Société

Professeur Salaheddine Slaoui: «20 mille Marocains recourent annuellement au bistouri pour se faire beaux»

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ALM : Quels sont les procédés utilisés au niveau de la chirurgie plastique reconstructive et esthétique au Maroc ?
 

Salaheddine Slaoui: Il existe deux techniques relativement récentes et dont les procédés sont particulièrement remarquables. En premier lieu, le «lipofileing» ou comblement avec sa propre graisse. Il s’agit de récupérer la graisse aspirée sur un endroit du corps pour la réinjecter dans un autre endroit qui a besoin de volume. C’est le cas de l’augmentation des fesses, celle des seins ou des mollets qui se font actuellement de façon efficace et durable par le lipofileing et c’est plutôt bien toléré. Le lipofileing est également merveilleux pour rafraîchir et rajeunir un visage, des mains fripées ou pour traiter des séquelles traumatiques, les séquelles de la poliomyélite et certaines malformations atrophiantes de la face. La deuxième technique est basée sur le plasma. Riche en plaquettes (PRP), le plasma est également efficace pour la chute des cheveux. Elle peut stimuler la repousse des cheveux tombés auparavant. Enfin, l’utilisation du plasma humain et des cellules souches ouvre une nouvelle ère, celle de la thérapie cellulaire, mais on n’en est encore qu’au début de ce procédé.
 
Justement, quels sont les critères de beauté des Marocains ?

Si l’on parle des critères de beauté au Maroc je pense que l’on peut distinguer deux groupes de population. Une partie est largement influencée par la mode occidentale, elle a recours à des opérations comme la lipoaspiration pour affiner la silhouette, les liftings ou les prothèses d’augmentation mammaire. Une seconde partie de la population restée fidèle aux critères locaux et ou aux critères de la beauté et de la sensualité dans le monde arabe et qui recherche des formes généreuses et des contours bien marqués. Ce type de patients aura souvent recours à des opérations telles que le lipofiling pour augmenter les fesses, les seins, les mollets ou le visage avec sa propre graisse.
 
Quelles sont les interventions les plus réalisées au Maroc ?

Au Maroc la demande est assez comparable à l’Europe, mais avec des particularités : par ordre de fréquence, la lipoaspiration reste en tête. Il faut dire qu’il s’agit de l’opération la plus pratiquée dans le monde entier, pas seulement en chirurgie esthétique, mais au niveau de toutes les spécialités médicales confondues et ce essentiellement pour trois raisons : il s’agit d’une opération simple, sans chirurgie, sans cicatrice, de plus la graisse que l’on aspire ne récidive pas. Juste après la lipoaspiration, on peut signaler la plastie abdominale, qui est devenue une spécifié marocaine, car cette opération relativement peu fréquente en Europe est très usitée au Maroc certainement en rapport avec les grossesses répétées. Ensuite on peut citer les rhinoplasties, les augmentations mammaires, les liftings et les réductions mammaires, la greffe de cheveux chez l’homme et les oreilles décollées chez les enfants.
 
Le souci de l’apparence chez les Marocains se constate-t-il aussi bien chez les hommes que chez les femmes ?

Les hommes autant que les femmes au Maroc sont intéressés et concernés par la chirurgie esthétique, quoique de façon un peu différente. Au niveau de la fréquence, on compte un homme pour trois femmes. Autrement dit, il existe une proportion de 25 à 30% d’hommes qui recours à la chirurgie esthétique, contre 70% de femmes, ce qui n’est pas mal. Les hommes comme les femmes vivent désormais plus longtemps. Grâce aux progrès de la médecine en général, la durée de vie est prolongée, l’âge de la retraite sera donc de plus en plus repoussé, les gens travailleront plus longtemps, ils auront besoin de plus en plus longtemps de leur apparence et de leur paraître. D’autant plus s’il s’agit de personnages publics, médiatisés, du monde de la politique ou de l’art. Ils auront recours de plus en plus à la chirurgie esthétique, notamment les techniques de rajeunissement. Les hommes sont généralement plus discrets et plus rapides que les femmes dans leur démarche. En général, l’homme vient seul et décide de passer rapidement à l’acte, alors que les femmes sont souvent accompagnées par des amies, leur maman ou leur cousine et ont besoin de l’aval du mari ou des membres de la famille avant de le faire.
 
Quelle est en chiffres la proportion de Marocains qui recourt chaque année aux interventions chirurgicales ?

Les opérations de chirurgie esthétique se comptent par milliers au Maroc. On en compte près de 20 mille par an pour cinquante spécialités, et réparties sur l’ensemble du territoire national, essentiellement autour de Rabat et de Casablanca.

À votre avis, est-il tabou au Maroc de dire que l’on a eu recours à la chirurgie plastique ?

Le rapport qu’ont les gens à la chirurgie esthétique est variable. Certaines patientes cachent le fait qu’elles aient eu recours à la chirurgie esthétique tandis que d’autres, bien au contraire, ne considèrent pas cela tabou et pourraient même se vanter d’avoir eu recours à la chirurgie esthétique. Chez certaines personnes, il s’agit d’un signe de progrès, de modernité. C’est la marque de quelqu’un qui est bien dans son temps et qui profite des progrès de la médecine et de la science.
 
En tant que chirurgien plasticien, pensez-vous que les Marocains sont bien dans leur peau ?

Le profil psychologique des patients est le même au Maroc comme ailleurs, car contrairement à ce que l’on pourrait croire la chirurgie esthétique concerne toutes les couches socio-économiques. Les Marocaines comme les femmes arabo-musulmanes ont toujours été très intéressées par la chirurgie esthétique et depuis longtemps car l’islam encourage la femme à se faire belle par tous les moyens afin de préserver l’unité du foyer familial. Quant au Maroc, sachez que la première clinique au monde spécialisée en chirurgie esthétique a existé dans notre pays durant les années 50.
 
Combien coûte une intervention en chirurgie esthétique au Maroc ?

Sachez que la chirurgie esthétique a la fausse réputation d’être chère alors que ses opérations ne le sont pas plus que des opérations comparables dans d’autres spécialités. D’autre part, les chirurgiens marocains adaptent bien les prix au pouvoir d’achat des Marocains et rendent la chirurgie esthétique à la portée de tout le monde. Les prix de la chirurgie esthétique au Maroc sont deux fois moins chers que les prix pratiqués en France ou en Europe. Preuve en est le développement du tourisme esthétique au Maroc et l’affluence croissante des étrangers qui nous viennent d’Europe mais aussi d’Afrique et d’Orient.

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