Société

Trois femmes et 20.000 psychotropes

© D.R

Il s’appelle Karim, surnommé Laâwar, jeune célibataire, sans profession, issu d’une famille pauvre de l’ancienne médina à Casablanca. Et pourtant, il dispose de sommes importantes d’argent. Il s’habille élégamment, fréquente les boîtes de nuit, s’enivre, rigole et plaisante et s’offre la belle vie. D’où est venu tout cet argent qu’il dépense ? Il est trafiquant de comprimés psychotropes, l’un des fournisseurs de cette drogue les plus connus en ancienne médina.
Tous les dealers s’approvisionnent chez lui surtout en ce temps où les comprimés psychotropes deviennent de plus en plus rares grâce aux campagnes effectuées par la brigade anti-drogue de la sûreté de Casablanca-Anfa afin d’éradiquer cette drogue.
Un combat qui était en faveur de Karim puisqu’il a commencé à empocher un profit trois fois supérieur au prix d’achat de la marchandise. Il achète une brochette de dix comprimés psychotropes, connue communément sous le nom de “Samta“ (Ceinture), à cinquante dirhams pour la vendre en détail contre pas moins de quinze dirhams le comprimé, soit cent cinquante dirhams la ceinture. Seulement, les éléments de la brigade anti-drogue ne l’ont pas laissé aller plus loin dans son commerce illicite. Ils l’ont arrêté après une surveillance qui n’a pas duré longtemps. Conduit au commissariat en possession d’une vingtaine de comprimés psychotropes, il n’a pas tardé à cracher le morceau. “Je m’approvisionne chez trois femmes“, avoue-t-il aux enquêteurs. Des femmes ? Karim leur a confirmé que ses fournisseurs sont des femmes. Il leur a révélé leurs identités. Il s’agit de Fatima, Najat et Saâdia. Où sont-elles ? Karim a livré aux limiers l’adresse de Fatima avec laquelle, il entretenait plus de relations commerciales. Une surveillance a été entreprise autour de chez elle, et qui sera soldée, le mercredi 7 janvier par son arrestation. Une perquisition a été effectuée aussitôt chez elle. Le résultat fut spectaculaire : les enquêteurs ont saisi une quantité de 4.400 comprimés psychotropes, marque Révotril, la fameuse «bola hamra». A qui appartient cette importante quantité ? “A moi et deux autres amies“, répond Fatima.
Elles sont trois femmes, divorcées, sans enfants ; Fatima, Najat, âgées de trente-deux ans et Saâdia, vingt-neuf ans.
Elles se sont rencontrées dans des moments différents, quand elles s’adonnaient à la contrebande. Bref, elles étaient des contrebandières qui se déplaçaient entre, Tanger, Nador, Ksar Kebir et Oujda. EIles y achetaient les tissus, les espadrilles, des effets vestimentaires et autres biens en contrebande pour les revendre à Casablanca. Leurs aventures avec les douaniers ne se comptent pas aux doigts de la main. Leurs marchandises ont été à maintes reprises saisies pour recommencer à zéro. Elles n’ont jamais désespéré. Le gagne-pain oblige.
Début 2003. Comme par hasard, l’une d’elle a engagé une conversation avec un jeune homme, alors qu’elle explorait un Souk à Oujda. Au fil de la conversation, le jeune homme l’a sollicitée de participer dans un commerce qui rapporte gros. Lequel ? Il ne lui a rien divulgué jusqu’au moment où il s’est assuré qu’elle était intéressée. “Trafic de comprimés psychotropes“, lui dévoile-t-il. Quand elle a entendu le nom de cette drogue, elle a hésité. Seulement, le trafiquant oujdi est arrivé à la convaincre pour se charger avec d’autres du marché casablancais. Une fois la première opération et la deuxième réussies, elle a recruté les deux autres femmes. Le trio féminin a commencé à convoyer chaque semaine une quantité de 20 mille comprimés psychotropes vers Casablanca pour l’écouler et retourner à Oujda pour s’approvisionner à nouveau. Elles achetaient “une ceinture“ de dix comprimés à 25 dirhams pour la revendre à 50 dirhams, avec un profit de 100%. Autrement-dit, elles achetaient chaque semaine les 20 mille comprimés à 50 mille dirhams pour empocher un profit de la même somme.
Après avoir noté que Najat et Saâdia occupent un appartement au boulevard Ibn Tachefine et circulent à bord d’une Peugeot 205, immatriculée au Maroc, les enquêteurs ont entamé une surveillance minutieuse.
En conséquence, ils les ont arrêtées, jeudi 4 mars. La perquisition effectuée illico à l’intérieur a été soldée par la saisie de 5 mille comprimés psychotropes, alors qu’ils ont mis la main, à l’intérieur de l’appartement, sur 7 mille autres.
Bref, 16 mille 400 comprimés ont été saisis chez les trois femmes. C’est ce qui reste du lot du dernier arrivage de 20 mille unités.
Les trois femmes ont divulgué aux limiers les noms de leurs fournisseurs, tous issus de la ville orientale, Oujda. Ces derniers qui sont actuellement en état de fuite, entretiennent des relations avec des personnes algériennes qui les approvisionnent. Où se rencontrent-ils? Se rencontrent-ils au point frontalier marocco-algérien ou dans d’autres lieux ? Un tas d’interrogations qui n’auront de réponse qu’une fois les fournisseurs d’Oujda alpagués.

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