Société

Redal : Le projet de la discorde

© D.R

Sous un soleil de plomb, pas moins de 500 personnes se sont réunies, dimanche matin à Rabat, pour manifester leur colère et leur refus catégorique contre la construction d’une station d’épuration juste à proximité des quartiers sud du sud-est de Rabat, parmi les plus peuplés de la capitale.
Réunis en un collectif de 14 associations de quartiers, les habitants de Hay El Fath, Hay El Menzah, la Corniche, Al Mountalak, Al Mountazah et autres quartiers avoisinants se sont donné rendez-vous devant le site où Redal, le gestionnaire délégué, compte construire une station d’épuration des eaux usées de la ville.
En fait, « nous ne pouvons que soutenir la construction d’une unité d’assainissement, mais celle-ci doit être située, comme l’exige la loi, loin des habitations », soulignent les mécontents.
Ce qui pose véritablement problème c’est que ces derniers ont constaté que Redal n’avait pas l’intention de construire une simple station de traitement des eaux usées, mais une véritable station d’épuration à quelques mètres seulement des habitations. « La différence est immense entre ces deux unités », assurent les habitants. Ils estiment que la station d’épuration est « une usine de dépollution des eaux et de surcroît en plein air ». Ils en veulent pour preuve la superficie du site: 19 ha. Pour le président du collectif des associations, Mohamed Moucharik, « il est certain que la station d’épuration va occasionner plusieurs préjudices pour les habitants notamment sur leur santé (maladies respiratoires, allergies…) ainsi que par la prolifération des insectes, sans compter les nuisances sonores et olfactives que ce type de projet génère inéluctablement ».
Par ailleurs, et sur un plan purement juridique, la loi 12/03, dans son article 9, prescrit la réalisation des études d’impact avant l’exécution des projets de station d’épuration et l’obligation de faire participer les habitants et de prendre en considération leur avis et propositions dans toutes les étapes de l’étude. Force est de constater qu’à aucun moment les riverains n’ont été contactés, ni par Redal, ni par les autorités locales.
Le même texte de loi précité impose au ministère de l’Environnement d’octroyer, après étude du projet, une « décision d’acceptabilité environnementale », souligne Rachid Belkhou, ingénieur et membre actif du collectif des associations des quartiers. Sur ce point, notons que le secrétariat d’Etat chargé de l’environnement n’a toujours pas donné cette décision.
Les habitants estiment que le manque de réaction de la part de Redal est « une preuve supplémentaire que le projet est un véritable danger pour les habitants ». Pour sa part, Redal a rendu public un communiqué dans lequel elle assure que « le projet » (sans préciser s’il s’agit de traitement ou d’épuration) « permettra de protéger l’environnement, de disposer de plages propres, de revaloriser la façade côtière et la vallée de l’Oued Bouregreg, de préserver l’hygiène publique, d’embellir la façade maritime et d’améliorer le cadre de vie des populations ». Redal assure qu’un nombre important de mesures sera pris pour éviter toute nuisance. En outre, implicitement, Redal jette la balle dans le camp des élus. La société estime que le choix du site a été effectué, non pas par la Redal elle-même, mais « sur la base des études approfondies du schéma directeur d’assainissement liquide, dans le cadre des procédures de validation dudit schéma directeur ». En clair, ce sont les élus et les autorités (wilaya et ministère de l’Intérieur) qui devraient en assumer la responsabilité. Des considérations politiques que les habitants rejettent totalement.

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