Société

Un coup d’essai fatal

Région de Lakliâ, Inezgane-Aït Melloul. Mohamed est attablé dans un café. Non-voyant, le quadragénaire est connu des habitants de la région. Il tient depuis pas mal de temps un commerce, dont son fils s’occupe depuis qu’il a quitté les rangs de l’école. Auparavant, c’était un jeune garçon du douar qui l’aidait moyennant un salaire mensuel. «Bonjour, Si Mohamed», lui dit un jeune homme qui se présente devant lui. «Bonjour», lui répond Mohamed.
Le jeune homme prend une chaise et s’assoit. «Je crois que tu m’as oublié ?», lui demande-t-il. Mohamed lui affirme qu’il ne se souvient pas de lui et que les vicissitudes de la vie ne laissent personne se souvenir de quoi que se soit. «Je suis Saïd, on a déjà pris ensemble un café», lui précise-t-il. «Non, je ne me souviens pas», lui confirme-t-il. Saïd, trente-cinq ans, était employé à Ittissalat Al-Maghrib. Seulement, il a été licencié après six ans de travail. Depuis, d’un mois à l’autre, il se trouve entre le marteau de la vie et l’enclume de la misère. Sa femme ne peut plus le supporter. «Tu es irresponsable, c’est pourquoi ils t’ont licencié», lui reproche-t-elle souvent. Elle finit par lui demander le divorce. Elle n’a pas le choix. Il ne peut plus subvenir à ses besoins et à ceux de leurs quatre enfants. Et c’est ainsi qu’il se retrouve seul, entre les quatre murs de son foyer. Il a répudié sa femme qui est retournée chez ses parents avec les enfants. Le temps passe et il se retrouve sans le moindre sou. «Que faire pour avoir de l’argent ?». En quelques secondes, il trouve la réponse ; il met un costume bleu et une chemise blanche. Il se munit d’un dossier et de journaux avant de se rendre au café. «Je suis fonctionnaire à la préfecture d’Inezgane-Aït Melloul et je crois qu’on a déjà parlé d’un agrément de petit taxi…», affirme-t-il au non-voyant. «Je ne m’en souviens pas…Mais je m’intéresse, moi aussi, à cette question d’agrément de petit taxi», lui dit Mohamed. Saïd lui explique qu’il peut se débrouiller pour lui en procurer un. «Mais rien n’est gratis» lui explique-t-il. Mohamed accepte. Ils conviennent d’une «commission» de 5.000 dirhams.
Le commerçant lui avance sur le champ une somme de 500 dirhams en lui promettant de lui verser le reste dans son magasin. Quelques jours plus tard, Saïd se présente au commerce de Mohamed. Il ne le trouve pas. «Mon père n’est pas là. Mais il arrivera d’ici une ou deux heures», lui dit le fils de Mohamed. «…Dis-lui que je reviendrai d’ici deux heures parce que j’ai quelque chose à faire maintenant à la préfecture…», lui lance Saïd. Quelques minutes plus tard, Mohamed arrive. Son enfant l’avise de la venue de Saïd. Impatient, Mohamed décide de le rejoindre au siège de la préfecture. Il a en poche une somme de 5.000 dirhams.
«Je voudrais voir Si Saïd du service des agréments des petits taxi», demande-t-il à un fonctionnaire. Celui-ci lui affirme qu’il ne connaît personne de ce nom travaillant dans ce service. «Tu es tombé sans doute entre les mains d’un escroc», lui dit le fonctionnaire qui I’emmène chez le chef de service. Ce dernier avise la police qui a rappliqué tout de suite pour accompagner le non-voyant et prendre l’escroc la main dans le sac.
Une demi-heure plus tard, Saïd est là. Cueilli par la police, il a été présenté devant la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance d’Inezgane. Il a été condamné à quatre ans de prison ferme.

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