Société

Université de Fès : les cours boycottés

L’Université Mohamed Ben Abdallah à Fès est en ébullition. Les facultés des sciences et de droit relevant de cet établissement vivent ces deux derniers mois au rythme des sit-in et des manifestations de protestation. En colère, des milliers d’étudiants soutiennent leurs camarades qui auraient été renvoyés par la direction.
A la faculté des sciences, les étudiants, qui se sont vu notifier verbalement la décision de leur renvoi définitif, observent, depuis plus d’un mois, un sit-in de protestation devant les bureaux de la direction. Selon l’Union nationale des étudiants au Maroc, 400 étudiants sont concernés par cette décision. Face au mutisme des responsables de cette  faculté, l’UNEM a décidé d’utiliser les grands moyens pour faire entendre sa voix. Ainsi, a-t-elle lancé un appel au boycott massif et illimité des cours depuis lundi 13 novembre. Pour soutenir leurs camarades, l’ensemble des
étudiants de l’établissement ont répondu favorablement à l’appel.
«Face à l’indifférence de la direction, nous ne pouvons que réagir. La Faculté vit actuellement une crise. Les conditions d’un enseignement de qualité ne sont pas assurées : manque d’équipements, nombre d’enseignants insuffisants et le reste à l’encan. Le fait de renvoyer 400 étudiants est une aberration ! Ce problème est tout simplement la goutte qui a fait déborder le vase», s’indigne Mohamed Touil, membre de l’UNEM.
«Ils nous privent de notre droit à l’enseignement», lance Leïla Laâmarti, qui a refait deux fois les mêmes modules sans les réussir. Cette jeune native de Taounate se dit victime d’une décision prononcée au nom de la réforme universitaire.
Pour Mohamed Touil, la cause serait liée uniquement aux problèmes de  sureffectifs dont la faculté souffre depuis des années. «Pour réduire le nombre des étudiants de cet établissement, la direction a procédé au renvoi», déclare ce jeune étudiant qui affirme que la Faculté a vécu l’année dernière les mêmes incidents. Et d’ajouter que «face aux manifestations des étudiants, la direction a fini par céder et a procédé à la réinscription des étudiants qu’elle a renvoyés». Les contestataires disent être déterminés à prolonger leur mouvement de protestation jusqu’à obtention de gain de cause.
Contacté par ALM, le doyen de la Faculté des sciences, Ahmed Iraqi, n’a pas voulu s’exprimer sur le sujet.
A la Faculté de droit, «plusieurs centaines d’étudiants ont été renvoyés», affirme Mohamed Touil. Aussi les étudiants ont-ils décidé de boycotter les cours les 15, 16 et 17 novembre par solidarité et suite à l’appel lancé par l’UNEM.
Pour le doyen de cet établissement, Farissi Serghini, il s’agit uniquement de surenchère. «Nous n’avons renvoyé personne. Certains étudiants ont demandé une dérogation pour refaire certains modules non validés. Il s’agit de quelques étudiants, une minorité, qui fait tout pour perturber le bon déroulement de l’année universitaire. La procédure pour l’obtention de la dérogation est en cours. Nous étudions les cas l’un après l’autre», réplique M. Serghini, qui a refusé de dire la date à laquelle cette  procédure pourrait arriver à terme.
Pour le directeur du département de l’enseignement supérieur au ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique, Bachir Kohl, la nouvelle réforme donne droit à chaque étudiant de passer deux fois un module non validé, sauf dérogation du doyen. «Le principe du renvoi des étudiants n’est pas prévu par la nouvelle réforme. Toutefois, celle-ci confère aux universités plus d’autonomie. Chaque établissement universitaire possède son régime des études», souligne M. Kohl.

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