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Comment institutionnaliser la réussite ?

© D.R

En sept ans de règne, on peut dire, sans risque majeur d’erreur que SM Mohammed VI a fait avancer le Maroc plus qu’en cinquante ans d’indépendance. Sans rentrer dans le détail des statistiques sectorielles, on peut aisément valider ce constat tellement les réalisations sont nombreuses, les choix opérés décisifs et la méthodologie retenue efficace. Le Maroc avance, c’est indéniable. Et les retombées sont de plus en plus visibles et profitent à un cercle de plus en plus large, ou du moins stabilisé, de la population. Nous avons affaire donc à un vrai bilan et l’analyse, même sommaire, de celui-ci nous montre, assez vite, qu’il est construit essentiellement sur la dynamique, souvent personnelle, impulsée par le Souverain à tout le pays sur la base du concept forgé en début de règne de «monarchie exécutive».
Ce concept fait de SM MohammedVI, sur le plan opérationnel, un acteur central de l’œuvre de développement. Il lui confère sur le terrain, au-delà des pouvoirs constitutionnels, et des attributs symboliques qui les accompagnent, une prééminence sur toutes  les autres institutions, voire une subordination assez iconoclaste quand on est, théoriquement, dans une logique de séparation et de responsabilité des pouvoirs des uns par rapport aux autres. L’arbitre devient un joueur, et même un très bon joueur.
Cette démarche choisie très tôt par le Souverain a comme caractéristique de générer rapidement de très nombreux acquis, elle permet d’avoir dans des délais assez courts des résultats substantiels et de mettre au « travail » sérieusement l’ensemble des protagonistes de l’œuvre du développement car le circuit de décision s’est passablement raccourci et le temps de l’évaluation et de la sanction est devenu instantané. Nous ne sommes plus dans les temps canoniques en démocratie, de projet gouvernemental, de mandat, de législature, de sanction électorale, etc…
Nous sommes  dans un autre registre assez inédit, mais d’une efficacité redoutable, où dans une urgence absolue contre le sous-développement économique et humain et face à un lourd héritage et à un manque de temps patent l’action devient une nécessité – une religion du progrès –   qui s’embrasse peu du formalisme d’une démocratie qui n’est pas arrivé à un stade de maturité où elle peut imposer ses procédures, ses us, et ses coutumes.
L’aspect spectaculaire et réel des résultats probants engrangés réduit, bien naturellement, l’espace de la critique. Celle-ci, même constructive, face au train où vont les choses et cette urgence impérieuse, peut apparaître au mieux comme une tentative illégitime de contrarier le projet ou au pis un parasitage volontaire des esprits poussant vers le défaitisme et le renoncement.
Avec SM Mohammed VI, la mise à niveau de l’institution monarchique, rapide et réussie, a précédé celle des autres institutions. Plus ces dernières tardent à se hisser au niveau requis plus la distance critique  les séparant de l’institution royale s’élargit. Elles auront du mal à suivre et, de ce fait, rendent plus longue, plus difficile et peut être même plus aléatoire la transition vers la démocratie ou l’installation d’un projet moderniste partagé à la réalisation duquel au moins chacun a – un peu – participé.
Pour générer de la démocratie durable, de la modernité authentique, une citoyenneté véritable  et, finalement, créer une dynamique de progrès dans la société, il va falloir penser à « coter » dans la bourse politique une partie du bilan réalisée ces dernières années sur la base d’un effort souvent exclusif de SM Mohammed VI. Il faudrait peut-être reverser dans le « domaine public » une partie  des réalisations. Cela permettra, éventuellement, à un Premier ministre d’assumer ses responsabilités devant le Parlement et devant les citoyens. Cela offrira l’occasion à une opposition de jouer naturellement son rôle. Cela permettra, également, au gouvernement d’aller défendre quelque chose de concret  – une sorte de bilan minimal –  devant les électeurs et  créera un réflexe sain de vote-sanction ou du moins donnera un sens, un enjeu politique,  à une votation qui sans cela ne serait qu’une parodie de consultation même si elle jouit de toutes les garanties de transparence.
La monarchie marocaine n’a jamais été aussi forte, ni aussi populaire. A sa légitimité multiséculaire SM Mohammed VI  lui a ajouté un projet clair générateur de richesses à travers des réalisations exceptionnelles et un engament personnel «exécutif»  qui fait du Souverain le maître d’ouvrage de ce Maroc nouveau qui est en train de naître sous nos yeux. L’alliance objective, sincère et féconde  qui est née d’un rapport partagé de loyauté, d’estime et de confiance entre SM Mohammed VI et le peuple a rendu les choses plus aisées.
Cette approche diagonale, qui, par la ferveur qu’elle contient, se passe de toute médiation, a permis, dans une sorte de marginalisation oblique des élites intellectuelles, politiques, médiatiques et, même parfois, économiques de générer, portée par le Souverain, une force de proposition et de réalisation autonomes. Un levier de progrès qui est performant et autosuffisant dans un pays comme le nôtre, au stade actuel de son évolution sociale politique et intellectuelle. Aujourd’hui, une chance pour notre nation.
Mais l’enjeu de demain, pour ce pays, ne sera pas d’agir par contournement des milieux culturellement réticents à tout accaparement dans l’exercice du pouvoir, exigeants sur les procédures formelles en démocratie ou insatisfaits de l’ampleur des  réformes politiques notamment dans le domaine constitutionnel.
L’enjeu c’est la création d’un espace démocratique «inclusif» et collaboratif dont le moteur ne serait pas uniquement l’adhésion -une forme passive de participation- mais la mise en commun des ambitions pour ce pays dans un cadre rationalisé, pluraliste, normé et où la responsabilité des acteurs identifiés est le véritable marqueur de leur apport à la construction démocratique.
SM Mohammed VI, pendant ces sept premières années de son règne, s’est donné corps et âme au Maroc nouveau. Une énergie considérable  a été développée et les succès sont au rendez-vous. Cependant un engagement de cette puissance, de cette nature et de cette forme ne peut avoir de signification dans le temps que si SM le Roi voit son action systématique relayée par de nouvelles institutions modernisées, crédibilisées et hissées au rang d’acteur majeur. La question qui se pose, en fait, au-delà de l’effort extraordinaire du Souverain, c’est  comment, désormais institutionnaliser la réussite ? Comment transformer un engagement personnel décisif, celui du chef de l’Etat, en action collective qui mène au succès ? La réponse à ces questions réside, probablement, dans notre capacité, aujourd’hui, à imaginer un nouveau pacte politique susceptible d’associer le plus grand nombre d’acteurs possibles, dans une  logique de succès et de réussite, dans le respect de nos valeurs et de notre identité, à l’édification d’un Maroc où véritablement la modernité se nourrit de la démocratie.  Où la solidarité et le partage se nourrissent de la création de richesse. Et où la parité et  l’égalité des chances se nourrissent des principes d’un Etat vraiment impartial.

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