Société

Tout dépend des candidats

ALM : Tout d’abord, quelle analyse faites-vous de la situation politique actuelle au Maroc ?
Thami Khyari : Le Maroc traverse une phase très importante de son histoire, dans la mesure où l’avenir du pays est en train de se dessiner actuellement et toutes les perspectives restent suspendues à la manière dont nous allons négocier ce tournant suscitant une dynamique originale. D’une part, nous expérimentons sérieusement les règles de la démocratie : les élections auront lieu pour la première fois de l’histoire du Maroc à leur date constitutionnelle et le gouvernement reste responsable jusqu’au terme de son mandat et s’apprête à rendre des comptes au peuple. D’autre part, nous assistons à des mouvements de positionnement très intéressants qui tentent d’anticiper le paysage politique qui sortira des urnes.
Votre commentaire sur les dispositions et les garanties du ministère de l’Intérieur sur le déroulement des législatives dans la transparence ?
Ainsi que je viens de vous le dire, les élections législatives de septembre revêtent un caractère déterminant pour tout l’avenir du pays. Et tout l’enjeu réside précisément dans la manière avec laquelle cette échéance électorale va être menée. Jusqu’à présent, la volonté affichée par l’ensemble des partenaires, la manière dont sont prises les décisions, les dispositions prises et le climat qui préside les concertations entre le ministère de l’intérieur et les partis politiques militent en faveur d’un préjugé favorable, dans la mesure où la détermination royale, maintes fois solennellement affirmée par le Souverain, à garantir à la prochaine consultation populaire toutes les garanties de transparence possibles semble être intégrée et assimilée par tout le monde. Cela dit, nous devons garder à l’esprit que ces élections vont se dérouler au Maroc de 2002 avec le niveau de développement qui est le sien. Et si nous devons nous réjouir du formidable bond effectué en matière de prise de conscience, nous ne pouvons pas occulter certains phénomènes qui font partie malheureusement de notre paysage et qui risquent de se manifester, quelles que soient les mesures et dispositions juridiques ou réglementaires que l’on pourrait prendre. Nous sommes pratiquement sûrs qu’il n’y aura plus de tripatouillage des urnes ou d’intervention directe de l’administration. Par contre, quel sera le comportement des candidats eux-mêmes à vouloir exploiter les conditions des électeurs ? La question reste posée et nous, au FFD, nous avons élaboré une charte morale par laquelle nos candidats s’engagent à respecter l’éthique du parti et à exprimer dans leur campagne électorale les qualités de probité et de patriotisme à travers desquels nous contribuerons à donner de cette échéance électorale une image qui sied à notre pays.
Où en est le FFD dans ses préparatifs pour les élections du 27 septembre ?
Nous sommes fins prêts pour nous engager dans cette bataille. Nos listes ont été montées de la manière la plus consensuelle qui soit et couvrent l’ensemble du territoire national. Notre programme est fin prêt. Les préparatifs de notre campagne électorale sont terminés avec l’agence de communication avec laquelle nous travaillons. Notre organisation est mobilisée au même titre que l’ensemble des segments socio-professionnels que nous encadrons dans le cadre des organisations de la famille du FFD. Depuis 1997, nous avons mené une politique de proximité avec les citoyens dans l’objectif même de cette échéance à laquelle nous nous sommes donné rendez-vous depuis la création du FFD en 1997 et nous avons toutes les raisons de croire que nous sommes bien au rendez-vous.
Que dire du phénomène de la transhumance politique ?
Vous savez, beaucoup de phénomènes qui avaient cours auparavant seront amenés, au fil du temps et de la prise de conscience des citoyens, à disparaître d’eux-mêmes. Parmi ceux-ci, la transhumance trouvera sa juste réponse dans l’évolution de la société. Déjà, on observe que, contrairement à ce qui était prévisible, certains partis qui se sont crées à la veille des élections, avec l’espoir de débaucher les candidats mécontents des autres partis, avec les contraintes que soulève le mode de scrutin adopté, ne réussissent pas à attirer autant que ce qui était attendu. C’est pour cela que, pour ma part, je crois que ce phénomène sera très limité pour disparaître avec le temps.
Quel sens donner à la récente rencontre de votre parti avec l’USFP ?
La rencontre tenue entre les directions du FFD et de l’USFP s’inscrit dans le cadre des relations qui lient les deux parties de façon traditionnelle. A la veille d’une consultation cruciale pour le pays, il était nécessaire de reconfirmer notre évaluation commune de l’importance du bilan du gouvernement d’alternance et d’échanger nos points de vue sur la manière dont nous envisageons le déroulement la prochaine campagne électorale et, bien entendu, sur les perspectives d’avenir.
Quel commentaire faites-vous sur la Charte communale ?
Après 26 ans d’expérience communale, il était temps de procéder à la réadaptation de l’instrument juridique régissant les collectivités locales et leurs rapports avec leur environnement, en tirant les enseignements de cette expérience et en inscrivant ces institutions dans le cadre des orientations stratégiques du pays. Sur ce plan, le projet de loi adopté par la Chambre des représentants s’inscrit parfaitement dans ce cadre et reflète le souci général d’élever les entités territoriales que sont les communes à un niveau qui s’accorde avec leurs missions au service des citoyens, que ce soit en terme de décentralisation, d’homogénéité territoriale, d’attributions ou de moyens.
Pourquoi ne vous présentez-vous pas aux élections ?
Les ambitions du FFD sont grandes pour les élections du 27 septembre et nous sommes déterminés à réaliser tous les engagements que nous avons pris sur nous lors de la création du parti. Pour cela, j’avais deux choix : soit me présenter, mais dans un tel cas, j’aurais été pris par ma propre campagne ; soit je ne me présente pas et j’assure le pilotage de la campagne nationale du parti et épaule les candidats du FFD là où ils se présentent. Malgré les fortes pressions auxquelles j’ai été soumis, que ce soit au bureau exécutif ou par les militants eux-mêmes, pour me présenter à El Kelaâ, à Taza ou à Rabat, j’ai décidé, avec l’accord du bureau exécutif de ne pas me présenter, préférant laisser le champ à d’autres compétences et contribuer à assurer au parti des sièges en plus au lieu d’assurer juste le mien.
Quel pronostic faites-vous sur les résultats du scrutin ?
Il est toujours difficile, voire présomptueux, de vouloir prédire les résultats à la veille d’une consultation populaire. Certes, la logique voudrait qu’il y ait capitalisation de l’expérience que nous venons de vivre lors de ces cinq dernières années, compte tenu des efforts gigantesques qui ont été accomplis, d’autant plus qu’il n’y a nulle autre alternative en face. Est-ce que cette logique sera respectée ? Seule les urnes -et donc les citoyens – en décideront.

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