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Un sit-in sera organisé lundi à Rabat: La grogne des dentistes ne faiblit pas

© D.R

Selon le Dr. Sdira, la notion de gratuité de soins est un leurre puisque les patients cotisent pour y avoir accès.

La Fédération nationale des syndicats des médecins dentistes du secteur libéral au Maroc (FNSMD) appelle à un sit-in le 18 juillet devant le Parlement à Rabat. Une mobilisation qui intervient, selon les professionnels du secteur, pour dénoncer un bon nombre de violations de leurs droits ainsi que pour la protection de l’accès du citoyen aux soins. Détails.

Le projet de loi n°109.12 portant code de la mutualité, le projet de loi 25-14 relatif à l’exercice des prothésistes dentaires, le projet de la généralisation de la couverture médicale et sociale pour les professions libérales ainsi que le projet de loi sur les retraites des professionnels et indépendants. Ce sont là les grands points qui ont, semble-t-il, poussé les médecins dentistes, soutenus par les pharmaciens et les médecins, à décider de descendre dans la rue (voir interview ci-dessous). Selon eux, bien que le gouvernement actuel ait légiféré un bon nombre de lois et ait démontré une grande volonté de protéger les professions médicales, d’autres éléments interviennent pour noyer délibérément ces acquis.
«Il existe des parties qui tirent profit du chaos que vit le secteur et fait en sorte que cela perdure», indique la FNSMD dans un communiqué dans lequel elle dénonce la mainmise de la politique sur les intérêts des citoyens. S’agissant du code de la mutualité, cette entité explique qu’il serait inadmissible que les mutuelles continuent à créer des centres de soins et de gérer ces unités tout en étant à la fois l’organisme qui les contrôle, qui finance et qui prodigue ces soins. «Ceci est en totale contradiction avec les dispositions prévues de l’article 44 de la loi n°65.00», précise à ALM Dr Mohamed Sdira. En sa qualité de président de la fédération, celui-ci attire l’attention sur le fait que les mutuelles ne paient pas d’impôts, contrairement aux professions libérales. Il ajoute également que la notion de gratuité de soins est un leurre puisque les patients cotisent pour y avoir accès.

«C’est un business qui signe la mise à mort de l’exercice des médecins dentistes du secteur libéral. Nous avons pourtant proposé d’accueillir ces patients sur présentation de leur carte d’adhésion aux mutuelles, et de leur garantir de ce fait la qualité du soin et le droit de choisir le médecin chez qui ils veulent être soignés», ajoute la même source. Pour la Fédération en effet, la situation touche directement les intérêts des assurés et des prestataires. D’un côté, le patient n’aura plus le libre choix de son médecin. D’un autre côté, ce dernier perdra l’autonomie de décision dans le domaine de la santé. «Les médecins chez eux (les organismes de mutuelles, ndlr), n’ont pas l’intégralité de la décision médicale. Selon des considérations économiques, il se peut, à titre d’exemple, qu’une étape du traitement soit supprimée. Ce qui n’est pas sans mettre en danger la santé du citoyen».
Sur cette question, et bien d’autres, la FNSMD dit être décidée à utiliser toutes les formes revendicatives afin de faire entendre sa voix. «Nous avons espoir que nos représentants parlementaires prennent conscience de l’ampleur et de l’importance de ces textes pour l’intérêt du citoyen», conclut Dr Sdira.

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«La mise à mort des professions libérales»
 

Dr.-Mohamed-SdiraTrois questions à Dr. Mohamed Sdira, président de la FNSMD

ALM : Vous dénoncer une certaine manipulation politique et populiste, qui se traduit pas un blocage de plusieurs lois régissant le métier. Pourriez-vous nous éclairer
davantage ?

Mohamed Sdira : Tout à fait. A quelques jours de ce qu’on peut décrire comme une fin de vie et un renouvellement de l’activité parlementaire, des motivations électorales font en sorte que plusieurs acquis nous soient ôtés. Si nous sortons lundi, c’est pour dénoncer le blocage du projet de loi concernant la retraites des indépendants, celui concernant la couverture médicale des professions libérales et celui de la loi 25-14 qui s’intéresse à la profession des prothésistes.  Pour ce qui est du très attendu  code de la mutualité, nous assistons à des reports injustifiés d’examen de la question, le dernier datant d’il y a deux jours. La délibération autour de ce code ne se fera donc, dans le meilleur des cas, que le 20 juillet.  Nous dénonçons fermement ces blocages qui menacent à la fois notre activité et l’intérêt du citoyen et espérons pouvoir accélérer le processus d’adoption de ces textes.

La première version du projet de loi 25-14 présentée par le gouvernement semblait avoir votre aval. Qu’a-t-il changé depuis ?

Comme précisé auparavant, le projet de loi en question a été orienté vers des objectifs électoraux, du fait que certains prothésistes «charlatans» sont membres des organisations syndicales alliés à certains partis.  Ce projet de loi est passé à l’unanimité à la première Chambre pour que l’on se retrouve ensuite face à un autre scénario une fois ce texte a atterri à la deuxième Chambre. Les partis, auparavant favorables, ont changé de camp, et de langage. Il faut souligner qu’il s’agit là d’une question de santé publique.  Si cette activité n’est pas régie, l’anarchie que connaît ce domaine va se poursuivre aux dépens des citoyens. Ceux-ci finissent par contracter des maladies graves tels le VIH, l’hépatite C et finissent souvent par assumer les lourdes conséquences se soldant parfois par la mort du «patient».

Qu’en est-il de la retraite et de la couverture médicale pour les professions libérales ?

C’est un dossier qui n’a que trop traîné. Il est urgent pour les professions libérales, y compris les professions médicales, qu’un cadre juridique voie le jour pour leur garantir ces droits vitaux. Ce sont des métiers à haut risque. Nous sommes constamment exposés à toutes sortes d’infections, certains parmi nous se retrouvent dans l’incapacité d’accéder aux soins, ni de s’assurer un lendemain décent à cause de l’absence de toute couvertures médicale et de retraite.

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