Société

Suicide ou double infanticide ?

Mercredi 23 mars. A midi et quart. Une sacoche à la main avec quelques vêtements à l’intérieur, Saâdia Âssila, domestique chez la famille Belkhiri, de retour de chez ses parents vient reprendre son travail. Son employeuse, Fatima Chaâchouî, la quarantaine, lui avait donné trois jours de congé pour rendre visite à sa famille. Saâdia était comblée par cette générosité de son employeuse qui ne lui a même pas versé un peu d’argent de poche avant son départ.
Arrivant à la rue Ibnou Souraïge, donnant sur le boulevard Bir Inzarane, pas loin de la mosquée portant le même nom, la domestique, Saâdia, s’est tenue debout devant la porte de l’immeuble n° 28 pour saluer une voisine. Puis elle escalada, à pas lents, les escaliers de l’immeuble. Le premier étage, le deuxième puis le troisième. Enfin, elle est devant la porte d’entrée de la demeure des Belkhiri. Une famille qui se compose du père, Larbi, ressortissant marocain en Italie, de la mère, Fatima Chaâchouî, employée dans une banque et de leurs deux enfants, Asmaâ, née en 1988 et Mohamed, né en 1993. ces derniers sont tous les deux élèves. La première poursuit ses études en terminale au lycée Zaryab et le deuxième en primaire dans une école privée.
Saâdia a frappé à la porte. Les premiers coups, puis les suivants. Personne ne lui ouvre. Sont-ils sortis en ville ou pour faire les courses ? En principe, la maîtresse de maison ne sort avec ses enfants que très rarement. "Pourquoi je continue à frapper à la porte puisque j’ai les clés de l’appartement?", se demande-t-elle. Elle a ouvert son sac à main et elle en a sorti la clé. Elle ouvre la porte et pénètre à l’intérieur. Elle a tourné la tête à droite puis à gauche. Elle n’a rien remarqué. Apparemment, il n’y a personne à la maison. Mais la vérité est ailleurs. En mettant les pieds au seuil de la cuisine, elle  découvre Mohamed Belkhiri, étendu par terre, corps sans âme, des traces bleuâtres au niveau de sa bouche qui semble avoir secrété un liquide blanchâtre. Est-il seul à la maison? Saâdia a accouru vers une première chambre. Il n’y a personne. Puis, elle est rentré à la hâte à la chambre à coucher. Sa tête commence à tourner. La situation, très grave, la dépasse au point qu’elle a lancé un cri strident. Bref, elle a découvert un deuxième corps sans âme, celui d’Asmae.  Ont-ils été tués ? Si oui, qui a commis cet horrible crime et pour quelle raison ?
La domestique est immédiatement descendue à la rue, s’est rendue à un publiphone pour composer le numéro du portable de la mère. «Le téléphone que vous appelez est éteint ou hors zone de couverture en ce moment », répond la boîte vocale du téléphone portable de Fatima Chaâchouî.
Aussitôt, les éléments de la police judiciaire de Casablanca-Anfa ont été alertés et se sont dépêchés sur les lieux. Les investigations ont été aussitôt entamées pour le constat d’usage. Outre les deux corps sans âme, les enquêteurs ont découvert une bouteille d’acide chlorhydrique et une lettre signée par Asmae et son frère Mohamed. Dans ce papier, il aurait été souligné la situation insupportable vécue par les deux enfants avec une mère déprimée, ne les supportant plus et qui suit des traitements psychiatriques. Un état qui les a dépassés, ont-ils expliqué dans la lettre, ce qui les a poussés à mettre fin à leur vie.
Les deux enfants se sont-ils donné la mort ? Etaient-ils vraiment les auteurs de la lettre? Étrange affaire! Mais où est la mère ? Personne ne l’a vue depuis la veille, le mardi 22 mars. De coutume, elle retourne vers midi chez elle pour prendre son déjeuner avec ses deux enfants. Mais pas ce mercredi 23 mars. Se trouve-t-elle à son lieu travail, une agence bancaire? Non, elle avait pris un congé de quatre jours. Ou se trouve-t-elle alors? Les investigations progressent d’une minute à l’autre. Et les enquêteurs sont arrivés à localiser la mère. Elle se trouve, depuis la nuit du mardi au mercredi, à la réanimation de l’hôpital Moulay Youssef. Deux pêcheurs l’ont sauvé, vers 22h du mardi, à la plage de Sidi Abderrahmane après qu’elle avait tenté de se suicider en se jetant dans la mer. Elle est dans un état dépressif. Pourquoi ? A-t-elle donné l’acide chlorhydrique aux victimes avant de tenter de se donner la mort ? Ou s’agit-il vraiment d’un suicide collectif ? Ce sont les questions que les enquêteurs de la brigade criminelle au service préfectoral de Casablanca tentent, depuis vendredi, de décoder pour tirer l’affaire au clair. La mère est actuellement internée au pavillon 36 de l’hôpital psychiatrique et les corps des deux enfants sont encore entre les mains du médecin légiste qui doit dresser un rapport signalant les causes de la mort après l’autopsie.

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