Société

Santé : l’hémorragie syndicale

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ALM : Que se passe-t-il exactement au SNSP/FDT ?
Ahmed Essalhi : (un long silence). Pendant treize années, plusieurs syndicalistes sur le plan local, régional et national ont milité pour rien. J’ai eu à remplir de nombreuses responsabilités au SNSP et au conseil national de la FDT, mais en fin de compte j’ai jeté l’éponge. Au syndicat, il y avait un grand écart entre prises de position et concertation. Ceux qui président à la destinée de la FDT n’ont aucun respect pour son conseil national. Avant de signer l’accord avec le gouvernement, ils n’ont pas pris la peine de tenir une réunion avec les différents membres de cette centrale syndicale. Tout s’est passé en douce sans que l’ensemble en soit avisé. Et pourtant, bien avant l’accord, nous avons adressé, le 28 février dernier, des lettres au Bureau central de la FDT et tout un dossier au Bureau national de la santé publique afin qu’il n’y ait pas de mauvaise surprise justement dans l’évolution du dialogue avec le gouvernement. Il n’y a jamais eu d’écho à nos réclamations et en plus, le Bureau national s’est vidé de quatre éléments essentiels partis dans le cadre du départ volontaire. Dès que l’effectif s’est amenuisé au cœur même de la FDT, la gestion a commencé à battre de l’aile et à manquer de transparence. La signature de l’accord dans ces conditions a été le coup de grâce qui a provoqué l’accélération d’une hémorragie installée depuis longtemps.  Et c’est le personnel de la santé, surtout les infirmiers et les agents, qui paie les frais alors qu’il avait observé des centaines de grèves et de sit-in.   

ALM : Que devient le dossier revendicatif du personnel de la santé ?
Il n’y a plus vraiment de dossier revendicatif, mais plutôt des miettes notamment l’appel au gouvernement à ajouter les indemnités des risques professionnels à la retraite. Le personnel du CHU Ibn Rochd a même signé une pétition sur l’état d’avancement des choses en ce moment. Cette pétition dénonce l’application du nouveau décret relatif à la promotion interne. L’ancien décret permettait au personnel de la santé publique d’en bénéficier après quatre années d’ancienneté suite à un examen, alors que le nouveau prolonge la durée de deux ans. Le quota qui était de 25% a reculé pour se limiter à 11%… Conséquence : la santé publique souffre de plus en plus, puisque les nouveaux infirmiers préfèrent exercer dans le privé ou en Europe alors que le Maroc en manque terriblement. L’accord signé avec le gouvernement n’a fait qu’aggraver la situation. Quelques jours, d’ailleurs, après l’accord, le SNSP/FDT a organisé une réunion de la commission administrative à Casablanca. De 95 personnes, seules 25 se sont présentées. A quoi aurait servi de constater les dégâts qu’il fallait plutôt prévenir?

Jusqu’où persistera cette hémorragie syndicale ?
On devra attendre 2009 pour une nouvelle élection. D’ici là, notre syndicat est condamné à la paralysie. A mon avis, le syndicat n’a plus d’utilité dès qu’on cherche ses intérêts personnels et non à défendre les droits de ceux qui nous font confiance.  En 1978, j’étais à la CDT que plusieurs ont quittée en 2003 pour se rallier à la FDT, supposée être un syndicat exemplaire.
Depuis novembre, il n’y a plus de réunion, d’assemblée générale, de grèves. Les cinq centrales syndicales (FDT, CDT, UMT, UNTM et UGTM) n’ont finalement rien apporté de positif au personnel de la santé publique. Il est vrai qu’il y a eu certaines percées au niveau local.
Au CHU Ibn Rochd, le syndicat a pu, par exemple, décrocher le droit à la prime de rendement pour ce qui est du budget général et l’examen professionnel pour le personnel émanant du budget autonome. Sur le plan national, les bureaux locaux suivaient l’évolution de loin, car il n’y avait pas de communication. Les responsables au Bureau national ont trahi la confiance du personnel de la santé. La FDT récolte la moisson en perdant ses adhérents et ses sièges.

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