Société

Trois cents bébés à la commande

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ALM : Quelle est la définition de la procréation médicalement assistée ?
Dr. Mohamed Yacoubi : La procréation médicalement assistée (PMA) désigne l’ensemble des procédés par lesquels la fusion de l’ovule et du spermatozoïde est induite non par des relations sexuelles de l’homme et de la femme, mais à l’aide d’une intervention médicale. Les trois techniques de PMA les plus courantes sont : l’insémination artificielle c’est-à-dire l’Insémination intra utérine, la fécondation in vitro suivie du transfert d’embryons (FIVETTE) et la fécondation assistée (ICSI) suivie du transfert d’embryons. Ces pratiques sont réalisées pour rapprocher les ovules et les spermatozoïdes en vue de leur rencontre afin d’obtenir la fécondation et la formation d’un ou de plusieurs embryons. L’insémination intra utérine s’effectue évidemment toujours avec le sperme du mari comme c’est le cas pour toute la procréation médicalement assistée. Les inséminations intra-vaginales ont été très peu d’indication actuellement et ne sont pratiquement pas utilisées.

Dans quels cas peut-on faire appel à la PMA?
La PMA intervient quand un couple présente une infertilité. Dans 30 % des cas, la stérilité du couple est d’origine féminine. La stérilité du couple est d’origine masculine, quant à elle, est mise en cause avec le même taux.  Idem pour la stérilité du couple d’origine mixte.  Dans les 10 % restants, la stérilité est dite idiopathique, c’est-à-dire inexpliquée.

Quel est le nombre de bébés « conçus » au Maroc par la PMA?
On peut estimer actuellement, au Maroc, le nombre de bébés par PMA à un peu plus de 300. C’est vrai que le taux des grossesses multiples est un peu plus élevé en PMA que dans les grossesses spontanées, avec 6 % de gémellaires en PMA et 3 % de grossesse triples. Au Maroc il existe 15 centres spécialisés dans la PMA, 7 à Casablanca, 4 à Rabat, 2 à Agadir et 2 à Marrakech.

Quels sont les intervenants dans une PMA?
L’intervenant essentiel dans une PMA est le gynécologue qui stimule les ovaires de la patiente, contrôle cette stimulation par dosages hormonaux et examens échographiques, prescrit le traitement adjuvant, ponctionne les ovaires et transfère les embryons qui auront les qualités requises. L’intervention du biologiste a une grande part dans la PMA puisqu’il favorise, dans des laboratoires bien équipés, l’éclosion des embryons par FIV ou par ICSI. C’est le biologiste aussi, qui améliore le sperme dans les inséminations intra-utérines, par test (TMS). Dans certains cas particuliers, l’andrologue est amené lui aussi à ponctionner ou biopsier les testicules pour rechercher des spermatozoïdes. Pour certains cas particuliers, une assistance psychologique est nécessaire pour le couple lors d’une PMA et même après.

Vous n’acceptez pas toutes les demandes de PMA, pourquoi ?
C’est vrai qu’on n’accepte pas les causes désespérées. Malheureusement, ces cas existent et ne peuvent pas bénéficier actuellement de la PMA. Il s’agit précisément de patientes, de plus de 40 ans, dont la réserve ovarienne est en voie d’épuisement et dont les quelques ovules restants présentent des aberrations chromosomiques. Le refus concerne également les patientes présentant des maladies dangereuses pour l’embryon ( Hépatite B, Hépatite C, Sida…etc.).
 
Quelle est la différence entre un «bébé PMA» et un bébé conçu normalement ?
Tous les bébés se ressemblent ! Le pourcentage de malformation chez les bébés conçus normalement est de 2,5 %, la malformation pouvant aller du plus simple au plus compliqué.
Les bébés conçus par procréation médicalement assistée et notamment par l’ICSI ont à peu près le même chiffre de pourcentage malformatif. Les études sont très divergentes et il n’y a point de quoi affoler les couples candidats à la PMA. Psychologiquement, quand une femme est enceinte par PMA, elle apporte beaucoup plus de soins à la surveillance de son (ou ses) fœtus pendant sa grossesse (échographies morphologiques) en plus de divers examens biologiques comme la recherche de la trisomie par exemple. Les bébés obtenus par PMA sont aussi précieux que les autres nés dans des conditions naturelles. Il est vrai que le désir irrésistible de naissance est un droit pour tous les couples à la recherche d’une descendance «Halal» et légitime.

Quel est le montant d’une PMA?
D’abord, il faut préciser que la PMA ne peut s’exercer que dans le cadre de la cellule familiale légale, c’est-à-dire un couple marié et que les gamètes (spermatozoïdes et ovules) appartiennent exclusivement à ce couple. Il est évident que la législation marocaine interdit tout don d’ovocyte ou de spermatozoïde. C’est pour cette même raison que les identités des couples sont vérifiées avec présentation obligatoire de l’acte de mariage. Toute PMA ne peut être effectuée sans un bilan obligatoire au préalable, comportant des examens biologiques, des examens radiologiques et échographiques. Le coût global d’une PMA (FIV OU ICSI) est d’environ 30.000 dirhams. Ce montant comprend les médicaments qui se taillent la part du lion, les interventions du gynécologue, l’intervention du biologiste et les frais d’hospitalisation.

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