Société

Une vipère en son sein…

«Catastrophe ! j’ai perdu mon argent !…Qui l’a volé ?», crie Mohamed, en s’adressant à sa femme. Il a perdu les 300.000 dirhams qu’il gardait dans l’armoire. Perturbé, ce commerçant de 56 ans ne sait quoi faire. Il arpente sa chambre à coucher dans toute les sens. Il se lève et s’assoit, devant les yeux de sa femme, qui, elle aussi, ne sait quoi faire, sauf se taire et tenter de l’apaiser et de l’aider à se rappeler l’endroit où il avait laissé son argent. « …Personne ne touche à l’armoire sauf moi et toi…Je crois que tu les as mis quelque part… », lui dit-elle. Mohamed continue à hurler. « Non…Je ne l’ai pas touché depuis un mois, quelqu’un a du le subtiliser. Je ne suis pas fou ! C’est à toi de me dire qui entre dans notre chambre… », dit-il. Sa femme balbutie : « Personne…personne, calme-toi maintenant et Dieu résoudra ce problème Incha Allah… ». Mohamed ne veut et ne peut rien entendre. Il est hanté par l’idée de savoir qui a mis la main sur son argent. Il est sûr qu’il n’y avait pas touché. Mais l’argent n’est plus là. Comment 300.000 dirhams ont-ils pu s’évaporer ainsi ? Qui les a pris ? Il est seul avec sa femme dans cette chambre.
Certes, son fils et son frère et sa belle-soeur habitent avec lui. Mais il ne peut les soupçonner. Ce n’est pas la première fois qu’il garde son argent dans l’armoire. Il ne l’a jamais déposé à la banque, convaincu que c’est « h’ram En plus, sa femme ne quitte presque jamais la maison. C’est dur pour lui de perdre une telle somme. Il n’a pas pu supporter cette catastrophe. Il commence à délirer, à dire n’importe quoi, à accuser n’importe qui, même sa femme. Celle-ci tombe malade durant plusieurs jours. Mais il n’a pas pensé déposer plainte, car il n’ose pas jeter sa famille dans les rouages des interrogatoires. Des mois se sont écoulés. Tout est redevenu calme, comme s’il ne s’était rien passé.
Comme si Mohamed avait oublié la catastrophe qui lui était tombée dessus. Il reprend son travail sans plus jamais des 300.000 dirhams. « La somme est importante, mais que puis-je y faire ? » répond-il à ses amis qui viennent le réconforter. Cela ne l’empêche pas de continuer à garder son argent chez lui. Il n’a pas retenu la leçon, qui était pourtant cher payée. « En Islam, il est illicite de déposer de l’argent dans la banque…Les intérêts qui sont de l’usure… » répond-t-il à son enfant à chaque fois que celui-ci lui conseille d’ouvrir un compte bancaire. Deux mois passent, Mohamed rentre chez lui, ouvre son armoire. Il voulait y déposer une somme d’argent. Mais c’est le choc. Les 180.000 dirhams qu’il y avait mis, il y a quelques jours, ont disparu. Il tombe à terre, perd connaissance. Sa femme se lève, se dirige vers lui, appelle son fils. « Qu’est ce qu’il lui arrive ? » demande son fils. « Je ne sais pas, mon fils. Il a ouvert l’armoire, fouillé dans ses vêtement et s’est évanoui sans dire mot » lui répond-t-elle. Ils lui donnent de l’eau et les médicaments qu’il utilise. Mohamed se réveille lentement, les regarde un par un et s’écrie : « Est ce qu’il y a des voleurs dans ma maison ? Qui a volé une fois encore mon argent, qui ? ».
Sa femme garde le mutisme. Son fils tente de le calmer en lui disant : « Père, je t’ai dit de mettre ton argent à la banque, je ne sais pas pourquoi tu ne le fais pas ». Mais qui les subtilise, c’est ce qui lui importe. Au fil des jours, sa santé se rétablit. Cette fois, il insiste pour connaître l’auteur ou au moins où s’est évaporé son argent. Il rencontre un ami à qui il raconte son histoire. Ce dernier lui propose de l’emmener chez un f’kih. Mohamed ne manifeste aucun refus. Il le rencontre. « Mais tu es ensorcelé ! C’est une femme de ta famille qui t’a ensorcelé et elle a enterré les sortilèges malfaisants au cimetière abandonné de Sidi Messaoud », lui dit le F’kih, Mustapha, 47 ans.
Mohamed lui verse 5.000 dirhams pour lui déterrer le s’hour. Le f’kih reçoit l’argent. Mais s’est-il rendu au cimetière ? Mphamed n’en sait rien. Il ne pense qu’à son argent. Le f’kih lui rend visite, lui explique : « Vraiment tu étais ensorcelé, j’ai déterré des amulettes qui encourageaient des démons à s’en prendre à ton argent… ». Mohamed reste bouche-bée. Il n’aurait jamais imaginé être un jour victime des démons. « Mais qu’est ce qu’ils veulent de moi ? » demande-t-il au f’kih. Celui-ci tente de l’apaiser et lui promet tout son possible pour l’exorciser. « Je vais maltraiter ces j’noune pour qu’ils me disent qui a subtilisé ton argent tu vas voir Incha Allah… ». Mohamed lui remet une autre somme de 5.000 dirhams. Le f’kih les empoche et rebrousse chemin. Deux semaines plus tard, le f’kih retourne chez Mohamed, lui livre des amulettes et des encens. Il reçoit une somme de 10.000 dirhams. Le total est donc de 20.000. Les deux hommes fixent rendez-vous pour le lendemain. Un jour, deux jours, une semaine, deux semaines sont passées et le f’kih ne donne plus signe de vie. Il a disparu comme par enchantement. Mohamed recourt à la police, dépose plainte. La police arrive à l’arrêter et le met entre les mains de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Hay Hassani-Aïn Chok. Le f’kih a été condamné à six mois de prison ferme. Et Mohamed, le commerçant a perdu, en outre, 20.000 dirhams. Mais qui lui a subtilisé les 480.000 dirhams ? C’était sa belle-soeur.

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