Société

Sexualité : Plongée dans l’énigme des femmes fontaines

© D.R

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’éjaculation n’est pas la chasse gardée des hommes. Les femmes ont aussi la capacité d’éjaculer de manière abondante lors de l’orgasme. On les appelle «les femmes fontaines». «Une femme fontaine est une femme qui émet un jet de liquide lors de l’orgasme par l’urètre» affirme Dr Mustapha Rassi, sexologue. Les femmes possèdent ainsi des glandes que l’on appelle «glandes de Skene» qui sont situées tout le long de l’urètre. Lors de l’orgasme, ces glandes sécrètent un liquide par deux petits orifices situés près du méat urinaire. Les glandes de Skene se gorgent en liquide durant la phase d’excitation. Le volume émis peut être faible ou au contraire important. Dans le second cas, un orgasme intense s’accompagne d’un jaillissement important de liquide qui constitue l’éjaculation féminine. Selon le Dr Rassi, ce phénomène a fait l’objet d’écrits théologiques musulmans datant des 5ème et 6ème siècle de l’Hégire selon lesquels l’éjaculation féminine est considérée comme une anomalie autorisant le conjoint à répudier son épouse. D’après ce sexologue, être une femme fontaine n’est pas une nature définitive. Certaines femmes le découvrent après le premier rapport sexuel et d’autres beaucoup plus tard. L’expulsion peut être systématique chez les unes ou occasionnelle chez d’autres. Pour certains sexothérapeutes, chaque femme est une fontaine qui s’ignore. «Des études ont montré qu’il est possible pour la femme de développer cette capacité à éjaculer. D’ailleurs, il existe aux États-Unis des centres de formations où l’on apprend aux femmes à éjaculer», souligne le sexologue. Quant à l’éjaculat qui est expulsé, le Dr Rassi précise «qu’il s’agit d’un liquide qui ressemble au sperme mais qui ne comporte pas de spermatozoïdes. Ce liquide est incolore et inodore». Et d’ajouter que «le jet et la quantité différent selon les femmes. Certaines peuvent éjaculer jusqu’à 100 ml lors d’un seul orgasme. Ce qui est impressionnant !». Sujet tabou et très mal connu dans notre société, ce phénomène est difficile à quantifier faute de statistiques et d’études sur le sujet. «Selon plusieurs travaux réalisés aux États-Unis et dans d’autres pays, elles seraient 6 à 36%», note- t-il. Les femmes fontaines sont rares comme l’atteste le sexologue Rassi. «A travers mon expérience professionnelle, je n’ai connu que deux cas. Pour le premier, il s’agissait d’un couple qui avait une vie sexuelle épanouie. Le mari était ravi d’avoir une épouse fontaine. Il aimait cela et ça l’excitait. Le seule problème c’est qu’il essayait de comprendre comment sa femme pouvait- elle éjaculer de manière aussi abondante. Quant au second cas, le conjoint était dégoûté. Il ne supportait plus de retrouver à chaque fois les draps mouillés. Et il a fini par quitter sa femme». Ainsi si certains hommes trouvent le phénomène «dégoûtant», «dégradant» et «sale», d’autres l’apprécient. Pour ces derniers, les femmes fontaines fascinent et alimentent de nombreux fantasmes. «Certains hommes éprouvent une grande «gratitude» envers ces femmes. Ils sont heureux de voir leur partenaire manifester un plaisir aussi intense», affirme Dr Rassi. Mais comment ces femmes vivent-elles cette situation ? Honte, peur et inquiétude sont les maîtres mots pour plusieurs d’entre elles. Mal informées sur le phénomène, bon nombre d’entre elles sont persuadées qu’elles urinent sur leur partenaire. A ceci, il fait aussi relever que ce jaillissement parfois très brutal renvoie à une sexualité libérée, brute et presque animale. «Certaines femmes acceptent ce phénomène et le considère comme quelque chose de naturel, incontrôlable et associé à un plaisir intense. D’autres au contraire se sentent gênées et ont toujours peur de choquer leur partenaire lors du rapport sexuel. Pour ne pas les décevoir, elles n’ont d’autres choix que de se retenir. Et par conséquent, elles ne ressentent plus aucun plaisir», explique t-il. Quant aux traitements, il n’en existe aucun actuellement. «A ma connaissance, il n’y a pas de traitement pour diminuer l’éjaculation féminine. Le seul moyen est de se retenir», conclut le sexologue.

Témoignages

• «Il est difficile pour moi d’en parler. J’ai tellement honte. J’avais 21 ans quand je me suis découverte fontaine. Cela remonte à 5 ans. Un soir, après avoir fait l’amour avec mon partenaire, j’ai éjaculé. C’était un écoulement violent et abondant, nos corps et les draps étaient mouillés. Je me souviens encore de la scène, mon partenaire avait le visage trempé. Dégoûté, il s’est levé en courant à la salle de bains pour s’essuyer le visage et le corps. Je ne savais pas si c’était de l’urine, de l’eau ou du sperme. La gêne, la honte et l’inquiétude ont pris le dessus et j’ai fondu en larmes».


• «J’ai rencontré beaucoup d’hommes dans ma vie. Certains ne comprenaient pas pourquoi j’éjaculais lors de chaque orgasme. D’autres, au contraire, trouvaient cela excitant et assez exceptionnel. Je me suis toujours demandé si j’étais normale. Récemment, j’ai rencontré un homme dont je suis tombée follement amoureuse. Lors de notre premier rapport, il était agréablement surpris. Il a commencé à rire et je n’avais qu’une seule envie : disparaître. Il a su me rassurer et j’ai fini par accepter ce qui m’arrivait».

• «Je suis une femme fontaine. Au départ, j’étais gênée et cela a profondément perturbé ma vie sexuelle. A chaque fois, je luttais contre cette sensation d’avoir envie « d’uriner ». Mais ce n’était pas toujours facile. Il m’arrivait plusieurs fois de me laisser aller et d’éjaculer. J’avais l’impression d’avoir pissé sur mon partenaire. Il ne s’agit pas d’un orgasme à proprement parlé mais plus plutôt d’une délivrance. C’est une sensation unique, indescriptible…».

• «Il y a deux mois, j’ai eu pour la 1ère fois de toute ma vie une expérience sexuelle avec une femme fontaine. J’ai connu plusieurs femmes dans ma vie, mais jamais de la sorte. Moi qui croyais avoir tout fait et tout vu, ce fut la grande surprise. Lors de notre premier rapport sexuel, j’ai remarqué qu’elle « mouillait » de façon abondante. Elle a alors joui en éjaculant un flux tiède. Je me suis rendu compte que ce petit flux n’était que le commencement d’un long torrent. Elle a éjaculé plusieurs fois sur mon visage. Je n’ai pas du tout été choqué par ce phénomène, mais surtout agréablement surpris. Nous avons pris cela avec beaucoup d’ humour».

• «Femme fontaine est un terme que je ne connaissais pas. Lorsque je sentais que l’orgasme était sur le point d’arriver, je le réprimais, j’étais persuadée que j’allais uriner en plein milieu de l’acte. Il est difficile de compter le nombre de fois où j’ai interrompu les rapports pour aller aux toilettes. Au final, je ne ressentais plus cette sensation de plaisir à venir quand je reprenais là où j’avais laissé les choses! S’il est vrai que les hommes adorent ça (en tout cas de par mon expérience), tous ne connaissent pas ce phénomène. Avec mon mari, il m’arrive de me lâcher et de le tremper. C’est en effet quelque chose de merveilleux à vivre, à partager. Mon mari est ravi de mes explosions de plaisir!».

Articles similaires

SociétéUne

Alerte météorologique: l’ADM appelle à la vigilance sur l’axe autoroutier Meknès-Oujda

La Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) a appelé les usagers...

SociétéSpécialUne

Plus de 28.000 nouveaux inscrits en 2022-2023 : De plus en plus d’étudiants dans le privé

L’enseignement supérieur privé au Maroc attire des milliers de jeunes chaque année.

SociétéSpécial

Enseignement supérieur privé : CDG Invest entre dans le capital du Groupe Atlantique

CDG Invest a réalisé une prise de participation de 20% via son...

SociétéUne

Enseignement supérieur: La réforme en marche

Le digital occupe une place de taille dans la nouvelle réforme du...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux