Société

Se faire belle et bronzer

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Lèvres pulpeuses, poitrine généreuse, taille de guêpe…les femmes veulent de plus en plus ressembler à ces formes idéales exhibées, en boucle, sur diverses chaînes de télévision et les unes des magazines. Remodeler son corps, en fonction de ses besoins et désirs, est depuis pas mal de temps chose possible au Maroc comme ailleurs.
Des femmes, et des hommes aussi, frappent davantage à la porte des chirurgiens-esthétiques pour se refaire le nez, cacher des calvities, siliconer des poitrines et « collagèner» les joues et les lèvres. Au Maroc, le nombre des chirurgiens-esthétiques est allé crescendo au cours de ses dernières années. Casablanca compte, actuellement, 20 spécialistes, contre 10 à Rabat et un à Marrakech. Secteur embryonnaire, mais qui se veut attrayant, la chirurgie esthétique fait l’objet de plus d’une innovation. Maintenant et plus que jamais, se rendre chez son médecin est une véritable partie de plaisir.
En témoigne un changement notable des habitudes. Aux étrangers, et ils sont de plus en plus nombreux, qui viennent au Maroc, spécialement pour subir des interventions chirurgicales esthétiques, des packages touristiques sont désormais offerts.
Le patient est pris en charge depuis son arrivée jusqu’à son retour à son pays, relifté, frais et dispo. Une formule qui suscite un engouement inédit auprès des cabinets de chirurgie esthétique. Et les prix, plutôt abordables, y sont pour beaucoup.
« Une opération chirurgicale esthétique subie au Maroc revient moins chère que dans n’importe quel autre pays. A titre indicatif, elle coûte moins de 50 % qu’une opération dans une clinique parisienne.
En somme, le prix d’un package équivaut à lui seul au prix de l’opération en France », note Dr. Mohammed Guessous, chirurgien-esthétique à Casablanca. Il faut préciser qu’un package pour augmentation de sein coûte 30.000 dirhams. Pour une liposuccion, le prix oscille entre 17.000 et 25.000 dirhams, selon la localisation de l’intervention chirurgicale. Diplômé du Collège français de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique (CFCPRE), Dr. Guessous ajoute « qu’en plus de l’argument prix, les patients qui viennent se faire opérer au Maroc sont également motivés par les conditions climatiques. Le séjour comprend des excursions, des séances de thalassothérapie…». Naturellement, ce sont les femmes qui sollicitent le plus souvent ce type de services.
Dr. Guessous affirme dans ce sens que la plus grande partie de ses patients sont des femmes européennes. Au hit-parade des nationalités, les Françaises arrivent au premier rang. Les Suisses et les Belges sont également sur la liste des patientes qui ont opté pour le Maroc.
La tendance s’accélère et la clientèle s’élargit davantage. « Il faut reconnaître que, pour une fois, le téléphone arabe a servi pour quelque chose de bien ! La bouche-à-oreille a contribué, d’une manière significative, au développement de la demande. Mieux encore, nous avons également des Gabonaises et des Sénégalaises et même des Libanaises !», note Dr. Guessous.
Tourisme esthétique, séjour médical, package santé…les nominations foisonnent, mais désignent la même chose. Et le créneau est même lorgné par des professionnels de la chirurgie esthétique en Europe. « Nous sommes maintenant dans la phase de négociation avec des cliniques et des hôtels casablancais. Nous comptons ouvrir une succursale à Casablanca dans les prochaines semaines pour les patients qui désirent bénéficier d’interventions chirurgicales esthétiques au Maroc. L’objectif est d’orienter davantage des patients vers le Maroc au lieu de la Tunisie », déclare le Dr. Gérard Le Blan qui exerce à Paris. Sur ce créneau-là, Tunis est le concurrent direct de Casablanca. Des agences tunisiennes se sont même spécialisées dans le «tourisme médical», comme le cas d’Estetika Tour. «Estetika Tour vise à développer le tourisme médical esthétique dans le monde francophone et à offrir le meilleur service à ses clients ainsi qu’à ses partenaires, médecins comme cliniques. Elle est la pionnière du tourisme médical esthétique dans le monde francophone, construite sur le modèle réussi des entreprises anglo-saxonnes de cette industrie», lit-on dans le site Internet de cette agence.
C’est donc, bel et bien, d’industrie qu’il s’agit pour Estetika Tour. Et c’est, précisément, cette idée-là que réfute entièrement Dr. Mohammed Guessous : « Notre travail ne consiste pas à créer des stéréotypes. Nous contribuons à augmenter le capital beauté des gens et à leur donner ce plaisir de se sentir bien dans leurs peaux ». Pour se démarquer de ses confrères tunisiens, ce chirurgien insiste sur cette particularité « culturelle ».
« Ce qui nous différencie des Tunisiens, c’est que le patient établit ses contacts avec le médecin et non pas avec une agence de voyage. Chaque patient est un cas qu’il faut suivre d’une manière personnalisée. Généralement, le premier contact se fait à travers des courriers électroniques, puis l’envoi des photos avant de se mettre d’accord sur le séjour», souligne-t-il. Il faut préciser aussi que ces opérations sont qualifiées de «light», dans le sens où elles ne nécessitent guère un long suivi médical. Ce genre de package ne peut être présenté qu’à des patients qui n’ont pas un passé médical lourd.
Dans le segment de la chirurgie esthétique du visage, l’offre se scinde en chirurgie d’embellissement et de rajeunissement du visage et en chirurgie réparatrice du visage (réparation des paupières, chirurgie de la pyramide nasale et déviation de la cloison et chirurgie des lèvres).
La chirurgie esthétique de la silhouette est l’autre segment auquel les Marocaines font de plus en plus appel. 
C’est ainsi que des chirurgiens esthétiques ont mis, au cours de ces deux dernières années, davantage la main à la pâte pour répondre à une forte demande pour la chirurgie des seins. Le principe est aussi simple que bien connu.
Il s’agit d’augmenter le volume de cette partie du corps par prothèses mammaires, de le réduire ou encore de procéder à un remodelage. Les hommes, souffrant de gynécomastie -un développement excessif des seins chez l’homme- sont royalement servis.
Comme toutes les opérations chirurgicales, le risque de complications médicales est toujours présent. Pour le moment, ce genre de problèmes n’est pas encore survenu au Maroc.
Sous d’autres cieux, la chirurgie esthétique est de plus en plus montrée du doigt. Actuellement, deux affaires sont portées devant les tribunaux en France. Une femme de 53 ans est décédée à la suite d’une opération. Une autre, plus jeune, a dû passer quarante jours dans un service de maladies infectieuses à cause d’une intervention chirurgicale esthétique.
Le revers de la médaille est loin d’être beau à voir.
Ce qui n’empêche pas plusieurs personnes de céder, chaque jour, au diktat de la mode. Certains, pour reprendre une célèbre citation, ironisent en disant : to lift or not to lift.

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