Société

Vers une véritable coalition politique pour la démocratie 

© D.R

La coalition politique pour la démocratie de huit partis appelée G8 est apparue dans un contexte sociopolitique assez particulier. Un contexte marqué par une importante déstructuration et restructuration des aspirations du peuple marocain. En effet, sur le plan politique et social notre pays a connu avec «le printemps arabe» la mise en lumière des frustrations refoulées d’une partie importante de la population. Des frustrations qui se sont matérialisées par des protestations quasi continues. Et les jeunes, principaux artisans de ces revendications, ont porté haut et fort leurs aspirations pour le nouveau Maroc. La conséquence immédiate de ces revendications a été l’accélération du processus de redéfinition de l’organisation des pouvoirs par la mise en place d’une nouvelle Constitution répondant aux aspirations du peuple marocain. Ouvrant par la même occasion des perspectives intéressantes pour un remaniement du champ politique marocain. Car loin s’en faut, le champ politique marocain actuel reste caractérisé par un désordre organisationnel et idéologique. Il connaît une multiplicité de partis politiques, ce qui ne signifie pas pour autant multiplicité politique. Il y a une absence manifeste et flagrante de pôle déterminé. Les projets des partis politiques qui se rassemblent les uns des autres, discréditent ceux-ci auprès des citoyens. Un discrédit accru par une forte absence d’encadrement et de proximité avec les citoyens. Dès lors, comment peut-on dans un tel contexte accéder à la démocratie participative telle qu’elle est souhaitée par le nouveau texte constitutionnel et dans les discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI ? Comment peut-on donner satisfaction aux jeunes qui revendiquent plus qu’hier un Maroc nouveau de justice, d’égalité et de transparence ? Il est certes vrai, comme nous l’avons reconnu que les partis politiques marocains ont perdu en crédibilité mais est-ce à dire qu’on pourrait faire table rase sur les politiques existants aujourd’hui ? Autrement dit peut-on envisager partir vers ce Maroc nouveau d’un point Zéro et tomber dans l’anarchie? Ou alors songer à une refondation de nos idées et de notre façon de faire la politique ?
A ces différentes questions plusieurs réponses peuvent être apportées mais pour notre part, nous nous alignons sur la perspective d’une refondation de nos idées et notre façon de faire et de voir la politique. Il est par conséquent indéniablement intéressant de reformuler nos idées, repenser notre avenir ensemble, réunir nos énergies. L’initiative de «l’Alliance pour la démocratie» peut être une chance inouïe pour arriver à cette fin. Plus encore elle peut être une véritable chance pour redessiner la carte politique du projet du millénaire de notre pays. Car cette initiative réussit à confédérer des partis aux idéologies différentes. Il est certes vrai que certains de ces partis ont été considérés comme des partis proches du Trône. Mais n’est- ce pas aussi vrai qu’aujourd’hui, lors des différentes manifestations, tout le peuple marocain s’est rendu compte que c’est le Trône qui est le garant de la stabilité du Maroc. Se réunir autour de la volonté royale n’est-il pas un chemin vers la réconciliation nationale ? La réorganisation du champ politique et la réflexion sur un projet réformateur ?
L’Alliance pour la démocratie qui s’est formée le 5 octobre dernier est de prime abord une initiative courageuse. Elle permet de constater qu’il est possible de transcender les clivages idéologiques afin de promouvoir l’intérêt général. L’Alliance pour la démocratie sera peut-être au soir du 25 novembre le gouvernement de demain. Il faudra alors de fait gouverner avec les différentes  idéologies présentes. Ce qui veut dire qu’il faudra composer avec  les différents partis politiques qui ont des projets politiques certes similaires mais présentent aussi des divergences. Il faudra alors pour surmonter l’obstacle idéologique une bonne dose de flexibilité. Une dose de flexibilité qui suppose des concessions de part et d’autre des différents acteurs afin de chercher sans cesse les points communs pour construire l’intérêt général recherché à travers cette coalition. Car on ne le dira jamais assez, toute coalition politique est entente d’action pour l’intérêt général. Les 7 priorités récemment définies de commun accord par les partis politiques formant cette alliance met en lumière cette exigence. Tous  sont en effet d’accord pour accorder une priorité à l’économie en libéralisant les mécanismes de structuration afin d’accroître la croissance de notre pays, tout en continuant la politique des projets structurants en cours. Une lecture approfondie du programme de l’Alliance pour la démocratie laisse transparaître cette envie de faire primer l’intérêt général. Toutefois, le fait que ce projet soit porté par des hommes ne le soustrait pas à des envies égoïstes personnelles ou partisanes. Les égoïsmes à des fins personnelles devront faire place nette à l’intérêt général. Dès lors, la reddition des comptes sur laquelle est basée la feuille de route de cette  «Alliance pour la démocratie»  devra être non seulement effective en tout temps, mais aussi présente en tout lieu. Les responsables politiques doivent apprendre à rendre des comptes aux citoyens qui leur donnent la légitimé d’agir en leurs noms. Aussi l’autre lecture qui nous fait dire que cette alliance vise effectivement l’intérêt général est son caractère  «ante –élection» pour dire tout simplement que c’est une coalition qui respecte les électeurs, les citoyens. Elle dit clairement aux citoyens  : «Nous nous sommes réunis pour faire avancer le Maroc». Nous avons l’habitude de voir des coalitions et des alliances se former après les élections. Ces alliances qui sont généralement réalisées pour gouverner ne respectent pas le choix des électeurs. Alors que dans le cadre de cette nouvelle alliance qui s’est bien dessinée avant les élections, les citoyens ont plus de visibilité.  Et cette visibilité doit être durable comme l’alliance elle-même. Ce qui suppose alors nécessairement une réflexion profonde sur la philosophie de cette alliance. Il faut qu’il existe un climat de confiance entre les différents partenaires de cette alliance, une égalité interdisant la domination d’un parti sur les autres. Il ne faut pas qu’un seul parti mène la course mais que le mouvement soit homogène et véritablement intégré. Ce qui conduira alors les partis membres de cette alliance à se sentir détenteur de ce projet. Le résultat ne pourra qu’être l’organisation du champ politique de notre pays par l’ouverture sur toutes les potentialités humaines dont nous disposons. Cette alliance pourra ainsi s’inscrire dans la durabilité avec des conceptions claires et des perceptions bien avancées. Par contre si cette alliance est juste réalisée pour franchir l’étape des élections en essayant d’obtenir le maximum de voix pour contrer les adversaires ; et accéder au pouvoir, ce projet d’alliance est assurément sans avenir. Et viendra s’ajouter aux lots des désillusions politiques que connaissent déjà les citoyens de notre pays.

  Dr. Saida Latmani
Professeur à la Faculté de droit-Tanger
Membre du bureau politique du Parti de la renaissance et de la vertu

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