Changement dans l’approche suivie jusque-là dans le cadre du dialogue social. Le Premier ministre, Driss Jettou, qui a reçu récemment les partenaires sociaux, a demandé aux syndicats et aux patrons de discuter directement des amendements relatifs au code du travail. La préférence aux négociations directes permet d’aller rapidement de l’avant, explique-t-on. D’aucuns n’hésitent pas à dire qu’à l’approche des élections, «Le gouvernement refile la patate chaude au patronat».
De source proche du dossier, l’on indique que dans le contexte actuel, il est peu probable de voir une revalorisation directe du SMIG, l’économie marocaine étant soumise déjà à rude concurrence par l’Asie et l’Europe de l’Est. Cela même si cet environnement concurrentiel est en train d’évoluer aussi bien à l’Est que chez les mastodontes asiatiques.
L’entrée de la Lituanie dans l’Union européenne a provoqué le triplement du SMIG, passé de 200 à 600 euros entre 2004 et 2006. Dans le Maghreb, le SMIG marocain est moins cher qu’en Tunisie, mais, précise, ce dirigeant d’une PM casablancaise, la productivité est meilleure en Tunisie.
En fait, estime Bouchaib Serhani de Gesper Services, «l’on ne doit pas nous comparer aux Chinois, pays dont la monnaie est dévaluée par rapport au reste du monde». Et de préciser que «la main-d’œuvre n’est plus un critère aussi déterminant dans la décision de l’investisseur». Pour cet autre membre de l’équipe dirigeante de la confédération patronale marocaine, «les discussions sont ouvertes et concernent tout aussi bien le SMIG que la médecine du travail. Un deuxième round est prévu avec le Premier ministre. Mais à valeur d’aujourd’hui, aucune décision n’est encore prise». Les syndicats, reçus aussi par Driss Jettou dans le cadre du dialogue, soulignent la nécessité d’augmenter le SMIG et de réviser la politique salariale. D’ici le 1er mai, partisans et adversaires de l’augmentation de ce salaire minimum pourront donc croiser leurs arguments. A noter que la dernière révision était de 10%, exécutée en deux temps courant 2004. Dans tous les cas, explique Youssef Alaoui, président de la FISA (Fédération du secteur avicole), «les discussions sont ouvertes, mais aucune décision n’est prise. Avec le Premier ministre, il a été question du SMIG comme de la medecine du travail et de beaucoup d’aspects liés au code du travail. En tout cas, l’actuel gouvernement, qui a réglé plusieurs dossiers dont ceux relatifs à la dernière opération de promotion exceptionnelle qui a bénéficié à quelque 700 000 fonctionnaires et à la révision de l’impôt sur le revenu», dit maintenir la porte du dialogue ouverte.