Société

Tunisie : Le parti de Ben Ali dissous

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Alors que le puissant parti-Etat de Ben Ali a été dissous mercredi par voie de justice, des dizaines de partis ont poussé comme des champignons en Tunisie et se bousculent au portillon de la démocratie naissante. La Tunisie compte désormais trente partis légaux, y compris les huit reconnus du temps de Ben Ali. A la veille même de la dissolution du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le ministère de l’Intérieur a légalisé 10 partis, portant à 22 le nombre des formations ayant obtenu le feu vert depuis la chute et la fuite le 14 janvier du président Zine El Abidine Ben Ali. Un groupe islamiste, Hizb At-Tahrir (Parti de la libération), qui prône une islamisation de la société et le rétablissement du Califat islamique, a déposé une demande de légalisation lundi, a indiqué à l’AFP son porte-parole, Nabil Mannaï. Ce foisonnement, inédit en Tunisie, «est normal dans cette phase post-révolutionnaire», déclare à l’AFP le secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), Mokhtar Trifi, rappelant que «sous l’ancien régime, aucun parti, y compris les légaux, ne pouvait travailler». «Ce n’est pas un motif de satisfaction qu’un parti soit dissous», dit-il à propos du RCD, tout en se réjouissant «d’une décision de justice» à l’égard d’une formation qui a «fait main basse sur le pays» durant 23 ans. Le nouveau paysage couvre désormais tout le spectre politique, allant de la gauche -dont Ettajdid (ex-parti communiste) ou le Parti démocratique progressiste (PDP), qui ont fait partie du premier gouvernement de l’après-Ben Ali- à la droite, comme le mouvement islamiste Ennahda, en passant par le nationalisme arabe, ou l’écologie (parti des verts pour le progrès – PVP). Dans cette floraison, il y a certaines formations fantaisistes, qui ont vu le jour dans la foulée du soulèvement du 14 janvier, et n’arrivent pas encore à définir une ligne politique claire. «Je ne peux pas vous définir notre couleur politique. Notre président sera mieux placé pour vous le dire», répond ainsi à l’AFP le secrétaire général adjoint d’une de ces micro-partis qui a été légalisé début mars. Toutes ces nouvelles formations n’ont pourtant que quatre mois et demi pour affronter le verdict des urnes, avec l’élection le 24 juillet de l’Assemblée nationale constituante (ANC), qui doit rédiger et promulguer une nouvelle Constitution, la principale revendication de l’opposition. «Ce sont les urnes qui vont parler, et c’est selon son programme qu’un parti va survivre ou disparaître», poursuit Mokhtar Trifi. Selon lui, la dissolution lundi de la police politique «va aider ces partis à se faire écouter». «A chacun de montrer de quoi il sera capable. Mais ce sera difficile pour plusieurs partis de s’imposer, eu égard surtout au délai court qui les sépare de l’élection de juillet», estime-t-il. Quant aux groupes islamistes, interdits et réprimés sous le régime de Ben Ali qui se présentait comme un rempart contre l’extrémisme religieux et le terrorisme, ils vont désormais pouvoir s’adresser librement et légalement aux Tunisiens. Après Ennahda, légalisé le 1er mars 30 ans après sa fondation en 1981 par Rached Ghannouchi avec des intellectuels inspirés par les Frères musulmans égyptiens, Hizb At-Tahrir, un groupe islamiste radical, «s’inspire de l’Islam pour remodeler la société et l’État tunisiens», selon son porte-parole. «Même si nous voulons appliquer la charia, nous ne prônons ni la violence ni le terrorisme», a tenu à préciser son porte-parole.

  Taieb Mahjoub (AFP)

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