Société

Transport : une grève controversée

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Grève ou pas grève ? Au sein du secteur du transport, la réponse n’est pas unanime. L’Union syndicale du transport routier, affiliée à l’UMT, a confirmé, dans une conférence de presse qu’elle a tenue vendredi à Casablanca, qu’aujourd’hui et demain sont décrétés journées de grève. «Nous ne pouvons pas accepter le code de la route sous sa forme actuelle.
Nous insistons sur le fait que nous ne pouvons pas supporter des amendes qui nous mettront sur la paille. Les taxis, les bus et les camions qui nous sont affiliés protestent contre cela les 3 et 4 avril», déclare à ALM Mohamed Moustaki, coordinateur de l’Union syndicale du transport routier. Les professionnels de cette dernière, réunissant en grande majorité les grands taxis, venaient de boycotter la rencontre de sensibilisation qu’a organisée le ministre de l’Equipement et des Transports à Rabat le 27 mars, au profit des professionnels du transport. Pour les protestataires, il ne s’agissait que d’une réaction légitime : «Nous voulons un dialogue constructif, certes, mais pas avant le retrait du code de la route du Parlement.
Vous savez, ce code a été calqué sur le modèle suédois, alors que le Maroc n’a rien à voir avec la Suède en matière d’infrastructures !», s’exclame M. Moustaki. Ce dernier ne cache pas sa colère en exprimant celle de ceux qu’il représente. Et de préciser que si le mouvement de grève n’est pas suivi par l’ensemble des professionnels, ce n’est que pour «des raisons politiques». Plus simplement, l’Union syndicale du transport routier revendique le droit d’intervenir dans l’élaboration du code et compte, par le biais de grèves répétitives, amener le gouvernement à tenir compte de ses intérêts.
Dans ce climat de tension, certains optent toujours pour le rationalisme en voulant poursuivre le chemin du dialogue. C’est le cas de la Fédération du transport de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Dans une lettre adressée au ministère de l’Equipement, cette fédération tient à l’informer «que les opérateurs du transport routier ne sont pas concernés par le mouvement de grève de 48h, à compter du mardi 3 avril». C’est une décision qui émane de la volonté de la fédération de désamorcer la crise que suscite le code de la route au moyen d’une «force de proposition». «Nous nous réunissons, demain, avec le ministre de l’Equipement et des Transports à Rabat afin que nous lui transmettions nos propositions», affirme le président de la fédération, Abdelilah Hifdi. Selon ce responsable, une vingtaine d’amendements seront présentés par la fédération dans le but d’améliorer la pertinence de certaines dispositions liées à la sécurité routière et à l’aspect économique de la gestion des entreprises de transport de voyageurs et de marchandises pour compte d’autrui.
«La loi, à elle seule, ne règle pas tout. A ce code de la route, il faut prévoir des mesures d’accompagnement et tenir compte de l’état actuel des choses», insiste M. Hifdi. Différents problèmes seront soulignés par la fédération afin d’interpeller le gouvernement sur les moyens de les résoudre. «Tenez, par exemple, le code prévoit un temps de repos pour le chauffeur.
C’est très bénéfique à ce dernier, mais n’oublions pas qu’il n’y a pas encore d’infrastructures prévues pour cela. Autre exemple : en matière de surcharge, le transporteur est tenu, lui tout seul, pour responsable. Or, le client l’est tout autant, puisque c’est lui qui procède au chargement. Nous proposons, donc, qu’il y ait, comme en France, une coresponsabilité pénale transporteur et client», indique le président de la fédération.
Pragmatique, la fédération insiste sur le concret et tient à souligner que le code de la route ne doit pas susciter la colère au sein du secteur, mais plutôt la réflexion. Pour M. Hifdi, le code contient du négatif, mais aussi du positif : «Il ne faut pas oublier que c’est une loi pour la sécurité routière qui valorise le professionnalisme du conducteur. En fait, ce code ne pose pas problème autant que les dysfonctionnements des contrôles routiers. Ce dont nous avons le plus besoin, c’est de la moralisation et de l’harmonisation des contrôles. Lorsqu’il y a différents intervenants, on ne sait plus quoi faire».

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