
“ Tu n’as jamais pensé à renoncer à profiter de l’état de santé de ton frère ?“, demande le président de la cour à Mohamed. Ce dernier s’est contenté de garder une fois encore le silence. Et lorsque le président lui a répété la question, il a dit qu’il regrettait. Des regrets qui ne pèsent pas lourd devant ses actes abjects et contre-nature qu’il a commis contre son propre frère.
Ce dernier a continué à regarder les juges quand il a été appelé à la barre pour témoigner et relater l’histoire. Il n’a pas soufflé mot avant que le président de la cour ne lui ait demandé de retourner à sa place.
Et c’était le tour de leur soeur de rejoindre la barre pour témoigner.
C’est elle qui a fait éclater l’affaire et a dénoncé son frère. “Quand je suis entrée à la maison, j’ai cru que personne ne s’y trouvait…Toutefois, j’ai remarqué que la porte d’une chambre était fermée“, déclare-t-elle. D’habitude, les portes des chambres de la maison sont toujours, notamment le jour, ouvertes. Cette fermeture lui a mis la puce à l’oreille. “J’ai pensé que mon frère, attardé mental, y était à l’intérieur“, affirme-t-elle à la cour. Elle s’est avancée calmement et a ouvert la porte. C’était le choc. “Je n’aurais jamais pu un jour imaginer voir ce que j’ai vu“, a-t-elle dit. Elle a découvert Mohamed qui abusait de son frère. Une image qui l’a choquée au point qu’elle n’a pas pu rester les mains croisées. Elle s’est rendue aussitôt vers le commissariat de police pour déposer plainte. “Il faut lui infliger un châtiment exemplaire qui soit un exemple pour tous ceux qui pensent commettre un tel acte criminel“, a estimé le représentant du ministère public. Pour sa part, l’avocat de la défense a réclamé des circonstances atténuantes. Et il semble que la cour a été clémente avec lui puisqu’elle l’a condamné à deux ans de prison ferme.

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