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Amina Benkhadra : «La politique environnementale apportera des résultats à long terme»

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ALM : Quelles sont les actions entreprises par le ministère pour l’environnement?
Amina Benkhadra : La protection de l’environnement, inscrite dans une approche plus globale de développement durable, constitue en effet un des axes prioritaires du développement du Maroc initié par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. La stratégie environnementale s’est déployée depuis plusieurs années selon trois approches, à savoir une approche territoriale qui vise à placer les régions au cœur de l’action environnementale via des observatoires régionaux et d’autres structures dédiées, une approche partenariale ayant pour but d’engager toutes les parties prenantes économiques et sociales dans le processus de développement durable et de préservation de l’environnement au Maroc et enfin, une approche programmatique où de nombreux programmes nationaux et mesures ont été initiés avec des plans d’investissement prédéfinis, des objectifs chiffrés à atteindre. Aussi, plusieurs programmes s’appuient sur un cadre législatif et réglementaire complet, à savoir la loi sur la protection et la mise en valeur de l’environnement, la loi relative à la lutte contre la pollution de l’air et la loi sur la gestion des déchets et leur élimination. Par ailleurs, la loi sur le littoral est en cours de promulgation. Ce cadre est accompagné d’instruments financiers comme le Fonds national pour la protection et la mise en valeur de l’environnement ou le Fonds de dépollution industrielle (FODEP). En 2011, la politique environnementale a été renforcée par l’adoption de la charte nationale de l’environnement et du développement durable. Cette charte a été mise en œuvre suite à un débat participatif au niveau national. Une loi associée à cette charte est actuellement en cours de finalisation. Il s’agit là d’un véritable engagement qui traduit une politique volontariste dans ce domaine.

Où en est le plan solaire?
Lancé par Sa Majesté le Roi le 2 novembre 2009, le projet solaire marocain avance conformément au programme préétabli. Pour rappel, ce projet vise l’installation d’une capacité de 2.000 MW à l’horizon 2020 avec un investissement de 9 milliards de dollars. Il est réparti sur cinq sites totalisant une superficie de 10.000 ha (Ain Béni Mathar, Ouarzazate, Foum El Ouad, Boujdour et Sebkhat Tah) et une agence spécialisée, Moroccan Agency For Solar Energy, qui a été créée pour sa mise en œuvre. Le premier projet engagé concerne le complexe d’Ouarzazate, dont la première phase, d’une capacité de 125 à 160 MW, est bien entamée avec un processus de sélection du développeur de ce projet, conforme aux standards internationaux. Ce processus, à son étape technique, recueille un engagement prometteur des différents acteurs pré-qualifiés et une mobilisation des financements compatibles avec le calendrier prévisionnel. Le développeur final du projet sera connu avant la fin de l’année en cours, et les travaux du complexe commenceront à la mi-2012 avec une mise en service en 2014. La réalisation de la deuxième phase du complexe d’Ouarzazate pour porter sa puissance à 500 MW ainsi que la préparation et la qualification des quatre autres sites retenus commenceront à la même période.

Comment le Maroc se prépare-t-il à accompagner le projet Desertec ?
Dès son lancement, le Maroc a été parmi les premiers pays à soutenir l’initiative DII (Desertec Industrial Initiative) et une entreprise marocaine (Nareva holding) a fait partie du groupe d’investisseurs de ce consortium. L’objectif de ce projet est de couvrir 15% de l’électricité consommée en Europe. Pour ce faire, il a pour ambition de créer d’ici 2050 un réseau de plusieurs centrales solaires et de parcs éoliens, sur des sites allant du Maroc à l’Arabie Saoudite. Avec les programmes nationaux décrits ci-dessus, le Maroc apparaît comme un partenaire stratégique de DII, qui a d’ailleurs tenu son dernier conseil d’administration en mai dernier à Marrakech. MASEN a signé un accord de partenariat avec Desertec le 31 mai dernier à Oujda lors des secondes Assises de l’énergie tenues sous la présidence de Sa Majesté le Roi. Des avancées significatives dans l’initiative DII, comme pour les autres programmes régionaux tel le Plan solaire méditerranéen ou le Réseau Medgrid, passent par la levée d’obstacles réglementaires et financiers, mais aussi par une intégration énergétique régionale et une action coordonnée de ces programmes régionaux.

Comment voyez-vous l’avenir écologique du pays ?
Le Maroc s’est engagé aujourd’hui dans une politique environnementale volontariste qui apportera nécessairement des résultats à long terme. Outre les programmes nationaux déjà exposés, un certain nombre de programmes actuellement en cours, comme le programme national de protection de valorisation de la biodiversité touchant à la fois à la biodiversité terrestre et celle des écosystèmes côtiers et marins, le programme de sauvegarde et de développement des oasis du sud ou celui de mise à niveau environnementale des écoles rurales, visent à renforcer la conscience écologique des Marocains de tout âge par une véritable éducation à l’environnement. Cette orientation fait partie des lignes directrices de l’Initiative pour le développement humain impulsée par le Souverain en 2005. Parallèlement, cet engagement pour une croissance verte se retrouve aussi au cœur des stratégies sectorielles comme la stratégie des phosphates, qui attache une importance particulière à l’utilisation rationnelle de l’eau et de l’énergie et à la réduction de l’empreinte carbone, le Plan Maroc Vert 2020 pour l’agriculture, le Plan Emergence 2015 pour le secteur industriel, la Vision tourisme 2020 ou encore la construction de logements sociaux et la création de villes nouvelles.

À combien estimez-vous le manque à gagner en mettant sur pied des projets écologiques d’envergure dans 10 ans?
Les seuls pays au monde pouvant aujourd’hui planifier des projets écologiques d’envergure sont ceux ayant déjà franchi des paliers importants et où l’industrie des technologies propres (cleantechs) y est mature. Par le cadre global mis en place et les efforts consentis, à la fois en terme de développement durable et en matière de protection de l’environnement, le Maroc aspire à en faire partie. Par ailleurs, l’évolution des initiatives et de thématiques environnementales au niveau de la planète ne pourra se faire que suite à un consensus international fort, unissant les pays en développement et les économies  avancées.

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