Société

Taoujni : «J’accuse les services algériens»

© D.R

ALM : Après une période intense de militantisme, à Madrid, en faveur de la marocanité du Sahara, vous décidez de rentrer définitivement dans votre pays. Qu’est-ce qui a, d’abord, dicté cette décision ?
Réda Taoujni : Cette décision a été prise, il y a quelques mois, elle était prévue pour la fin de l’année 2006. Mais finalement, je vais rentrer dans quelques jours. Cette décision a été précipitée par la série d’agressions que j’ai subies ces derniers jours, les menaces de meurtre proférées par téléphone ou via mon mail. Les services de police locale à Malaga m’ont, par ailleurs, dit qu’ils ne pouvaient rien faire, vu que la région espagnole, Costa del Sol, où j’habite connaît un taux de criminalité très élevé. Ce qui fait que je suis devenu une proie facile à atteindre par mes agresseurs et leurs commanditaires.

Qui sont, précisément, les commanditaires des agressions dont vous êtes victime ?
Ce sont ou bien les services de l’ambassade d’Alger à Madrid ou bien les amis du Front Polisario. J’en veux pour preuve les menaces qu’avait proférées à notre égard le responsable des affaires politiques à l’ambassade d’Algérie à Madrid, quand on l’a sollicité, au mois d’avril dernier, pour l’envoi d’une aide humanitaire à Tindouf. Je rappelle que l’ambassade d’Algérie à Madrid s’est opposée à cette initiative, au point que le responsable en question m’a menacé en me disant exactement : « On va s’occuper de toi ». Après ce qui m’est arrivé dimanche soir dernier, quand j’ai été surpris, à la sortie de mon domicile, par quatre inconnus d’aspect gitan qui, sans m’adresser la parole, m’ont roué de coups, je suis persuadé que le responsable algérien a mis à exécution sa menace. L’histoire ne s’est, pourtant, pas arrêtée là. Après avoir été hospitalisé, je me suis adressé au commissariat pour porter plainte. Or, à la porte même du commissariat, j’ai été surpris, une deuxième fois, de constater que ma voiture a été saccagée. Pour l’ambassade d’Algérie à Madrid, ou pour les désœuvrés « amis du Polisario », contre lesquels j’ai porté plainte, c’était une façon de m’intimider en me disant que je n’étais pas à l’abri de leurs menaces, en dépit de ma plainte déposée auprès des services de police de Malaga. En effet, deux jours après mon agression, des inconnus ont brisé le pare-brise de mon camping-car et laissé un écriteau portant des initiales qui ne laissent aucun doute sur l’identité des commanditaires : «FP» (Front Polisario). La nuit de mon agression, une voix anonyme m’avait également appelé pour me dire que ce qui m’était arrivé n’était qu’un «avertissement» en me demandant, par la même occasion, de «laisser le peuple sahraoui tranquille». Je vous fais grâce des menaces et autres insultes que l’on a proférées à mon égard, genre «vous êtes un agent des services marocains», «vous êtes un traître»…

Avez-vous des preuves tangibles de l’implication des services algériens dans les agressions dont vous avez été victime ?
Au moment où je déposais plainte contre les services algériens et le Polisario, une source sécuritaire espagnole très crédible, que je me réserve de citer, m’avait soufflé qu’il y avait des informations comme quoi les services algériens avaient commandité ces agressions. Mais malheureusement, il n’y avait pas de preuves matérielles.

Maintenant que vous préparez votre retour au Maroc, avez-vous établi un programme d’action ?
Nous avons un très ambitieux programme au Maroc. Il s’agit de renforcer le front intérieur, sachant que le règlement du problème du Sahara passe d’abord par la consolidation de ce front. Nous allons, également, réorganiser notre Association pour le Sahara marocain (ASM) de manière à ce que notre militantisme soit plus agressif du point de vue rendement. En ce qui concerne notre retour, je crois qu’il ne faut pas se rabaisser à l’attitude des autorités algériennes qui, au lieu de s’attaquer à l’ASM par le dialogue, ont préféré avoir, lâchement, recours au banditisme. Nous qui disons que l’affaire du Sahara est maroco-algérienne, nous serons encore plus agressifs envers l’Algérie mais d’une manière civilisée et démocratique.

Qu’est-ce qui explique cet acharnement hystérique contre votre association ?
Notre spécificité, c’est qu’on agit beaucoup plus qu’on ne parle. On s’est déplacé à deux reprises en Algérie (août-septembre 2005), et on a été refoulé. On a également été interdit d’embarquer à bord d’Air Alger, en septembre dernier à Madrid. Le personnel de cette compagnie nous a même insultés. Quand on a voulu demander des explications auprès de l’ambassade d’Algérie à Madrid, on a été presque expulsés. Vu le comportement des autorités algériennes, on comprend évidemment pourquoi elles s’acharnent contre nous.
Notre action représente, pour ces autorités-là, un grand embarras devant les instances internationales. On comprend, également, pourquoi les autorités d’Alger poursuivent leur hostilité à l’égard de l’intégrité territoriale de notre pays. Cette hostilité est motivée par un désir de cacher leur impuissance à répondre aux besoins du peuple algérien frère, alors que le Royaume du Maroc est devenu un grand chantier grâce aux projets économiques et sociaux lancés depuis l’accession au Trône de SM le Roi Mohammed VI.

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