Que le Maroc ratifie la convention de l’ONU contre la corruption et que les mesures de contrôle et de sanction contre ce phénomène gagnent en efficience. Telles sont, en sommes, les deux recommandations majeures auxquelles sont arrivés les militants de Transparency Maroc. Réunis le 12 mars dernier à Casablanca, les membres du Conseil national de cette ONG, partie intégrante de Transparency International, ne mâchent pas leurs mots.
Consacrée à établir le bilan de la lutte contre la corruption pour l’année 2005, et coïncidant avec la sortie du Rapport mondial sur le corruption pour cette année, cette session ordinaire relève l’inquiétude de l’ONG quant à la persistance d’un fléau qui ne cesse de se gangrener dans toutes les échelles de l’économie et de la société marocaines. « Chaque jour apporte son lot de révélations sur des affaires de pillage des ressources publiques, d’abus de pouvoir, de marchés truqués, de multiples formes de collusions entre intérêts politiques et intérêts économiques et de corruption », constate Transparency Maroc.
Plus grave encore, mais non étonnant : le plus souvent, les auteurs de ces faits continuent à ne pas être inquiétés, « jouissant ainsi du privilège d’échapper aux sanctions». Et pour cause, le manque d’efficience des contrôles financiers, administratifs et judiciaires. Et même quand des poursuites et des sanctions sont engagées, c’est généralement à des fins autres que la lutte contre la corruption. « Le traitement politique d’affaires de corruption avérées semble même montrer plus le souci de régler des comptes que celui de laisser la justice se prononcer de manière sereine, impartiale et transparente», note-t-on dans le communiqué.
Afin que le pays en tire des leçons précises et prenne les mesures concrètes permettant d’éviter la répétition de tels faits, le Maroc devrait, de l’avis de l’ONG, commencer par ratifier la Convention des Nations unies contre la corruption et adapter la législation marocaine à ses dispositions. D’autant, et selon un responsable de l’association relayé par AFP, que « le Maroc a été l’un des premiers pays à avoir signé en 2004 à New York la convention de l’Onu contre la corruption ». Une telle ratificationn, outre la mise en place de mesures concrètes, concertées et volontariste de lutte contre la corruption, présenterait toutes les chances d’être interprétée par la communauté internationale et par le monde des affaires comme un gage de bonne volonté pour plus de transparence, d’éthique et d’efficacité économique.
Le Conseil national note également que la sortie d’un système de gouvernance qui refoule la majorité dans la précarité et la misère « passe nécessairement par la mise en œuvre et l’accélération des réformes administratives qui permettraient l’effectivité des contrôles en matière de gestion des deniers publics et donneraient à la justice toute latitude pour statuer en toute indépendance ». Réformes dont l’axe central passe par la lutte contre l’impunité et la nécessité de rendre compte. Transparency Maroc estime que la lutte contre la corruption et sa banalisation relève de la responsabilité de l’Etat. Une large concertation est engagée avec tous les partenaires politiques et économiques, les élus, les universitaires, et toute la société civile afin d’alimenter le débat. Elle a pour objet les principales mesures à prendre pour que le Maroc puisse réellement couper avec l’ère de la dilapidation.