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Quand l’amour devient obsessionnel

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Si certaines personnes sont addicts à l’alcool, la drogue ou à d’autre paradis artificiel, d’autres le sont au sexe. Comportements sexuels compulsifs, idées obsédantes, masturbation excessive tels sont les caractéristiques des dépendants sexuels. Pour ces personnes, le sexe constitue une manière de soulager leur angoisse et de faire face aux tensions. Autrement dit, le comportement sexuel devient le principal mécanisme de défense face au stress. «Un dépendant sexuel est une personne qui est en quête permanente de plaisir sexuel», explique le sexologue Mustapha Rassi.
En psychiatrie clinique, on parle de dépendance lorsqu’une personne aliène sa liberté et organise son existence autour d’un produit ou d’un comportement. Selon le Dr Rassi, plusieurs signes cliniques doivent être présents pour pouvoir parler de dépendance sexuelle. «Il faut tout d’abord qu’il y ait un besoin pathologique de passer à l’acte. Le dépendant sexuel est une personne qui a besoin de contrôler le partenaire. Dans son comportement, on relève une répétition boulimique c’est-à-dire qu’après un rapport sexuel, il éprouve à nouveau le besoin d’avoir un autre rapport. C’est une personne qui ne peut pas se retenir», souligne-t-il. Et d’ajouter : «le dépendant sexuel n’a pas d’affection envers son partenaire qui est considéré comme un simple objet sexuel. Ce qui compte pour lui c’est de l’utiliser pour soulager une souffrance, une anxiété ou une situation de stress. Ce sont des personnes qui sont constamment à la recherche de sécurité, ils ont besoin de se sentir protégées». Selon le Dr Rassi, la dépendance sexuelle concerne davantage les hommes que la gent féminine. «Chez les femmes, l’addiction affective ou la drague compulsive est beaucoup plus fréquente que l’addiction sexuelle», note t-il.
Une personne dépendante sexuelle passe la majorité de son temps à la recherche de l’assouvissement de ses fantasmes ou de ses comportements sexuels. «Certains ont besoin de faire l’amour 3 fois par jour. Un addict sexuel peut avoir jusqu’à 21 rapports par semaine», précise Dr Rassi. Contrairement aux hommes et aux femmes qui trouvent dans leurs rapports sexuels un certain épanouissement, les victimes de dépendance sexuelle ont un rapport douloureux avec leur sexualité et ne sont jamais satisfaits. «Le passage à l’acte sexuel constitue normalement un moment agréable, de bien être, qui apporte une certaine assurance. Ce qui est loin d’être le cas pour les personnes accro au sexe. La durée de satisfaction est très courte chez ces personnes», affirme Dr Rassi. Comme dans la plupart des dépendances, l’appétit sexuel est progressif. Les dépendants sexuels ont besoin de plus de sexe, «de meilleur sexe», ou même de sexe plus varié. Ils sont engagés dans un engrenage dont ils ne peuvent plus sortir. Et leurs comportements ne sont pas sans conséquences: négligence du partenaire, divorce, perte d’emploi, dépression, voire même suicide.
Quant au traitement, celui-ci repose sur la prise d’antidépresseurs et la thérapie comportementale. Celle-ci permet de lutter contre l’angoisse associée à l’addiction. La psychothérapie demeure un atout essentiel puisqu’elle permet non seulement à long terme, de mettre fin au comportement addictif, mais de mieux comprendre l’origine de cette souffrance. Comme pour toute addiction, le traitement doit passer par une acceptation du problème par le patient. « La guérison demande du temps et un effort important de la part du patient. Le patient doit accepter son trouble. Le thérapeute doit le mettre en confiance et l’aider à se déculpabiliser», conclut-il.

Comment reconnaître et combattre la dépendance au sexe

• Une personne dépendante au sexe va en permanence parler de ses exploits.
• Cette personne ne changera jamais sa routine même si elle change de partenaire.
• La dépendance au sexe peut être accompagnée d’une dépendance à la drogue ou à l’alcool.
• Évaluez le nombre de partenaires sexuels, s’il est supérieur à 1 ou 2 par mois, il y a probablement une dépendance au sexe.
• Comme toute dépendance, la dépendance au sexe est destructive. Il est nécessaire d’en parler sans avoir honte. Le mieux est de s’adresser à un proche qui ne portera aucun jugement.
• Si cette dépendance a des conséquences importantes sur la vie quotidienne et le rapport aux proches, alors un psychologue peut s’avérer nécessaire.
• Les rapports sexuels doivent être protégés.
• Il faut être à l’écoute de la personne dépendante pour comprendre ses mécanismes et lui permettre de les éviter.

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