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Un fléau en constante augmentation : Pédophilie, des lois sévères mais inappliquées !

© D.R

Au Maroc, les affaires de pédophilie se multiplient mais ne se ressemblent pas. Tous les jours, la presse nationale rapporte des actes cruels commis contre des enfants  tombés aux mains de monstres humains. Ceux-ci n’hésitent pas à multiplier leurs proies face au laxisme de l’arsenal juridique qui ne punit pas ou peu…

La semaine dernière, la justice a dit son mot dans l’affaire du ressortissant français qui a violé 4 filles à Fès. La Cour d’appel a condamné le touriste français à 8 ans de prison ferme et au paiement d’une compensation de 3.0000 DH à l’une de ses victimes. Pour rappel, le pédophile français a été arrêté, dans un atelier de couture de la médina,  en flagrant délit d’abus sexuel sur 2 filles mineures  âgées de 13 et 10 ans. Il s’est avéré par la suite que deux autres filles étaient aussi tombées dans les filets de ce prédateur âgé de 58 ans. Le verdict annoncé dans cette affaire a suscité l’indignation des familles des victimes, de la société civile mais aussi des  internautes qui regrettent ce jugement très «indulgent» comme on lit dans ce post publié sur Facebook «8 ans pour le viol de 4 filles… c’est vraiment de l’injustice. Ces sentences encouragent le tourisme sexuel et la pédophilie. Avec des verdicts pareils on encourage les pédophiles à violer nos enfants».

Maître Chakir Merimi s’est félicité pour sa part du verdict qui rend, selon lui, la justice aux victimes à la différence des sentences prononcées dans des affaires similaires «Je trouve que ce verdict est logique. Selon la législation, la peine maximale est de 10 ans. Il faut rappeler qu’au Maroc on n’a pas le principe du cumul, une personne qui a violé 2 ou 4 personnes écopera de la même peine. 

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Les articles de 484 à 487 sont clairs, la peine d’une agression sexuelle contre mineur peut aller de 2 à 30 ans de prison ferme. Le verdict dépend de preuves présentées, de la nature des faits et des liens qui unissent le violeur à sa victime.

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Je peux dire que 8 ans est une bonne peine pour ce pédophile, surtout que dans des affaires similaires les coupables ont bénéficié de liberté ou ont eu des sentences très légères. Maintenant, humainement parlant, je dirais que c’est de l’injustice. Nos enfants doivent être protégés. Je demande aux responsables de prévenir la pédophilie en sensibilisant à ce phénomène de société et en soignant les personnes susceptibles de passer à l’acte».

Si Maître Merimi trouve que cette sentence est juste, son confrère Maître Mohamed Zoubir, exprime son indignation «8 ans de prison pour un criminel qui a violé 4 filles est tout simplement de l’injustice. Ce pédophile aurait dû au moins être jugé à 20 ans de prison surtout qu’il a drogué des mineures avant de les violer. Nous remarquons que les affaires de pédophilie se multiplient dans notre société et cela est dû en partie à la clémence de la justice marocaine. Les peines prononcées sont souvent en deçà de la gravité des faits. Les verdicts varient selon l’interprétation du juge entre acquittement,  liberté provisoire, sursis ou quelques mois de prison ferme. A mon avis, la loi doit changer. Les personnes qui commettent ces crimes doivent être sévèrement punies».

Des lois sévères mais inapplicables…

Pour rappel, le code pénal marocain réprime fermement la pédophilie. L’article 484 stipule : «Est puni d’un emprisonnement de deux à cinq ans tout attentat à la pudeur consommé ou tenté sans violence sur la personne d’un mineur de moins de 18 ans, d’un incapable, d’un handicapé ou d’une personne connue pour ses capacités mentales faibles, de l’un ou de l’autre sexe».  L’article 485 pour sa part stipule : «Est puni de la réclusion de 5 à 10 ans tout attentat à la pudeur consommé ou tenté avec violences contre des personnes de l’un ou de l’autre sexe. Toutefois, si le crime a été commis sur la personne d’un enfant de moins de 18 ans (…), le coupable est puni de la réclusion de 10 à 20 ans».

Les articles de 484 à 487 sont clairs, la peine d’une agression sexuelle contre mineur peut aller de 2 à 30 ans de prison ferme. Le verdict dépend de preuves présentées, de la nature des faits et des liens qui unissent le violeur à sa victime (inceste, tuteur, professeur…) «Malheureusement, ces peines ne sont pas souvent appliquées et cela pour plusieurs raisons. D’abord, ça dépend du PV de la police ou de la gendarmerie, des aveux de l’accusé et des preuves réunies. Face au choc, certaines familles ne dénoncent que tardivement le viol de leur enfant, faute de preuve, de témoins ou du flagrant délit, certains juges allègent les peines. Je dirais aussi que certains magistrats ne sont pas formés pour traiter ce genre de dossier et  l’hypothèse de la corruption des magistrats n’est pas à écarter», explique cette experte qui veut garder l’anonymat.

Selon un rapport de la coalition contre les abus sexuels sur les enfants, la pédophilie est en constante augmentation au Maroc.  935 enfants ont été violés en 2015 contre 768 en 2013 et 713 en 2012.  Toujours selon le même rapport, 70 enfants âgés entre 5 à 14 ans seraient abusés sexuellement tous les jours au Maroc. Ces chiffres qui font froid dans le dos concernent des enfants en bas âge. Ces enfants et leurs familles ressentent un profond sentiment d’injustice lorsque le couple s’en sort avec des petites peines. Pour rappel, plusieurs actes de pédophilie sont perpétrés chaque jour mais très peu sont dénoncés ou avoués. 

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