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Youssef Boualam: « Face à une rage de dent, la population se sert du présent et du tout près»

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ALM : Que signifie une autorisation provisoire dans votre métier? Pourquoi est-elle provisoire ? A qui peut-elle être délivrée?
 

Youssef Boualam : Aujourd’hui, nous ne délivrons plus d’autorisations provisoires au Maroc. Dans le temps, il y avait un amalgame. Le métier du prothésiste dépendait à la fois du ministère de l’artisanat, puisqu’il est considéré comme de l’art dentaire, et de celui de la santé. Ces autorisations seront délivrées jusqu’aux années 90. Ensuite, des centres de formation privés et étatiques proliféreront un peu partout dans le Royaume mais malheureusement, en l’absence de toute réglementation du métier, on peut toujours s’improviser prothésiste.

Quel schéma suit-on pour obtenir une autorisation?

Tel que précisé auparavant, la profession était rattachée aux ministères de l’artisanat et de la santé. Petit à petit, le département de l’artisanat a cédé la place à celui de l’Intérieur. Pour avoir une autorisation d’exercice et d’ouverture de cabinet, il faut d’abord remplir un certain nombre de conditions (dont celle d’une formation reconnue, ndlr). Si c’est le cas, la demande est adressée en premier lieu à la préfecture, qui la soumet à son tour au Secrétariat général du gouvernement pour atterrir finalement au service de réglementation du ministère de la santé qui vérifie l’authenticité des diplômes. Une fois validée par le ministère, la demande fait le chemin inverse jusqu’à la préfecture qui, au final, donne une suite favorable à la demande.

Et pourtant, certains exercent sans formation aucune. Qui peut-on blâmer dans ce cas ?

Nous sommes tous responsables. Nous ne pouvons pas avoir un seul acteur à sacrifier dans cette équation. Tout le monde a quelque chose à se reprocher, partant de l’Intérieur qui délivre ces autorisations, aux dentistes qui font dans certains cas appel à leurs services car souvent moins chers ou sans facturation, jusqu’au citoyen. Ce dernier doit être sensibilisé à la question. Un mécanicien n’exerce pas en bouche du patient.

Le Maroc est parmi les rares pays qui souffrent de ce phénomène de «charlatans», pourquoi a-t-on du mal à le contenir?

Il faut assainir la profession. Stopper une hémorragie de cette ampleur demande des actions. Pourquoi ne pas imposer un concours national à tous les lauréats d’écoles et d’instituts de prothèses ? Créer un examen national peut être très bénéfique pour la qualité des prestations légalement proposées. Pour ce qui est des « charlatans », un recensement s’impose. Il faut inspecter, identifier, pour ensuite trouver des solutions.

Pour ce faire, tout le monde doit mettre la main à la pâte. Le problème de répartition géographique des soins buccodentaires sur le territoire se pose également. Dans certaines zones rurales, on constate l’absence totale de dentistes et de centre de soins dentaires. Face à une rage de dent, la population se sert du présent et du tout près.

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