Société

Un escroc expédié à l’ombre

Enfin, il est tombé. C’est par hasard qu’il a mis la puce à l’oreille des limiers de Tiflet qui menaient, le mois de mai dernier, une campagne d’assainissement contre la criminalité dans la ville. Ils l’ont conduit, à l’instar d’autres personnes, au commissariat de police.
Lorsque l’officier a pointé son identité sur l’ordinateur, il n’a pas cru ses yeux. Cet homme, quadragénaire, bien habillé, est recherché depuis fin 1995 par la police judiciaire de Khouribga ! Étrange. Où était-il caché pendant tout ce temps ? La réponse est qu’il ne s’installait pas dans une seule ville. Il voyageait d’une fois à l’autre pour passer des mois dans une ville avant de regagner une autre.
Après avoir avisé le procureur du Roi près le tribunal de Tiflet, le chef de la police judiciaire a aussitôt téléphoné à son collègue de Khouribga. Il l’a informé que ses limiers ont mis la main sur un gros poisson qui baignait depuis plus de six ans dans un océan sans être identifié. Sans perdre de temps, les éléments de la troisième section judiciaire de la PJ de Khouribga se sont déplacés à Tiflet pour ramener le plus tôt possible le mis en cause à Khouribga. Ils devaient respecter la durée de la garde-à-vue avant de le mettre entre les mains du procureur du Roi.
Une fois retournés à leur bureau, ils ont convoqué les plaignants. Fatna est l’une d’eux. Elle occupait une baraque dans l’un des bidonvilles de la ville. Entre- temps, elle a bénéficié dans le cadre de l’opération Al Fath, relative à la lutte contre les bidonvilles, d’un lot de terrain portant le numéro 284, d’une superficie de 70 m2, situé au quartier Al Fath. Seulement, elle ne disposait pas de l’argent nécessaire pour y construire une maison. Entre temps, l’occasion lui est venue. Un jeune homme s’est présenté devant elle, en tant que fonctionnaire de l’Etat espérant de l’accepter comme copropriétaire. Comment ? Il lui a expliqué qu’il se chargerait de la construction sur son lot de terrain d’un R+1, à condition qu’elle occupe le rez-de-chaussée et qu’il habite le premier étage. Une proposition convenable dont ils profiteront tous les deux, pense-t-elle. Fatna était pleine de joie quand ils ont établi un acte de copropriété. Dans quelques mois, elle sera sous le toit de sa propre maison. Une fois l’acte établi, le jeune homme n’a pas donné signe de vie. Ou est-il passé ? La femme n’avait pas de réponse. Il fallait attendre deux ou trois mois pour apprendre que son lot de terrain a été vendu à un enseignant. Comment le jeune homme est-il arrivé à le vendre ? demande-t-elle. C’est son propre terrain ! Fatna n’a pas cru ses oreilles. “C’est mon propre terrain“, explique-t-elle aux enquêteurs les larmes aux yeux. Mais le jeune homme l’a eue, il a profité de son ignorance pour établir un acte de vente, tout en lui prétendant qu’il s’agit d’un acte de copropriété. En conséquence, elle s’est adressée au tribunal pour s’opposer à cette vente. Quant à l’enseignant, il fut surpris par le tribunal qui l’a convoqué.
“Une femme vient contester la propriété du lot de terrain“, lui a expliqué un fonctionnaire du tribunal. Depuis, il est convaincu qu’il était tombé dans les filets d’un escroc. Fatna et l’enseignant n’étaient pas les seules victimes de ce jeune homme. Il a filouté d’autres victimes. Il a mis la main sur les lots de terrain de quelques-uns, comme il a promis des visas à d’autres.
Ahmed est un jeune, la vingtaine, qui rêvait d’aller au-delà de la Méditerranéenne. Il a fait la connaissance du jeune homme, Mohamed, dans un café. Ce dernier lui a proposé de l’aider à avoir le visa pour aller en Espagne et ce contre 40 mille dirhams. Il lui a versé une somme de 26 mille dirhams en attendant qu’il tienne sa promesse pour lui remettre le reste. Mais, il n’a rien tenu. Au contraire, il a disparu.
Soumis aux interrogatoires, Mohamed a reconnu les charges retenues contre lui. Il a précisé aux enquêteurs qu’il avait passé, en 1990, six mois en Italie. Entre- temps, il a été arrêté et condamné à une peine d’emprisonnement pour coups, blessures et ivresse. C’est à la prison qu’il a entretenu une relation ave un certain Saïd, qui purgeait une peine d’emprisonnement pour escroquerie. Spécialisé dans les faux visas et l’escroquerie, il l’a sollicité de travailler ensemble une fois relâché. Effectivement, ils ont entamé leur travail lorsqu’ils ont été libérés. Au fil du temps, Mohammed a commencé à travailler seul.
Quand il a remarqué que la police était sur ses traces, il a quitté Khouribga à destination de Casablanca, Berrechid, Chichaoua, Kelaât Sraghna et Tiflet où il a été épinglé.

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