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Carburants : le consommateur trinque

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Fait sans précédent au Maroc, le gouvernement a décidé des hausses des prix du carburant à la pompe à deux reprises entre les mois de mai et août 2005. Successivement, le consommateur s’était trouvé devant le fait accompli : celui de payer 0,5 dirham de plus le litre d’essence ou de gasoil. Des hausses, l’on se rappelle, qui avaient été qualifiées de «symboliques» par le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Boutaleb. Depuis le dimanche 7 août 2005, l’essence est commercialisée à 10,35 DH le litre (au lieu de 9,85 DH et de 9,35 DH avant le 16 mai). Le gasoil 350 ppm, lui, est vendu 8,20 Dh le litre (au lieu de 7,70 DH et de 7,20 DH avant le 16 mai). Petit bémol, ces hausses successives n’ont pas touché le gaz butane qui est toujours commercialisé aux mêmes prix que ce soit pour les petites ou les grandes bonbonnes (10 et 40 DH). Sur ce chapitre, l’on a décidé de ménager le panier de la ménagère. Toutefois, le consommateur n’échappera pas à d’autres bien fâcheuses répercussions. Dans plusieurs villes, les opérateurs des transports en commun ont décidé des hausses de 50 centimes en général. C’est le cas notamment à Casablanca et Oujda. Les consommateurs ont été surtout ulcérés de la manière dont cela avait été fait. A Fès, la capitale spirituelle, la régie autonome des transports en commun a fait «mieux», elle vient de décider une augmentation de 40 centimes.
A Casablanca, les « petits » taxis, après les augmentations arrachées «de force» par les «grands», devaient avoir leur propre augmentation : démarrage à 1,70 DH et course minimale à 7 DH.
Si plusieurs hausses sont qualifiées de «compréhensibles» (voir sondage ALM du 26 août 2005), d’autres, et notamment pour les transports en commun, sont jugées disproportionnées par rapport aux nouveaux prix des carburants. 
Et ce n’est pas fini. Plusieurs corporations sont montées au créneau après ces hausses des prix des carburants pour demander des dispositions taillées sur mesure et susceptibles de leur permettre de garder le cap sans trop y laisser de plumes.
Des plumes, ce sont les compagnies pétrolières qui risquent d’en laisser et de manière qui pourrait porter atteinte même à l’approvisionnement du marché. Depuis le 1er janvier et jusqu’à fin octobre 2005, l’Etat a accumulé 5 milliards d’arriérés, sommes devant être reversées aux compagnies pétrolières. Ce montant devait atteindre près de 7 milliards de dirhams à fin décembre de la même année. La Caisse de compensation est devenue impuissante face à un tel poids et les compagnies pétrolières pourraient à tout moment arrêter d’approvisionner le marché, faute de liquidités.
L’Etat, lui, n’a pas échappé non plus aux vertigineuses hausses du prix du baril qui a crevé tous les seuils imaginables. Le taux de croissance a dû être revu à la baisse et la loi de Finances 2006 à été à la merci des aléas des marchés internationaux. Le baril flambe et, en définitive, c’est tout le monde qui passe à la caisse, pauvres comme riches. Les pauvres visiblement un peu plus que les riches, Fathallah Oualalou en sait quelque chose, lui dont les services se sont mis à taxer à tout va n’épargnant même pas les maigres petits dirhams concédés aux garçons des cafés…
Mardi dernier devant la Chambre des conseillers, c’est encore Rachid Talbi Alami qui affirmait que l’Etat, via la Caisse de compensation, a supporté 6 milliards de dirhams à fin novembre 2005 pour stabiliser les prix des hydrocarbures. Tout compte fait, peut-on dire que les transporteurs ont perdu avec les deux hausses des prix des carburants ? La logique voudrait que oui. La réalité est tout autre. L’une des solutions envisagées est le retour au système de l’indexation. Il vise à protéger le pouvoir d’achat des consommateurs, mais surtout à en finir avec un système de compensation compliqué, mais critiqué surtout pour ne pas bénéficier à tout le monde. Ceux qui devaient en bénéficier de toutes les manières.

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