Société

Violence en milieu scolaire : faut-il s’alarmer ?

© D.R

 
Faut-il s’alarmer de la violence dans l’école? Pour le corps professoral, ce phénomène fait partie de la vie courante. Et il n’est pas le problème le plus préoccupant de l’enseignement. «L’école vit des problèmes plus graves, je cite, entre autre, l’absentéisme des enseignants et des élèves», a déclaré à ALM Tijania Fertat, présidente de l’académie de Rabat-Salé. Et Ali Berrad, responsable à la délégation de l’enseignement de Salé renchérit : «Ce phénomène ne devient grave que quand il apparaît dans un fait-divers». «L’année dernière, un élève avait tué un autre à l’extérieur de l’école, et tout le monde a associé cela à la violence à l’école. C’est symptomatique de la responsabilité qu’on fait porter à cette dernière», explique M. Berrad.Selon lui, l’enfant passe six heures dans l’école, c’est à la société de prendre le relais durant les 18h qui restent. Il faut aider l’école, à travers les maisons de jeunes, les associations de quartier… Mais où se trouve cette violence qui prend diverses formes et sur laquelle les responsables ne veulent pas focaliser estimant que les chiffres sont exagérés?
La violence exercée par l’enseignant sur l’élève sévit dans le primaire, selon les chiffres de 2009 de l’association CDG (voire entretien), ainsi que ceux d’une étude de l’Unicef en 2005 (voire édito, 87% des élèves de 6ème disent avoir été frappés). La donne se renverse plus au moins au collège et au secondaire étant eux–mêmes des périodes transitoires. Comme si les élèves, qui sont désormais des adolescents en plein changement physique, psychique et physiologique, prenaient leur revanche. La violence des élèves au collège envers (eux-mêmes), leurs camardes, leurs professeurs, les biens de l’établissement devient plus marquée. «Cette violence en augmentation est signe d’un malaise, un malaise individuel qui devient collectif», souligne Bouchaib Karoumi, pédopsychiatre. D’après lui, elle est générée par une interaction de plusieurs facteurs qui impliquent la famille, les établissements scolaires et la société. Et chacun doit assumer ses responsabilités.
 «L’éducation c’est avant tout l’affaire de la famille, on ne peut pas exiger de l’enseignant de combler cette faille quand elle existe», explique Dr Karoumi. Les jeunes souffrent de problèmes familiaux, violence de leurs parents, oppression de pères trop autoritaires, pauvreté, problèmes dans leurs quartiers. «C’est d’ailleurs ce malaise qui pousse certains élèves à la consommation de la drogue qui est aussi une des causes de la violence», précise le pédopsychiatre. On peut même constater la présence de revendeurs, aux alentours et au sein même de l’école. Il y a aussi des causes structurelles comme le surchargement dans les classes qui rend le travail difficile. L’ambiance ne facilite pas l’acquisition scolaire (vacarme, désobéissance, négligence…) et l’on ne peut pas enseigner normalement. Il y a le manque d’infrastructures (terrains, bibliothèque, ateliers) dans les écoles et dans les quartiers, d’où le manque d’activités qui favorisent l’imagination et canalisent l’énergie des élèves (sport, art…). Les élèves se plaignent aussi du manque de dialogue entre enseignants et élèves. Le manque de considération ne permet pas à l’élève de s’exprimer.
Les élèves souffrent du comportement sévère des enseignants produit des situations de tensions. Mais selon Mahfoud Guitouni, membre de l’association « Aljoussour National» à Oujda, la principale cause de cette violence, ce malaise des élèves se résume dans le fait que ce dernier est mal orienté. L’élève est livré à lui-même. Une grande proportion des jeunes du collège ne sait pas pourquoi elle vient à l’école. Les élèves ne savent pas quel est le métier qu’ils veulent faire, quel est l’itinéraire qu’ils veulent suivre. Les parents pour leurs parts ne font plus confiance aux associations. Les diverses activités de ces dernières, les excursions, les colonies de vacances autant que l’école et la famille, et les divers composantes de la société ont pour rôle d’initier les élèves, les adolescents à devenir de bons citoyens, leur apprendre la vie en société, les socialiser. Mais l’élève, en restant livré à lui-même, dans sa solitude, son autisme d’adolescent, c’est la rue, Internet… qui assument sauvagement ce rôle de socialisation et d’initiation.

1.000 cas de violences en milieu scolaire recensés en 2009 
Les dernières statistiques du Centre des droits des gens (CDG) au titre de l’année 2009 ont recensé 1.000 cas de violences en milieu scolaire au niveau national. Les violences corporelles viennent en tête avec 400 cas (40%), suivies des violences psychologiques (350 cas). Les violences sexuelles arrivent en troisième position avec 126 cas, soit 12,6%. Pour la seule région de Fès-Boulemane, 126 cas ont été dénombrés dont 81 cas pour les violences corporelles (64,28%), 36 cas pour les violences psychologiques (28,57%) et 9 cas pour les violences sexuelles (7,14%). Les violences physiques sont essentiellement des châtiments corporels allant de la gifle aux coups avec des tuyaux , règle en fer, fils électriques, bâtons , coups de pied…. La violence psychologique qui est difficilement quantifiable se manifeste essentiellement à travers les insultes qui touchent la dignité de l’enfant. Quant à la violence la plus cruelle pour un enfant, à savoir la violence sexuelle, elle concerne les attouchements et les viols.

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