Société

Un infanticide à la belle étoile

M’barka est née en 1975 dans une famille safiote modeste. Elle n’a jamais mis les pieds à l’école. Elle a passé son enfance et son adolescence près de sa mère, à faire tout sauf apprendre à lire et à écrire. Entre temps, elle a rejoint une famille pour travailler chez elle contre un salaire mensuel dérisoire, ne dépassant pas quatre cents dirhams. C’était une occasion pour elle pour échapper aux yeux de sa mère, de son père et de ses frères, un refuge pour ne plus rester sous leurs ordres. Elle ne doit qu’obtempérer à leurs demandes et les servir avec abnégation. D’un jour à l’autre, elle ne supporte plus leurs yeux qui comptent ses pas d’un moment à l’autre.
«Salut ma belle…», lui chuchote un jeune, Larbi, trente ans, quand elle faisait les courses chez un épicier du quartier où habitent ses employeurs.
Elle ne lui répond pas, tente de l’éviter. Larbi ne renonce pas, et continue de lui exprimer son amour: «Je veux te parler quelque part, loin du quartier…», lui demande-t-il.
Plus elle refuse, plus Larbi continue à la suivre à chaque fois qu’il la croise au quartier. Et enfin elle tombe entre ses mains. Ils commencent à sortir ensemble, à s’attabler dans des cafés, à partager le même lit chez l’un de ses amis.
M’barka devient amoureuse au point qu’elle ne pense plus qu’à lui. Il lui demande de se présenter à sa famille. Seulement, il trouve à chaque fois un prétexte pour fuir en avant. Elle croit à ses paroles, à ses propos mielleux au point qu’elle s’est livrée à lui corps et âme.
«J’ai tout perdu maintenant, tu dois te présenter chez mes parents pour me demander en mariage», propose-t-elle.
«Oui, je vais voir… Mais ne crains rien…Je vais te demander en mariage le plus tôt possible…», promet-il.
Ils continuent à se rencontrer et passer ensemble de bons moments sur le même lit au point qu’elle est tombée enceinte.
«Ne crains rien ma belle, je vais t’épouser…Mais il faut attendre que la santé de ma mère se rétablisse…» lui affirme-t-il quand elle a insisté sur la demande au mariage.
Les mois passent vite. Le ventre de M’barka devient bombé. Son accouchement n’est plus qu’une question d’une ou de deux semaines. Elle doit trouver une solution. Elle s’adresse une fois encore à Larbi, lui demande de la sauver. Mais en vain. M’barka ne peut plus rester à Safi. Elle a pensé à l’une de ses voisines qui demeure à Salé. Elle s’est rendue chez elle. Sa voisine ne veut pas d’elle parce qu’elle est enceinte.
Elle la chasse deux jours plus tard. M’barka se retrouve seule dans les rues de Salé, livrée à elle seule, sans soutien. Elle commence à passer des nuits sous la belle étoile. Heureusement, elle n’a pas été violée, ni agressée.
C’était une nuit d’octobre 2002 quand elle a ressenti des douleurs.
M’barka commence à accoucher, elle patiente, souffre, et essaie toujours de pleurer en silence. Le nouveau-né est une fille.
Le jour se lève. M’barka est toujours seule avec son bébé. Elle commence à l’allaiter et pleure. La nuit tombe. Elle s’est réfugiée dans une ruelle, a commencé par regarder sa fille avant de la mettre par terre et l’étrangler. Ses larmes coulent encore et encore. Elle reste quelques minutes près d’elle. Mais lorsqu’elle s’apprête à aller à un autre endroit, un passant la surprend, l’arrête et appelle la police. «Son père est à Safi» déclare-t-elle à la police. Larbi est également arrêté et attend actuellement son jugement avec son amante poursuivie pour infanticide.

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