Société

Taroudant : La mine de la discorde

© D.R

Un simple investisseur marocain se trouve confronté à un énorme groupe espagnol. C’est à Taroudant que cela se passe. Et plus exactement dans la commune rurale de Tamaloukt. Le groupe espagnol, mondialement connu, s’appelle "Crimidesa" et exploite une unité minière avec un permis d’extraction et de commercialisation du mica. Quant au marocain, Boujemaâ Amzil, il possède un permis pour un autre minerai, les sels alcalins, dans le même terrain que celui de Crimidesa. "Boujemaâ Amzil reproche à la société espagnole l’extraction de sels alcalins, en l’occurrence le feldspath sodique qui ne figurant nullement dans son permis", explique Mohamed Hannaoui, ingénieur-conseil de l’investisseur marocain.
Rappelons, tout d’abord, que cette situation est légalement tout à fait normale et gérable. D’ailleurs, dans l’article 8 du règlement minier, il est clairement stipulé qu’il "peut être institué sur les mêmes terrains des permis distincts entre eux, portant sur des catégories différentes de substances minérales".
Dans ce cas, l’article 10 du même règlement minier poursuit: "Si des permis de catégories différentes portent sur les mêmes terrains, le permissionnaire (dans notre cas, le groupe espagnol Crimidesa) à qui n’appartiendraient pas, au terme de l’acte institutif dont il est titulaire (c’est-à-dire le permis), les substances concessibles extraites par lui, doit les remettre à leur propriétaire contre paiement d’une juste indemnité".
En théorie, le problème ne devrait même pas se poser entre ces deux investisseurs. Toutefois, quand Boujemaâ Amzil soulève le problème à Crimidesa, dans une mise en demeure datée du 18 août 2004, la réponse de la société espagnole ne s’est pas faite attendre. Le 9 septembre de la même année, Crimidesa envoie à son tour une lettre à Boujemaâ Amzil dans laquelle elle affirme que ses travaux "sont autorisés par les autorités compétentes et sont inscrits dans le règlement minier en vigueur. A ce sujet, et à propos de la lettre que vous m’avez envoyée le 18 août 2004, je vous mets en demeure de vous adresser aux autorités". En clair, Crimidesa jette la balle dans le camp "des autorités compétentes", à savoir le ministère de l’Energie et des Mines.
Mohamed Hannaoui a donc saisi le délégué régional de l’Energie et des Mines à Agadir, et le ministre, Mohamed Boutaleb lui-même, à qui il a remis un dossier complet sur cette affaire. Le délégué régional a demandé à Mohamed Hannaoui de lui remettre une étude exhaustive prouvant que Crimidesa extrait u minerai pour lequel elle n’est pas autorisée. L’ingénieur-conseil a donc préparé une étude scientifique, on ne peut plus exhaustive, qui montre clairement que les substances extraites et commercialisées par le groupe espagnol (via son site Internet: www.crimidesa.es) font bel et bien partie de la catégorie des sels alcalins. Pour étayer tout cela, Mohamed Hannaoui s’en est remis au Laboratoire Public d’Essais et Etudes (LPEE) qui a également attesté, en décembre 2004, que l’échantillon remis par Mohamed Hannaoui est bien "un feldspath sodique faisant partie des sels alcalins qui figurent dans le règlement minier comme substance minière de la troisième catégorie". En fait, même Crimidesa reconnaît qu’elle extrait du feldspath sodique dans son site Internet. En fait, ce que Boujemaâ Amzil exige du ministère de l’Energie et des Mines c’est une ouverture d’une enquête pour tirer au clair toute cette affaire. Contacté par ALM, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Boutaleb, a estimé que "ce dossier suit son cours normal" et que "s’il est effectivement lésé, l’investisseur marocain obtiendra tous ces droits".
A noter que c’est Mohamed Boutaleb qui a inauguré, le 18 novembre 2004 l’unité minière relevant du groupe espagnol “Crimidesa", en présence du wali de Souss-Massa-Draâ et de plusieurs gouverneurs.
A l’époque, Mohamed Boutaleb avait affirmé que cette initiative du groupe “Crimidesa" s’inscrit dans le cadre de la promotion de l’investissement dans le secteur minier. La question que se pose Mohamed Hannaoui est de savoir si la présence du groupe “Crimidesa", qui a investi près de 30 millions de dirhams, aura des répercussions sur le traitement de son dossier.

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