Société

Rupture de contrat

Marrakech. Lundi 25 mars 2002. Un jour printanier. Les éléments de la police du troisième arrondissement viennent de commencer leur travail. A 09h30, un homme, la quarantaine, svelte, cheveux blonds coiffés en chignon, entre dans le bureau du chef. Il est sur ses nerfs. «Oui ? que voulez-vous ?» lui demande le chef. «Déposer plainte contre un jeune homme qui m’a volé 13.000 dirhams» répond le quadragénaire. Le chef donne des instructions à ses éléments pour recueillir les déclarations du plaignant et entamer les investigations. Son adjoint s’assoit devant la machine à écrire et commence le travail. Le quadragénaire s’assoit devant lui et commence son récit: «Je m’appelle Michel…Je suis Français et je viens au Maroc de temps en temps pour faire du tourisme…Avant-hier, samedi, vers vingt heures, j’ai rencontré un jeune qui s’appelle Mustapha à Jemâa El Fna…Il a un visage rond, les cheveux noirs coupés court, les yeux noisette et les sourcils, si je me rappelle, arqués…Non je ne suis pas sûr…Il portait un blue-jeans bleu et une chemise grise…Il m’a dit qu’il fréquentait souvent le quartier Guéliz…On a pris ensemble des boissons gazeuses dans un café situé près de Bank Al Maghrib…Je lui ai demandé s’il pouvait m’accompagner à Guelmime pour acheter des tapis… Il a accepté…On a fixé rendez-vous pour dimanche au quartier Guéliz, juste à côté de la CTM…On attendait l’arrivée du car quand je me suis rendu aux toilettes, laissant ma valise aux côtés de Mustapha…A mon retour, il avait disparu…J’ai fouillé ma valise et j’ai découvert la disparition d’une somme d’argent de plus de 13.000 dirhams…». Le policier tend le procès-verbal à Michel pour le signer. «Soyez tranquille, on va l’arrêter tôt ou tard», lui rassure le policier avant de tourner vers son chef, à qui il relate tous les détails de l’affaire. «On doit arrêter cet énergumène qui porte atteinte à l’image de notre pays» dit le chef à son adjoint. Une surveillance a été effectuée aussitôt par les enquêteurs pour repérer et arrêter Mustapha, dont ils font un portrait-robot. Ce dernier est envoyé à la direction générale qui le diffuse au niveau national avec une note de recherche. Une dizaine de jours sont passés et aucune nouvelle de Mustapha.
Jeudi 16 avril 2002. Un des inspecteurs de police qui mènent une surveillance à la gare de la CTM s’est rendu compte d’un jeune homme qui ressemble au portrait-robot du suspect. Il se présente devant lui, lui demande sa carte d’identité nationale. Le jeune la lui tend sans hésitation. L’inspecteur la regarde et lit : «Mustapha…1978…Sans profession …Quartier Essalam … Sefrou». Il le conduit vers le local de la sûreté provinciale de la police judiciaire de Marrakech.
«Tu es accusé d’avoir volé une somme de 13.000 dirhams au Français Michel…», lui dit l’inspecteur de police. Mustapha baisse la tête et garde le silence. Le policier lui demande de répondre. Mustapha lève les yeux et lui répond : «Oui je lui ai volé son argent, mais c’est lui qui ne voulait pas me payer». «Te payer ? te payer pourquoi ?» lui demande l’enquêteur. Et il reprend sans attendre la réponse : «Tu dois nous relater toute l’histoire…». Mustapha obtempère : «…Je suis né en 1978 à Sefrou, affirme-t-il à l’enquêteur,…J’ai décroché mon baccalauréat en 1999…Je n’ai pas pu poursuivre mes études universitaires…J’ai trouvé un job dans une société de produits de construction à Sefrou qui m’a licencié quelques mois plus tard…J’ai quitté ma ville à destination de Marrakech…Là, j’ai commencé à fréquenter les touristes, surtout les homosexuels…Je ne l’étais pas moi-même, mais les conditions de vie m’ont obligé à les fréquenter pour avoir de quoi vivre et envoyer un peu d’argent à ma famille…». Mustapha se tait quelques secondes avant de reprendre : «…Je les fréquente pour une somme de deux cents dirhams au moins…C’est vrai que j’ai rencontré Michel. Il m’a invité chez un de ses amis, pas loin d’un hypermarché. On a passé la nuit chez lui …Mais j’ai remarqué qu’il ne voulait pas me donner les mille dirhams qu’il m’avait promis…Il m’a demandé de l’accompagner à Guelmime…J’ai fait semblant d’accepter. Cependant quand il est allé aux toilettes, j’ai fouillé dans sa valise pour mettre la main sur 8.000 et non 13.000 dirhams…J’ai quitté l’appartement sans qu’il s’en rende compte …J’ai rendu visite à ma famille à Sefrou pour regagner une fois encore Marrakech…J’ai acheté un collier en or à 900 dirhams et une montre à 750 dirhams et voilà ce qui me reste, 1500 dirhams… ».
Mustapha a signé son PV et a été mis entre les mains de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Marrakech. Il a été condamné à un an de prison ferme.

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