Société

Violée et jetée du 4ème étage

Dans ce monde aussi répugnant, dans cette vie qui ne fait pas de cadeau, Habiba El Hamani, 18 ans, n’a jamais eu droit au rêve. Elle se contente aujourd’hui de regarder autour d’elle, au pavillon 32, au service de dermatologie pathologique de l’hôpital Ibn Rochd à Casablanca et de contempler, assise près d’elle, en larmes. Elle s’interroge sur les circonstances et les raisons qui l’ont amenée dans ce pavillon, elle qui a passé la majorité de sa vie, près de ses parents à Ouezzane. Elle se demande pourquoi ses parents ne lui ont pas permis d’aller à l’école, elle et ses trois sœurs.
Certes, l’indigence est une machine qui les rongeait au point qu’ils ne disposaient parfois même pas de quoi se nourrir. Mais pourquoi ont-ils permis aux deux garçons d’aller à l’école ? L’un d’eux n’a pu toutefois pu dépasser le primaire pour se retrouver à la rue. Elles auraient pu, elle et ses sœurs, réaliser les espoirs qu’ils fondaient sur les deux garçons. Elle ne trouve pas de réponse à ces petites questions lancinantes. En revanche, elle est convaincue que lorsque l’analphabétisme et l’indigence s’unissent, ils ne peuvent accoucher que d’un être désespéré et sans avenir. Les jours passent et les souffrances de Habiba s’accentuent, exacerbées par une indigence matérielle insupportable. Elle est condamnée, en conséquence, à sortir de chez elle pour travailler, aider sa famille et… se retrouver confrontée à un monde sans pitié. Seulement elle n’aurait jamais pu imaginer être un jour être réduite à l’état d’un corps sans âme, un être dépouillé de sa dignité, «la seule chose qui me restait pour me défendre». Un beau jour, elle quitte son domicile d’Ouezzane, pour aller travailler chez une famille, qui l’exploite contre un salaire dérisoire. Un peu plus tard, elle retourne chez ses parents. Mais elle n’y reste pas longtemps. «E.B, le propriétaire d’un café à Ouezzane m’a proposé de travailler chez sa sœur à Casablanca, juste pour garder ses deux enfants en bas âge», affirme-t-elle les larmes aux yeux. Elle l’accompagne jusqu’à un appartement situé au deuxième étage de la résidence Najma Dahabia, au boulevard Emile Zola. Là, elle commence à s’habituer à sa nouvelle employeuse, Rachida. Et elle essaie de faire de son mieux pour répondre aux attentes de son employeuse. Quatre mois plus tard le frère de celle-ci, celui-là même qui l’a ramenée d’Ouezzane vient rendre visite à sa sœur, Rachida. Un jour du mois d’avril passé, il rentre à la maison. Sa sœur est sortie faire des courses. Après lui avoir ouvert la porte, Habiba retourne dans la chambre. Il la dévisage de haut en bas, une lueur de désir dans les yeux. Un instinct bestial se réveille en lui au point qu’il ne peut s’empêcher de lui faire des propositions indécentes. Devant le refus de la jeune fille, il se jette sur elle pour la violer sans pitié.
Après avoir accompli son forfait, il la menace de la tuer si d’aventure elle rapportait à sa sœur ce qui s’était  passé. Pourtant, elle s’adresse à son employeuse pour lui relater sa mésaventure, croyant qu’elle pourrait la protéger des menaces de son violeur. Mais, au lieu de la défendre, Rachida, la séquestre dans l’appartement, ne la laissant plus sortir, même pour faire des courses. Craignant en cela qu’elle n’aille divulguer le secret aux voisins, puis à la police. Pire encore, elle n’hésite plus à la fouetter et à l’affamer. «Je suis restée quatre jours sans rien manger », raconte-t-elle. Les voisins commencent à entendre ses appels au secours et ses cris et lamentations, quand elle subit une séance de maltraitance… Quelques-uns d’entre eux menacent Rachida d’alerter la police. Aussitôt, elle la fait monter à la terrasse située au quatrième étage de l’immeuble. Pourquoi faire ? «Là, elle m’a poussée dans le vide…
Heureusement, ma chute a été amortie par un arbre, puis par une bâche, avant que j’atteigne le le sol… », explique-t-elle, invoquant la grâce divine. Une chute qui lui a quand même causé une grave fracture au niveau de la jambe gauche et des blessures au visage et au dos. La police du 31ème arrondissement de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ a dressé le procès-verbal de ce fait divers. Mais il n’y a pas eu de suite. Raison pour laquelle, le père de la victime, Ali, a déposé, mardi une plainte auprès du parquet général. Ce dernier a donné, le même jour, ses instructions à la police judiciaire de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ, qui a ouvert, hier, mercredi, une enquête pour tirer l’affaire au clair.

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