SociétéUne

Programme «Hammams durables» : Le coût de la rénovation des bains maures varie entre 200.000 et 1 million DH

© D.R

Le projet «Hammams durables» vise essentiellement à réduire les consommations de bois et d’eau des hammams, les fumées nocives pour les travailleurs et les riverains et les émissions de gaz à effet de serre. Il ambitionne également de garantir la pérennité des hammams et leur accessibilité économique pour la population.

Au cœur de la vie sociale, le hammam est fréquenté régulièrement par 95 % de la population marocaine dont de nombreuses familles pour leur hygiène quotidienne. Il constitue un lieu de rencontres privilégié et un espace social public pour les femmes comme pour les hommes. Ainsi, dans un contexte de changement climatique et de pression sur la forêt, la raréfaction et l’augmentation du coût de ces ressources mettent en cause la pérennité des hammams dont le prix d’accès croît considérablement et entraîne parfois leur fermeture. Afin de pérenniser cette institution traditionnelle et les services de base dispensés aux populations, l’Association énergie, solidarité et environnement (Ensen) et son principal partenaire Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarités (Geres) proposent d’accompagner les propriétaires des hammams dans la modernisation énergétique du secteur.

Le projet «hammams durables» vise essentiellement à réduire les consommations de bois et d’eau des hammams, les fumées nocives pour les travailleurs et les riverains et les émissions de gaz à effet de serre. Il ambitionne également de garantir la pérennité des hammams et leur accessibilité économique pour la population. Dans ce but, le projet propose la modernisation énergétique et le suivi technique de 10 hammams, un conseil en rénovation énergétique auprès de 40 hammams supplémentaires et un appui à l’émergence dans le secteur privé d’une offre locale de services et de technologies répondant au besoin de modernisation des hammams.

Les domaines d’intervention sont l’approvisionnement et le conditionnement du combustible, la production, la distribution et la gestion de l’eau chaude sanitaire et de la chaleur. «On récupère le hammam de son propriétaire et on fait un diagnostic de cas par cas et on travaille sur la rénovation de ce hammam et le coût peut aller de 200 mille à 1 million DH», a souligné à ALM Dénia El Haddaoui, directrice de l’Ensen. Indiquant que l’association poursuit sa mission pour généraliser ce concept sur tout le Maroc car la modernisation énergétique des hammams traditionnels dans notre pays demeure une nécessité environnementale et économique impérieuse étant donné qu’il s’agit d’une filière polluante et l’un des plus gros consommateurs de bois-énérgie et d’eau dans un contexte marqué par la raréfaction de ces ressources et l’augmentation de leur prix.

Des attentes ambitieuses

La réalisation des 40 projets de démonstration et des 160 projets de réplication estimés permettra une économie totale de bois sur une période de 15 ans de 191.250 tonnes, contribuant à réduire la pression qui pèse sur les forêts marocaines. La réduction de la facture énergétique des hammams correspondant à cette économie de bois est de près de 122 millions de dirhams. Des économies sont également réalisées sur les consommations d’eau, économies favorables aux exploitants des hammams mais aussi aux régies et agences de bassin.

L’aide à l’émergence d’un marché d’équipements et de services performants stimulera également l’économie liée au secteur des hammams et plus particulièrement les fournisseurs, installateurs et bureaux d’étude. En favorisant la viabilité des hammams et la pérennité du secteur, le programme contribuera à préserver les fonctions sociales très importantes qu’ils jouent dans la société marocaine en tant que lieu de rencontre (notamment pour les femmes), d’hygiène, de passage avant de nombreux rituels religieux ou civils.

Ce programme permettra également de générer des améliorations au niveau sanitaire en contribuant à réduire la pollution atmosphérique, aspect particulièrement important dans une ville très polluée comme Casablanca.
Il améliorera de manière directe l’environnement proche des hammams qui subit souvent ses fumées polluantes. Les conditions sanitaires de travail et de vie des «fornatchis» seront nettement améliorées par l’amélioration des installations techniques. Le programme, plus largement, aura pour effet d’impliquer les gestionnaires des hammams dans la préservation de l’environnement et la recherche de l’efficacité.

Des solutions durables

Sur le plan technologique, le programme favorise l’introduction de solutions et de pratiques exemplaires et innovantes. En complément de l’approche classique dans le secteur des hammams qui prône le recours à des technologies appropriées, le programme introduit une approche de marché basée sur les standards de technologie internationaux, orientée vers l’avenir.

En termes de méthodologie de calcul des économies réalisées, l’approche des économies forfaitaires (tep Cumac) est innovante au Maroc et exemplaire dans la mesure où elle évite le recours systématique aux audits énergétiques, difficiles à réaliser dans certains secteurs.
Le fonds de roulement est un outil financier qui permet de pallier de manière innovante les barrières économiques et financières du secteur et qui doit préfigurer un outil pérenne de financement de la modernisation de tout le secteur. Le recours à ce type d’offre de financement pour des solutions performantes plutôt que le cantonnement à des solutions moins performantes finançables par les propriétaires moyennant une subvention doit permettre d’introduire la culture de l’investissement, très peu présente dans le secteur des hammams. Le fonctionnement partiel du fonds sur un modèle d’ESCO avec remboursement sur la base des économies d’énergie réalisées est une première dans le secteur et un des premiers modèles du genre testé au Maroc. Enfin, le projet contribue à faire évoluer les mentalités vers une gestion plus rationnelle et professionnelle.

Articles similaires

CouvertureSociétéUne

Le Maroc «soigne» les déserts médicaux par la Télémédecine

Le Souverain lance la 2ème phase du programme des Unités médicales mobiles...

EditorialUne

Courant continu

Un nouveau round du dialogue social vient de démarrer conformément aux engagements...

ActualitéUne

La CNSS met en garde contre des risques de fraude guettant ses assurés

La Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) a mis en garde, mercredi,...

ActualitéUne

Dialogue social: interaction « très positive » du gouvernement avec les revendications de la classe ouvrière, selon l’UGTM

L’Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM) a salué, mercredi à Rabat,...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux