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Politique migratoire: Les dessous de la campagne de régularisation

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«Indécise». C’est ainsi qu’a été qualifiée la politique migratoire du Royaume par la société civile. La Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) et le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM) ont présenté lundi à Rabat le bilan de la politique migratoire qu’a adoptée le Maroc il y a un peu plus d’une année. «Le Maroc a entrepris une tâche importante, mais les récents développement nous poussent à poser des questions quant au futur de cette politique», a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH.
Lenteur des procédures, campagnes d’arrestations et manque de visibilité étaient les principaux dysfonctionnements relevés par les deux organisations.

Des chiffres à relativiser
Le 9 février dernier, le ministre délégué à l’intérieur, Cherki Draiss, tenait une conférence de presse pour annoncer la fin de l’opération exceptionnelle de régularisation. Au total, les demandes de près de 18.000 personnes, d’au moins 100 nationalités différentes, ont été satisfaites. Des chiffres encourageants, mais à prendre avec précaution selon les ONG. Le rapport explique, par exemple, que la campagne a bénéficié à des catégories qui, en principe, n’en étaient pas la cible. Il s’agit notamment des étudiants, qui peuvent prétendre à l’octroi d’un titre de séjour au regard de leurs études et des réfugiés syriens qui devraient bénéficier de protection conformément aux recommandations du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR). «Les Syriens fuyant la guerre ne doivent pas être assimilés à des migrants mais doivent bénéficier du statut particulier de réfugiés», a noté Amina Bouayach, secrétaire générale de la FIDH. Pourtant, les Syriens ont bénéficié du deuxième taux de régularisation le plus élevé (18,4%), juste derrière les Sénégalais (27%). D’autre part, l’annonce de la fin de l’opération de régularisation en février laisse plusieurs questions en suspens, notamment en ce qui concerne les personnes qui ont déposé leurs dossiers dans les délais mais n’ont toujours pas reçu de réponse et ceux qui ont déposé des recours suite à une réponse négative. «Nous appelons le gouvernement à régulariser le statut de près de 9.000 migrants qui ont déposé leurs demandes dans les temps mais attendent toujours une réponse», a déclaré Hicham Rachidi, secrétaire général du GADEM.

Une procédure improvisée?

Par ailleurs, la procédure de régularisation aurait, selon les observations de la société civile, laissé place à diverses interprétations. Les bureaux des étrangers dans chaque ville ont imposé des critères d’acceptation plus ou moins rigoureux, qui leur sont propres. Ainsi, à Casablanca, l’ouverture d’un dossier individuel pour les mineurs a été exigée, alors que les mineurs ne sont pas astreints à la détention d’un titre de séjour et ne peuvent, par conséquent, pas être en situation irrégulière. A Nador, les formulaires étaient uniquement disponibles en arabe, une langue que la plupart des migrants ne comprennent pas. A Laâyoune, les attestations de travail ont été jugées comme preuve insuffisante d’activité.

Le plus inquiétant, d’après le rapport de la FIDH et du GADEM, reste néanmoins les campagnes d’arrestation des migrants irréguliers menées juste après la fin de la régularisation. Elles témoigneraient, selon les ONG, d’un revirement de situation faisant état du passage du Maroc d’une approche d’intégration à une approche purement sécuritaire. Le GADEM parle, ainsi, de 800 migrants détenus dans 18 villes du Royaume, dont des mineurs, une femme enceinte et des demandeurs d’asile.    
 

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