Société

Saâd Alami : « le PJD est un parti clientéliste »

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ALM : Quel commentaire faites-vous de la dernière crise entre le gouvernement et le PJD à propos des questions écrites ?
Mohamed Saâd Alami : Je crois que les choses sont assez simples. Dans la culture démocratique, les questions adressées au gouvernement sont l’un des mécanismes les plus utilisés pour le contrôle de l’action gouvernementale de manière générale. Sauf que le phénomène auquel vous faites référence a commencé à prendre beaucoup d’ampleur et il était du devoir du gouvernement d’y attirer l’attention. Cette pratique est celle essentiellement de quelques députés du PJD qui ont commencé à user de ce mécanisme pour en faire plutôt un moyen d’intervention et d’intermédiation pour obtenir des privilèges pour le compte de particuliers. C’est peut-être dû à des campagnes électorales avant terme.
Au gouvernement, nous avons rappelé que ce genre de demandes, présentées sous forme de questions écrites, dépasse le cadre de ces dernières et qu’il fallait appeler les choses en leur nom. Quand un député a une plainte, une requête ou une demande d’intervention, il n’a qu’à s’adresser au ministre concerné comme cela a toujours été le cas depuis longtemps. Quant à recourir à un mécanisme défini par la Constitution pour dévier les questions écrites de leur contexte normal, cela relève de quelque chose qui s’appelle le clientélisme politique. Cela ne veut nullement dire, comme le prétend le parti en question, que le gouvernement ne prête aucune attention aux problèmes des citoyens et qu’il s’emploie toujours à les esquiver.

L’Istiqlal est passé par un nombre de crises dont l’affaire de l’UGTM. Est-ce qu’on peut dire que votre parti a dépassé cette crise ?
Il est normal qu’un parti passe par des moments de crise. Je peux même dire que c’est la preuve que ce parti est vivant et qu’il évolue. Quels que soient les problèmes, le plus important est la manière dont ils sont traités et la capacité de les surmonter. Je crois que le parti de l’Istiqlal dispose encore de cette capacité. Je crois que c’était le cas pour le problème de l’UGTM, même s’il s’agissait d’un organisme indépendant du parti. Le problème provenait du fait que la majorité des militants de ce syndicat sont en même temps membres de l’Istiqlal, mais l’essentiel est que la crise est maintenant dépassée.

Qu’en est-il alors du prochain congrès national vu les rumeurs sur son report ?
En ce qui concerne le congrès, c’est un sujet qui n’a pas encore été tranché pour la simple raison qu’on est encore loin de l’échéance fixée par les règlements du parti qui stipulent que ce congrès se tient tous les quatre ans et on est encore loin de cette date. Selon les mêmes statuts, c’est le dernier conseil national du parti qui tranche cette question et ce dernier doit se tenir en octobre prochain. Toutefois, il est vrai que les avis divergent sur la date à retenir pour que cela ne gêne pas les préparatifs de l’Istiqlal pour les élections de 2007. Il y a une partie qui est pour la tenue de ce congrès à sa date normale (mars 2007). Il y en a une autre qui est pour le report de ce congrès après les élections et il y en a même une autre qui est pour l’avancement de la date du congrès de deux ou trois mois. Toutes ces options sont soumises à un débat au sein du parti.

Vous étiez passés aussi par une série de crises avec l’USFP, votre principal partenaire au sein de la Koutla. Peut-on dire que cette page aussi est tournée ?
Je crois que c’est le cas effectivement. Il y avait des divergences de vue à plusieurs occasions depuis la mise en place de l’alternance consensuelle. Nous considérons que ces crises relèvent du passé après que nous ayons fait une évaluation commune qui est partie sur les bases d’une autocritique que chacun des deux partis a initiée. C’est suite à cela que nous avons décidé d’initier une nouvelle coopération sur des bases plus transparentes. L’essentiel est que nous considérons que les objectifs qui ont fondé la Koutla sont toujours à l’ordre du jour et qu’il est toujours nécessaire d’aller de l’avant dans notre action commune. Nous considérons qu’on est en présence d’un grand projet et de nobles objectifs qui nécessitent la mobilisation de tous les démocrates.

Il est encore question de réformes constitutionnelles. Que préconise votre parti pour la deuxième Chambre par exemple ?
Au sein de la Koutla, nous sommes pour la révision de la composition et des compétences de cette chambre de manière à ce qu’elle puisse s’acquitter des mêmes missions dévolues à des institutions similaires dans les pays qui ont opté pour le bicaméralisme. Il est possible qu’elle abrite toujours les représentants des communes locales, des provinces ou des régions, mais la place des représentants des Chambres professionnelles et des syndicats est au sein du Conseil économique et social, autre institution constitutionnelle.  La deuxième chambre participe à la législation et au contrôle de l’action gouvernementale, mais elle ne doit pas pouvoir voter de motion de défiance contre le gouvernement. Il faut aussi qu’on arrête d’avoir cette impression qu’au Maroc, on a deux parlements au lieu de deux chambres complémentaires. Du reste, la Constitution, loi suprême certes, est évolutive pour pouvoir accompagner le changement. Les amendements de 1992 et 1996 ont apporté des changements importants et profonds. Je ne crois pas que cela relève de quelque surenchère électoraliste puisque toutes les réformes doivent se faire dans le cadre du consensus avec les différents partenaires politiques et surtout avec l’accord de Sa Majesté le Roi.

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