Amnesty International (AI) a appelé le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali à «mettre fin au harcèlement des anciens prisonniers politiques», dans un communiqué publié mardi, à quelques jours de la fête nationale du pays le 20 mars. «Des centaines de militants politiques ont été emprisonnés en Tunisie depuis que le président est arrivé au pouvoir en 1987 (…) Beaucoup de prisonniers ont été libérés de prison ces derniers jours en raison d’une grâce présidentielle», affirme l’association de défense des droits de l’Homme. «Les détenus libérés en vertu de la grâce présidentielle ne doivent plus faire l’objet de harcèlements et d’intimidations, mais doivent être autorisés à reprendre une vie normale», a affirmé Malcolm Smart, directeur du programme Afrique et Moyen-Orient chez Amnesty, cité dans le communiqué. Amnesty International vient de publier, en février, un document intitulé «Libérés mais pas libres: Les anciens prisonniers politiques en Tunisie», qui décrit «le sort de ces personnes soumises à de sévères restrictions et au harcèlement des autorités (surveillance policière constante, obligation de faire des rapports réguliers à la police et convocations multiples par la police pour interrogatoire, entre autres)». Amnesty dénonce aussi «divers cas de ré-arrestation après la sortie de prison», des «refus d’accès aux soins médicaux» et l’interdiction pour «beaucoup d’entre eux» soit de circuler librement dans le pays soit de sortir du territoire. L’organisation demande également aux autorités tunisiennes de libérer «immédiatement et sans condition» tous les prisonniers d’opinion, «notamment le journaliste Taoufik Ben Brik, détenus pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression».
Taoufik Ben Brik a été condamné le 26 novembre à six mois de prison (une peine confirmée en appel) pour l’agression d’une femme d’affaires, mais ses proches et des ONG ont dénoncé une manipulation destinée à le faire taire, après des écrits très critiques dans la presse française contre le président Ben Ali.