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Abbadi : « Comment passer un ramadan sain »

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ALM : Quelle recette proposez-vous pour une bonne nourriture spirituelle pendant le mois du Ramadan ?
Ahmed Abbadi : Le Ramadan est une occasion annuelle pour pouvoir recogiter sur soi-même, l’environnement, le passé, le présent et l’avenir. Ce qui facilite cette opération, c’est le fait de se savoir, dans une période embaumée de tous les genres de sens spirituels. Pour toute musulmane et musulman, le Ramadan est le mois où le Saint-Coran fut révélé.
Le Ramadan est aussi une période d’apprentissage pour pouvoir réacquérir la capacité de dire « non » qui est d’ailleurs une capacité bien précieuse qu’on achète de nos jours dans des centres spécialisés qui sont censés nous apprendre à dire « non » à l’alccol, à la cigarette et à d’autres formes d’addiction. Le Ramadan est aussi l’occasion de pouvoir repenser ses convictions et revisiter notre cosmologie, notre vision du monde… C’est l’occasion de pouvoir relire le Coran.

Mois d’abstinence, le Ramadan est, aussi et paradoxalement, le mois de tous les excès. On mange beaucoup, on regarde trop la télé… Qu’est-ce qui explique cette boulimie ?
Lorsqu’on est privé pendant la journée sans avoir situé le fait dans un environnement convictionnel et spirituel, on a tendance à re-compenser pendant le soir. Et d’une manière- en général- non équilibrée parce qu’il n’y a pas d’encadrement suffisant du point de vue médical, nutritif, pour que les gens soient conscients de l’équilibre calorifique à établir.
La majorité des Marocaines et des Marocains ne prêtent pas une attention suffisante au côté nutritif afin de savoir la charge calorifique et la qualité nutritive des différents mets pour pouvoir s’abstenir au nécessaire, tout en se concentrant sur la qualité et non pas sur la quantité.
Lorsqu’on investit le temps nécessaire pour réfléchir avant d’établir son menu pendant le mois du Ramadan dans la mesure du possible, on peut éviter beaucoup d’excès relatifs au volet nutritif. Pour ce qui est du volet culturel, il y a une relation d’interdépendance avec le volet nutritif parce que lorsqu’on «se goinfre», on va s’alourdir et par conséquent on va rester cloué sur son sofa ou sur son « seddari » pratiquant l’activité la plus facile dans cette condition et qui est le « watching » et le « zapping ». On aura donc raté le coche et loupé la quintessence du mois du Ramadan. Par conséquent, il faut songer, -sérieusement-, à y remédier.

Quel genre de bénéfices peut-on tirer du Ramadan ?
On peut rétablir ses repères, resituer ses relations et pratiquer des activités spirituelles et sociales dont on n’a pas l’occasion de jouir pendant le restant de l’année. Parce que, pendant le Ramadan, il y a cette « wave » collective qui encourage et facilite ce genre de pratiques.

Contrairement aux valeurs de tolérance qui doivent régner pendant le Ramadan, plusieurs  jeûneurs ont tendance à s’énerver facilement. Qu’est-ce qui serait à l’origine de cette nervosité ?
Lorsqu’on ne situe pas le jeûneur dans un contexte spirituel et dévotionnel, il est bien difficile de pouvoir assimiler les déséquilibres physiologiques et psychologiques s’y référant parce qu’on va se retrouver automatiquement en train de suivre une foule qui jeûne sans trop comprendre les objectifs de cette pratique. Et donc cela devient une contrainte qui génère une pression psychologique qui se traduit par un sentiment de frustration. Par contre, lorsqu’on prend son temps pour cogiter sur cette activité et sur sa finalité, on la pratique par conviction et responsabilité. Et par conséquent on assimile et on assume tous les genres de contraintes, de difficultés et de déséquilibres pouvant en résulter. C’est ce qu’on appelle en Islam le renouvellement de la « nia» à chaque «shour», ce qui signifie un engagement conscient de la part des musulmanes et musulmans. Cela facilite le jeûne et évite la «tramdina».

On dit souvent que le Ramadan pénalise le travail. Qu’en pensez-vous ?
C’est dû aux défaillances organisationnelles et gestionnelles qui affectent notre train de vie quotidien. C’est une équation bien simple : lorsqu’on mange plus qu’il ne faut, lorsqu’on veille plus qu’il se doit, et on dort moins que ce qui est nécessaire, il est tout à fait normale que la journée connaisse une baisse dans le rythme du travail. Il convient donc  d’éviter ce genre de dysfonctionnements qui rejaillissent automatiquement sur notre productivité. Car avec un peu d’organisation et de consolidation de la « nia », on pourrait facilement compenser le manque à gagner voire augmenter notre productivité pendant les autres mois. Pendant le mois du Ramadan, on est censé être plus léger, plus concentré et plus spirituel.

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