Société

Zaki : un homme à la (double) peine

© D.R

Ahmed Zaki a résidé en France pendant plus de 30 ans. C’est là-bas qu’il a fait sa scolarité, qu’il s’est marié et qu’il a eu deux garçons de nationalité française. C’est là-bas aussi qu’il a «dérapé» et qu’il a été jugé dans le cadre de la double peine, il y a presque sept ans. En 1999, il a été condamné à trois ans de prison ferme pour vol de scooter et de consommation de cocaïne, puis à sa libération en 2002, il a été directement expulsé au Maroc. Un an après, Nicolas Sarkozy a fait voter une loi abolissant la double peine avec effet rétroactif. Une bonne nouvelle pour Ahmed Zaki puisqu’il pouvait désormais retourner en France et retrouver sa petite famille. Au lendemain de cette annonce, il a déposé une requête et une demande de visa d’entrée au consulat de France à Rabat. Mais son bonheur n’a été que de courte durée. A sa grande surprise, sa demande a été refusée. Ne donnant aucune explication, les services consulaires lui ont suggéré d’introduire un recours auprès du Tribunal de Nantes, mais toujours sans garantie aucune. « L’adjoint du consul du visa m’avait reçu personnellement. Il m’avait confié que du moment que j’avais gagné le procès, je devais retourner en France sans problème. Il m’avait conseillé de prendre un avocat. C’est ce que j’ai fait ». Ahmed Zaki n’a donc pas tardé à suivre ce conseil. N’ayant pas de quoi le payer, il a fait appel à la Fondation Hassan II pour les MRE. Celle-ci s’est engagée à supporter tous les frais engendrés par cette affaire. Coincé au Maroc, Ahmed Zaki tape à toutes les portes avant de décider d’entamer une grève de la faim le 15 février dernier devant le consulat de France, à Rabat. «J’ai fait le tour des médias et des ministères. Mais je suis profondément déçu parce qu’apparemment personne ne peut rien faire pour moi. Pourtant, j’ai gagné le procès et c’est de mon droit de retourner auprès de mes enfants.»
C’est Driss Benzekri, président de l’Instance Équité et Réconciliation, qui a réussi à le convaincre de mettre fin à sa grève de la faim avec la promesse de faire de son mieux pour trouver une solution. Mais jusqu’à ce jour rien n’a été fait. «Je ne sais plus quoi faire. J’ai passé quatre ans de galère au Maroc. Je ne mange pas à ma faim et je n’ai pas de quoi me soigner. Ma femme est très malade et mes enfants sont placés dans une pension».  Il y a quelques jours encore, Ahmed Zaki était parti voir Nezha Chekrouni, ministre déléguée auprès du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération chargée des Marocains Résidents à l’Etranger, dans l’espoir de trouver une solution à son problème. Mais peine perdue. «J’ai eu Mme Chekrouni au téléphone à plusieurs reprises, elle a parlé à ma femme et même à mes enfants. Cela fait maintenant 18 mois qu’elle connaît mon dossier. Elle nous a promis beaucoup de choses. Elle m’a même répété que c’était de son devoir de m’aider mais en fin de compte, ses promesses ne valent rien du tout. Je ne comprends pas pourquoi tous ces mensonges». Ahmed Zaki est désemparé. Il ne sait plus vers qui se tourner. «Je fais appel à Sa Majesté le Roi pour soulever mon problème. Il faut croire que c’est mon dernier espoir». Ahmed Zaki n’a plus rien à perdre, il a déjà tout perdu. Il envisage de reprendre sa grève de la faim si rien n’est fait d’ici l’été.


 Qu’est-ce que la double peine ?


La double peine est la possibilité donnée au juge pénal
de condamner les étrangers reconnus coupables, à une peine d’amende, d’emprisonnement ou de réclusion pour l’infraction commise mais aussi à
la peine d’interdiction du territoire temporaire ou définitive réservée aux seuls étrangers. Cette "double peine" peut aussi prendre la forme d’un arrêté d’expulsion, pris par le préfet ou le ministre de l’Intérieur.
Interdiction du territoire et expulsion peuvent d’ailleurs se cumuler. Les étrangers conce-
rnés par ces mesures doivent donc quitter le territoire, quitter leurs familles et rejoindre un pays où ils peuvent n’être jamais allés et dont ils ignorent tout.


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