Société

Un amour qui mène droit en prison

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«Il ne m’a pas violée, je me suis livrée à lui de mon plein grè». Cette phrase prononcée par Malika, ce mardi 24 août, à la salle d’audience de la Chambre criminelle près la Cour d’appel d’El Jadida, a perturbé son père qui s’est contenté d’écarquiller les yeux. Tandis qu’elle a réjoui Saïd qui lui a lancé un sourire d’espoir alors qu’il est au box des accusés. Il n’a jamais pensé être dans une pareille situation, poursuivi pour attentat à la pudeur sur une mineure de moins de quinze ans ayant entraîné sa défloration.
Leur histoire remonte à plus d’un an, quand Saïd a croisé Malika à Sidi Âbed, province d’El Jadida. Lorsqu’il l’a vue, ce jour du printemps de 2003, il n’a pas su ce qui lui est arrivé. Il a senti comme un courant électrique qui a ébranlé son corps et qui a fait vibrer son coeur. Bien qu’il ait dépassé l’adolescence, il n’a jamais connu ni le bon ni le mauvais goût de l’amour.
Certes, il avait entendu parler d’un sentiment noble qui lie une femme à un homme et rend leur vie rose. Seulement, il ne l’a jamais senti. Bref, c’est ce qui a secoué son coeur en un clin d’oeil, juste le temps de croiser la belle Malika. Sans se rendre compte, il l’a suivie comme son ombre. Lorsqu’elle l’a remarqué, elle s’est contentée de tourner sa tête doublée d’un sourire qui a orné ses lèvres. C’est l’occasion à saisir ou jamais, pense-t-il. Il s’est avancé vers elle pour lui chuchoter quelques mots. Malika n’a manifesté aucune réaction pour l’en empêcher. Au contraire, elle a échangé avec lui les paroles comme s’ils se connaissaient depuis belle lurette. Un comportement qui l’a convaincu qu’elle est prête à entretenir une relation avec lui. Depuis ce jour, leurs rencontres se sont poursuivies au point qu’ils se sont retrouvés au fil des jours, baignant dans une mare d’amour sans précédent. “Je ne supporte plus d’être loin de toi au moins une seconde, je vais te demander en mariage“, lui-t-il affirmé deux mois plus tard. Accompagné de ses parents, il s’est présenté devant les siens pour la demander en mariage. Une semaine après, le fiancé s’est présenté devant la famille de Malika, avec une dot de 2000 dirhams et des cadeaux à la main. Et une petite fête de fiançailles lors de laquelle les membres des deux familles ont chanté et dansé a été célébrée. Toutefois, l’âge de Malika, quinze ans, ne leur a pas permis de conclure l’acte de mariage.
Et la solution ? Il doit attendre qu’elle atteigne à l’âge de 18 ans, selon le nouveau code de la famille. Sinon, la famille de la fille mineure doit recourir au juge de la famille. Ce dernier, s’il permet le mariage, doit dresser un rapport mentionnant les raisons de son autorisation de conclure l’acte. Une autorisation qui nécessite l’audition du tuteur de la fille mineure et l’établissement d’une expertise médicale et d’une enquête sociale.
Une procédure plus ou moins longue que le père ne peut en aucun cas établir pour le mariage de Malika. Et la solution ? Attendre trois autres années. Août 2003, la soeur de Malika est arrivée de l’étranger, accompagnée de son mari et de son beau-frère. Ce dernier est tombé amoureux de Malika et a sollicité sa belle-soeur d’intervenir pour épouser Malika. Il lui a proposé une dot de 10 mille dirhams, cinq fois plus que celle versée par Saïd. Le père a accepté, contrairement à Malika qui a refusé. Son père a fait son possible pour qu’elle accepte l’offre. Mais en vain. “je n’aime que Saïd et je ne peux pas le trahir“, leur a-t-elle dit.
Révoltée, Malika a demandé à son fiancé de trancher sur la question de leur mariage. Comment ? Il n’a rien compris. Elle lui a proposé de prendre la fuite. S’enfuir ? Quitter Sidi Âbed ? À quelle destination?.
Casablanca. Ils l’ont regagnée quelques jours plus tard sans laisser de trace. Là, ils se sont débrouillés pour vivre quelques mois avant de retourner à Sidi Âbed. C’était la surprise. Saïd fait l’objet d’une note de recherche. Pourquoi ? Il a été accusé d’avoir enlevé Malika et l’avoir violée. Il s’est présenté devant les éléments de la gendarmerie qui l’ont conduit devant la Cour d’appel après son interrogatoire. Son avocat a expliqué, lors de la plaidoirie que son client ne mérite pas d’être mis sous les verrous. Il s’agit d’un mariage légal, a-t-il précisé à la cour, puisqu’il remplit les conditions nécessaires au mariage tels que la dot, la publicité, l’entente et l’accord primordial de tuteur.
Quant au représentant du ministère public, il a affirmé que seul l’établissement de l’acte du mariage justifie la légalité du mariage. Dans ses derniers propos, Saïd a expliqué à la cour qu’il veut encore se marier avec Malika. Cependant, après les délibérations la cour l’a condamné à deux ans de prison ferme. Un jugement qui semble lourd puisque les deux jeunes s’aiment mutuellement et avaient la volonté de fonder un foyer.

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