L’affaire de l’impression du journal « Le Monde » au Maroc a créé une polémique que je crois montée et préméditée, pourquoi ? D’abord « Le Monde » n’est pas la première publication imprimée au Maroc. Il suffit de remonter un peu le temps pour retrouver les réactions provoquées par l’autorisation d’impression dans notre pays du journal « Al Charq Al Awsat». Les milieux journalistiques se sont soulevés pour bloquer ladite autorisation à l’époque, (la scène médiatique était dominée par la presse partisane). Il a été convenu, comme solution, d’autoriser l’impression du journal mais que son prix soit plus élevé que celui des quotidiens nationaux. (1,50 dh contre 1 dirham). Après «Al Charq Al Awsat», d’autres publications sont imprimées dans notre pays, «Le Figaro», «France Soir», «Paris-Turf» (à signaler que le hasard a fait que «Al Bidaoui» est imprimé au même lieu que ces journaux français.). Sans oublier le journal londonien arabophone «Al Hayat» qui était également imprimé au Maroc avant sa disparition. D’un autre côté, la frange ciblée par l’arrivée de «Le Monde» reste une frange francophone, une élite supposée avoir un certain niveau intellectuel et linguistique. Il est de notoriété que le marché du lectorat francophone reste tout de même limité, et concentré notamment dans l’axe Rabat-Casa (à l’exception des sites touristiques très fréquentés par les étrangers). Enfin, le Maroc est un pays multiculturel, et il est difficile pour un éditeur de prétendre qu’il est capable de répondre à toutes les demandes d’un lectorat kaléidoscopique. Et puis, la terre marocaine demeure toujours vierge devant tout investisseur dans le secteur.
• Aberrahim Ariri,
directeur de publication
de l’hebdomadaire «Al Bidaoui»