L’ex-Premier ministre algérien, Abdelhamid Brahimi, rompt de nouveau le silence pour s’exprimer sur le conflit du Sahara. Lui qui a assumé les missions de Premier ministre entre 1984 et 1988, a estimé lors d’une émission de la chaîne de télévision privée "Al Hiwar" (diffusée vendredi dernier) que l’option de l’autonomie demeure "la meilleure solution" pour résoudre ce conflit qui n’a que trop duré.
Abdelhamid Brahimi, dont le franc parler dérange le pouvoir d’Alger, a toujours estimé que ce conflit, qui dure depuis plus de trois décennies, retarde l’émergence de l’UMA (Union du Maghreb Arabe) au moment où la tendance est aux regroupements et à l’intégration économique dans le monde entier. La position de l’ex-Premier ministre algérien quant au conflit du Sahara est connue depuis longtemps. Abdelhamid Brahimi la clame d’ailleurs haut et fort quitte à se mettre à dos les responsables politiques actuels et la presse algérienne. En janvier 2003, il avait défrayé la chronique en s’attaquant directement à l’institution militaire algérienne et notamment aux hauts gradés qui font le froid et le beau temps et en Algérie. Dans un entretien accordé à l’époque à un quotidien marocain, il avait affirmé que le conflit a été monté de toutes pièces par les généraux algériens qui ne voulaient aucunement qu’aboutisse le projet de l’UMA. Les déclarations de Abdelhamid Brahimi intervenaient la veille de la tenue de la "conférence européenne" de soutien au Polisario à Vitoria (Pays Basque). Cette conférence, malgré les tentatives des amis de Mohamed Abdelaziz, a "dérapé" pour devenir une occasion pour critiquer la hiérarchie du Polisario et notamment par les propres membres du mouvement qui contestent l’absence de démocratie et l’excessive longévité "au pouvoir" des principaux dirigeants. Ce que les chefs du Polisario craignaient lors de cette rencontre avait fini par arriver. Le "mot qui fâche" Mohamed Abdelaziz a fini par être évoqué : l’autonomie. Les polisariens ont toutefois trouvé la parade en empêchant toute personne susceptible de s’étaler sur ce sujet de prendre la parole. C’est ainsi que des intellectuels invités par le Polisario avaient été "déprogrammés". Pour ne rien arranger, le Polisario a empêché les membres de la jeunesse d’un parti canarien (Parti indépendantiste de Lanzarote) d’assister aux travaux de la conférence de ses soutiens en Europe. Les jeunes Canariens voulaient évoquer une autre sombre page de l’histoire des mercenaires : le dossier des victimes du terrorisme du Polisario de la fin des années 1970 et des années 1980, soit plusieurs morts sous les balles des séparatistes, pour la plupart des pêcheurs canariens dont les familles demandent aujourd’hui justice.