Société

Santé : les raisons des blocages

© D.R

ALM : Le système de santé dans le milieu rural est presque inexistant. Quelle est la stratégie de votre département pour y remédier ?
Dr. Biadillah : La santé dans le monde rural est un problème très important. La situation s’est améliorée de façon substantielle durant les quatre dernières années. Mais il reste encore tout ce qui est accessibilité financière. Pour y accéder, il faut avoir les moyens. C’est le défi le plus important. Là, l’Etat intervient par l’intermédiaire du certificat d’indigence. Tous les citoyens qui ont un certificat d’indigence peuvent se soigner gratuitement. Le deuxième défi est l’accessibilité physique. L’éloignement des formations sanitaires des habitants. Le problème qui s’impose aujourd’hui est d’avoir des dispensaires « modèles » avec des modules d’accouchement et des salles de consultation, plus proches des ruraux. C’est un défi qui dépend d’une part de la formation des ressources humaines, notamment le paramédical et d’autre part de l’ouverture de postes budgétaires. Donc on revient au même problème de financement du système de santé.
La question du financement influence-t-elle également la recherche médicale ?
La recherche médicale, est ce qu’elle est au Maroc. Nous avons une dizaine de sociétés savantes qui effectuent d’excellentes recherches dans les différents domaines. Elles sont connues sur le plan international. Et la valeur des chercheurs est également connue sur le plan international. Ils produisent beaucoup d’articles de plus haut niveau qui sont publiés dans les plus grandes revues du monde. Mais le problème de la coordination entre ces sociétés ne donne pas de fruits sur le plan pratique. Il y a de la recherche avec les grands laboratoires sur tous les produits nouveaux. Ils sont connus et essayés au Maroc. Mais pour que l’économie marocaine en bénéficie, c’est un autre défi.
Est-ce que cette recherche n’est pas sous la coupe des laboratoires?
La recherche n’est pas influencée par les laboratoires. La recherche au Maroc s’effectue de la même manière qu’à l’extérieur dans les mêmes conditions. Quand les laboratoires par exemple produisent une nouvelle molécule, l’expérimentent, passent tous les stades de la procédure, la méthode se fait de la même façon qu’aux Etats-Unis, la France, la Russie, l’Algérie et d’autres pays. La recherche n’est pas influencée par les laboratoires. Quand cette recherche concerne les statistiques, par exemple la prévalence d’un signe, d’une maladie, elle se fait sur des dossiers précis que les étudiants, les internes, les externes ont travaillé. Elle se fait sur des modèles internationalement connus.
Comment s’effectue le dépistage de l’hépatite C ?
Concernant le problème des hépatites, notamment l’hépatite virale C, le traitement est compliqué et coûte extrêmement cher. Le ministère de la Santé a signé, il y a trois ans une convention avec un seul laboratoire pour faire le dépistage de l’hépatite C gratuitement, mais avec le consensus des laboratoires privés. Ainsi la ribavirine est livrée gracieusement aux patients.
On donne gratuitement la Ribavirine alors qu’on fait payer l’Interféron, qui est très cher. Comment expliquez-vous cette formule ?
La Ribavirine coûte également cher. Comparativement avec l’Interféron, je n’ai pas les prix avec précision. C’est un choix. Nous n’avons pas les moyens de faire le dépistage de façon systématique à tous les citoyens. La convention que le ministère a signée vise l’intérêt du malade et toutes les précautions sont prises en compte lors du dépistage. On peut généraliser la formule avec d’autres laboratoires. Mais, c’est un essai et nous sommes en train de voir comment la formule pourrait servir les malades.
A propos d’une autre maladie chronique, l’insuffisance rénale ?
Le problème de l’insuffisance rénale chronique est un problème d’une importance capitale. La stratégie est de combiner toutes les méthodes qui permettent de prendre en charge le malade. Nous avons la transplantation rénale. Nous avons un Conseil national de transplantation d’organe. Nous avons déjà au moins une centaine de reins transplantés. La deuxième formule est la dialyse. La troisième technique sera l’hémodialyse. Celle-ci coûte très cher et demande des centres bien équipés et surtout des néphrologues. Nous avons environ 125 spécialistes.
L’Institut pasteur vient de tenir son conseil d’administration. Pourquoi cet Institut n’a pas tenu de CA pendant 4 ans et qu’est-ce qui a été décidé ?
Pour le passé, je ne sais rien. Mais pour l’avenir cette réunion est d’une importance capitale pour connaître d’abord la situation de l’institut de façon précise et prendre les décisions qui s’imposent par le conseil de l’administration et dans le cadre de la loi. Ceci permettra à l’institut de jouer pleinement son rôle, remplir les fonctions de Pasteur. Parce que Pasteur ce n’est pas uniquement l’Institut, mais c’est une culture, c’est la recherche, c’est un réseau international.

Articles similaires

SociétéUne

50 villages touchés connectés désormais grâce à Intelcia et l’Apebi

Le programme Smart Douar soutenu par le sponsor officiel 2024 Intelcia a...

SociétéUne

Epreuves du permis de conduire : Les précisions de la Narsa

Durant les deux premiers jours de la mise en vigueur de la...

Société

Tarfaya : Intensification des opérations de contrôle des prix et de la qualité des produits

La commission provinciale mixte de contrôle des prix et de la qualité...

RégionsSociété

A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau : La gestion rationnelle de l’or bleu en débat à Béni Mellal

Sous le thème «La préservation des ressources en eau est une responsabilité...