Société

Un crime et un suspect mystérieux

Dimanche 6 mars. Très tôt le matin. Un berger conduisait son troupeau dans la région de Bouskoura. Il marchait derrière son cheptel avec son bâton à la main. Tout à coup, il s’est arrêté. Il a touché du pied un corps étrange. De quoi s’agit-il ? Il n’en savait rien. Il a baissé la tête pour regarder. Et il a sursauté comme s’il avait été piqué par une abeille. Qu’a-t-il donc vu ? Perplexe, il ne s’est plus soucié de son troupeau qui avançait à la recherche des herbes. Il a reculé et a commencé à scruter ce qu’il a découvert. Une main d’un corps humain enterré. À qui appartient-il ce corps ? À une femme, à un homme ? Qui l’a enterré, quand et pourquoi ? Des questions qui ne lui ont même pas effleuré l’esprit, tant il était sous le choc de sa découverte macabre. Ce qu’il lui importait était de savoir comment réagir. Alerter les gendarmes ? Aviser les habitants de la région ? Tourner le dos au corps et rebrousser chemin pour aller chez lui sans rien dévoiler? Mais le sentiment du devoir s’est réveillé en lui et il a  décidé d’alerter les gendarmes. En un clin d’œil, ces derniers se sont dépêchés sur les lieux pour effectuer les premiers éléments du constat d’usage. Ils ont déterré le cadavre d’une femme qui était enveloppé dans un drap en coton et présentait une grande blessure au niveau de la tête et des traces de strangulation au niveau du cou. Les enquêteurs de la Gendarmerie royale ont découvert également son téléphone portable, dont le répertoire a permis aux enquêteurs de relever les différents contacts de la victime. En parallèle, les enquêteurs ont prélevé ses empreintes digitales pour arriver à son identification. Une identification qui ne pourrait se faire que si elle disposait d’une carte d’identité nationale. Heureusement, elle en disposait. Il s’agit de Z. Oum Al Banine, née en 1976. Issue d’une famille très modeste de Safi, elle est montée, depuis quelques années, à Casablanca pour s’adonner à la prostitution. Notant l’adresse soulignée sur sa carte d’identité nationale, les enquêteurs s’y sont déplacés pour recueillir de nouvelles informations qui les aideraient à mettre la main sur l’auteur du crime. Seulement, les voisins ont affirmé qu’elle avait déménagé depuis belle lurette. Et ils ont fourni la nouvelle adresse aux enquêteurs. Mais, sur place, ces derniers ont appris une fois encore qu’elle avait encore déménagé pour louer une chambre au quartier Bourgogne. Les investigations intenses et minutieuses des gendarmes se sont soldées par l’identification de la dernière personne qui l’aurait rencontrée. Il s’agit d’un ressortissant saoudien, Khaled Al Ghamidi, né en 1965 à Dammam en Arabie saoudite, marié, père de trois enfants, sans profession. Les enquêteurs l’ont cherché partout pour l’arrêter, vingt jours après la découverte du cadavre, le samedi 26 mars, dans un appartement situé à la rue Mostapha El Mâani «Je l’ai enterrée, mais ce n’est pas moi qui l’ai tuée», affirme-t-il aux enquêteurs.
Etrange aveu. S’il ne l’a pas tuée, pourquoi l’a-t-il enterrée ? Pourquoi n’a-t-il pas alerté la police ?
Soumis aux interrogatoires, il a déclaré l’avoir rencontrée dans un café du quartier Bourgogne. Après quoi, elle l’a accompagné à son appartement de la rue Mostapha El Mâani, pour s’y enivrer et passer du bon temps. Entre-temps, deux jeunes hommes des pays du Golfe, les ont rejoints. Qui sont-ils ? Le mis en cause n’a été clair ni sur leur identité ni sur leur nationalité.  Une fois, il a dit qu’il s’agissait de Koweïtiens et une autre fois, il a affirmé que c’étaient  des Saoudiens. Quant à leur identité, il a affirmé aux enquêteurs qu’il ne les connaissait pas. Vers 3h00 du matin, a-t-il ajouté, il est sorti de son appartement, laissant la jeune fille de joie avec les deux jeunes hommes pour prendre sa Fiat Uno et faire un tour au centre ville et à Aïn Diab. Il ne serait retourné à l’appartement que vers 8h du matin.
«Je l’ai découverte sans vie…et je n’ai pas trouvé les deux autres jeunes hommes », a-t-il affirmé aux enquêteurs. Et de préciser qu’il a laissé le corps sans le toucher jusqu’au petit matin lorsque le veilleur de nuit a quitté la Kissaria au-dessus de laquelle il habite. Il a enveloppé le corps dans un drap et l’a descendu du premier étage jusqu’à la Fiat Uno. En arrivant à la route de Bouskoura, il est descendu pour l’enterrer loin des yeux des riverains. Et il est retourné chez lui comme si de rien n’était. Lorsque le mis en cause a été gardé au siège du commandement régional de la Gendarmerie royale à Casablanca, il est arrivé à s’enfuir, le dimanche 27 mars, en passant par une fenêtre. Il n’a été arrêté une fois encore que le mardi 29 mars vers 13h30 au quartier Derb Soltan. Pourquoi a-t-il pris la poudre d’escampette s’il n’avait pas commis le meurtre ? Sans avoir de réponse convaincante, il a continué à clamer son innocence à propos du meurtre.
Bien que le mis en cause ait été traduit, jeudi matin, devant le parquet général près la Cour d’appel de Casablanca plusieurs zones d’ombre persistent. D’abord, les enquêteurs sont arrivés à savoir que la défunte a retiré, le 5 mars, une somme de 20 mille dirhams de son compte bancaire. Mais, ils n’ont rien trouvé sur elle, ni dans sa chambre, ni à l’appartement du Saoudien. En plus, ce dernier n’a plus d’argent depuis belle lurette et il se contentait d’en emprunter d’une fois à l’autre à quelques amis.

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