Société

Reportage, tragédie de Bourgogne: Plus aucune victime sous les décombres

© D.R

Lundi 14 juillet. 72 heures après le drame de Bourgogne, la foule est toujours sur place à attendre une nouvelle rassurante des proches sous les décombres. Or le dernier espoir s’est éteint aux premières heures du jour. A 5h 25 minutes, le dernier corps a été exhumé effaçant ainsi toutes les aspirations à trouver des survivants sous les gravats.

Il s’agit, selon les témoins, du propriétaire de l’un des 3 immeubles effondrés. Un octogénaire qui vient élever le nombre de victimes à 23 morts. Ce chiffre a été annoncé, dimanche soir, dans la presse. Il ne s’agissait pas de spéculations mais du dernier porté disparu du sinistre du boulevard Mehdi Benbarka dont le décès a été confirmé une dizaine d’heures après. Le bilan de la tragédie se dresse comme suit: 23 morts, 54 blessés (hospitalisés), dont 39 ont d’ores et déjà rejoint leurs familles. Aux dernières nouvelles, les opérations de recherches devaient s’achever dans la journée du lundi. Selon la protection civile, il n’y a plus de victimes sous les décombres.
L’ambiance est triste.

L’odeur de la mort se fait sentir dans les lieux. Bourgogne, le quartier emblématique de la métropole est endeuillé. Les familles continuent de pleurer leurs morts. A l’heure où nous mettions sous presse, la prière funéraire (Salat Al Janaza) a été accomplie pas loin du lieu du drame pour le repos de l’âme de quelques disparus, dont l’actrice Amal Maarouf et sa mère qui devaient être enterrées au cimetière Errahma.

Au moment où cert ains participent aux funérailles, d’autres sont venus contempler les ruines de leurs demeures. Des regards figés, planant entre un passé paisible et un avenir incertain. Des yeux et esprits qui sont en quête d’un dernier souvenir de toute une vie. D’un dernier repère qui pourrait les lier à ce tas de gravats autrefois désigné en tant que nid d’amour et de convivialité.
C’est le cas d’une dame, toujours sous le choc, qui refuse de nous révéler son identité, mais qui nous a assuré être venue de Sidi Bernoussi (là où elle a été relogée sous instructions royales en compagnie de 22 autres familles) pour récupérer un papier administratif, un vêtement ou un décor des débris. Une misère partagée avec d’autres familles voisines qui ne fredonnent qu’un seul et unique mot «Al Hamdoulilah» pour apaiser la calamité.

A l’autre bout du trottoir, une dizaine de personnes sont en attente. Il s’agit des familles résidentes dans les immeubles mitoyens. Selon les autorités, leurs bâtisses présenteraient un risque imminent, ce qui a nécessité une évacuation d’urgence de 15 familles, et ce par mesure de sécurité.

L’état délabré des immeubles ne semble pas autant préoccuper les habitants. Leur seul souci est de regagner leur maison et y vivre sans se trouver livré à l’incertitude.

«Depuis l’incident, nous nous sommes retrouvés sans abri. Les autorités nous ont évacués d’urgence sans nous reloger. Heureusement, nos familles et amis se sont montrés solidaires et nous ont hébergés. Les quelques familles évacuées prises en charge par les autorités ont été logées dans un hôtel insalubre», explique une des habitantes ayant passé plus de 30 ans dans le quartier.

Un autre voisin l’interromp pour nous faire part de ses tourments: «Les familles qui ont été évacuées sont dans leur ensemble des propriétaires. Ils veulent démolir nos maisons sous prétexte qu’elles menacent ruine, mais ils ne se sont pas posé de questions par rapport à notre avenir. Où va-t-on partir ? Vont-ils nous indemniser ? Sera-t-il facile pour nous de tout laisser tomber et voir toute notre vie s’écrouler comme un château de cartes ?».

Toutes ces interrogations ont été rapportées à la cellule de suivi constituée ad hoc pour mener à bien les opérations de sauvetage. Intervenant dans ce sens, Mustapha El Qawassim, chef de la cellule de communication à la préfecture de l’arrondissement Casa-Anfa, indique que «les familles évacuées ont été réparties provisoirement entre l’héberge «Idéal» qui est un complexe sportif intégré et un hôtel 3 étoiles de la ville, et ce dans l’attente du résultat de l’enquête d’expertise effectuée au niveau de leurs maisons». M. El Qawassim nous a, par ailleurs, confié qu’aucune famille n’est livrée à son sort. Répondant à ceux qui n’ont pas été jusque-là relogés: Ceci n’est pas par manque d’égard mais par respect à leur propre choix à vouloir s’installer chez des proches.

Les cellules de travail sont orchestrées. Entre commission technique, sûreté nationale et protection civile, les concertations sont bien menées. Les dernières enquêtes suivent leur cours au moment où les rescapés s’apprêtent à quitter leurs lits d’hôpital.

Un chantier supervisé par le wali de la région, Khalid Safir, qui ne manque pas de faire un saut au site du drame pour s’enquérir des dernières nouvelles.

Reportage photos de Chafik Arich
 

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