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Jaouad Bahaji : «Les défis ne peuvent être relevés sans une recherche innovante»

© D.R

ALM : Le thème choisi pour cette édition est «Recherche et innovation», qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Jaouad Bahaji : Il est à rappeler qu’en exécution des Hautes directives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le département de l’agriculture s’est investi depuis 2009 dans la formulation et la mise en œuvre du PMV, qui constitue une stratégie qui devra nécessairement imprimer au secteur agricole une dynamique d’évolution harmonieuse, équilibrée et évolutive qui tienne compte de ses spécificités, exploiter les marges de progrès et valoriser au mieux les potentialités, faire face aux nouveaux enjeux tout en préservant les équilibres sociaux et économiques et enfin accompagner la profonde mutation que connaît le système agroalimentaire mondial. La stratégie est, donc, articulée autour d’une approche globale qui couvre l’ensemble des acteurs selon leurs objectifs propres. Elle repose d’ailleurs sur deux piliers majeurs, l’agriculture moderne et solidaire. Comme vous pouvez le constater, ces défis sont énormes et ne peuvent être relevés sans l’accompagnement d’une recherche innovante, capable de trouver des solutions à chaque problème, et de rendre l’agriculture marocaine compétitive à l’échelle internationale en phase avec les questions climatiques actuelles.

Comment ce thème sera-t-il traduit sur le terrain?
Pour accompagner le PMV et répondre aux exigences et priorités du développement du secteur agricole, une réflexion stratégique sur les inter-relations entre la recherche et la formation et le conseil agricole est lancée par le MAPM. Cette stratégie a pour objectif essentiel le développement d’un système national de formation et de recherche agricoles performant et où le secteur privé apporterait sa contribution. Aussi, et dans le cadre du PMV, il a été programmé la mise en place des agropôles régionaux qui englobent des pôles de recherche, développement, innovation et contrôle de qualité. Par ailleurs, il est à signaler que ce thème a constitué une priorité depuis des années, plusieurs actions ont été entreprises pour améliorer le système de recherche agronomique au Maroc telles que la régionalisation de la recherche à travers la création de CRRA, pour répondre aux problèmes spécifiques de chaque région, le lancement, depuis 2003, du Grand Prix Hassan II pour l’invention et la recherche dans le domaine agricole. En effet, ce prix vise l’encouragement de l’excellence et l’innovation dans les domaines agricoles et para-agricoles. D’ailleurs, la cérémonie d’octroi du prix de la 7ème édition est organisée en marge du SIAM. Il y a également la mise en place du Mécanisme compétitif de recherche et développement et vulgarisation (MCRDV) en 2012, en vue de développer des synergies entre les composantes du dispositif national de conseil et d’innovation agricoles en plus de la valorisation des infrastructures et des compétences dont disposent les établissements d’enseignement, de recherche et de conseil agricoles relevant du département de l’agriculture et des professionnels. Ceci se concrétise à travers le financement des projets de recherche et vulgarisation à caractère pluridisciplinaire et multi-institutionnel portant sur des thèmes prioritaires, répondant aux besoins identifiés dans le cadre du Plan Maroc Vert et en assurant le transfert des résultats aux agriculteurs. Parallèlement au développement de projets de coopération, notamment avec la France (PRAD), autour des thèmes prioritaires d’intérêt commun, l’exécution du programme d’action de la composante «Recherche-développement» et conseil agricole prévu dans le cadre des contrats-programmes signés entre l’Etat et les interprofessions et la mise en place des écoles aux champs (FFS), en tant que méthode de conseil agricole recommandée fortement par le nouvelle stratégie du conseil agricole.

Selon vous, comment la recherche peut elle-présenter des solutions dans le contexte de manque de ressources hydriques ?
Je tiens à souligner que l’INRA, étant le principal acteur dans le domaine de la recherche agronomique, s’est toujours penché sur le problème de rareté de ressources hydriques. A ce titre, plusieurs actions de recherche ont été entreprises. D’abord, l’élaboration de cartes de vocation agricoles des terres. C’est un programme permettant la mise en place d’outils d’aide à la prise de décision dans la gestion optimale des ressources naturelles (eau et sol). Ce programme a couvert depuis son démarrage en 1998 près de 6 millions d’hectares dans les zones bour. Ensuite, il y a les études de l’impact des changements climatiques. Ces études ont porté sur l’évaluation de l’impact des changements climatiques sur les productions agricoles pour les 20 prochaines années. Aussi, l’analyse des mécanismes d’adaptation aux changements climatiques a permis au niveau des bassins de Souss-Massa et du Tadla, la conception d’un modèle hydrologique et économique permettant l’utilisation de la ressource eau de manière à maximiser le revenu net agricole en tenant compte des contraintes hydrologiques, agronomiques et de disponibilité des ressources. Et enfin, il y a la gestion et conservation de l’eau et du sol. À ce titre, des technologies ont été mises au point afin d’augmenter et de stabiliser la production et d’améliorer l’efficience d’utilisation de l’eau jusqu’à 45% et des intrants portent sur la gestion raisonnée de l’eau, l’irrigation d’appoint, le semis direct, l’intégration du choix variétal, du semis précoce et de l’irrigation d’appoint, la conduite de la culture de la tomate hors sol a permis une économie de l’eau de 20%, la création de variétés de céréales résistantes à la sécheresse. Et enfin, l’utilisation des NTIC dans la communication et le transfert des connaissances à travers l’envoi des SMS aux agriculteurs sur les apports en irrigation.

Comment évaluez-vous la recherche et l’innovation dans le domaine agricole au Maroc?
La recherche et l’innovation dans l’agriculture constituent un levier pour le développement de l’économie, à travers l’amélioration de la productivité, de la qualité des produits et de la compétitivité. Aussi, plusieurs acquis de la recherche ont été mis au point et couvrent toutes les filières de production et de transformation. Toutefois, des efforts restent à développer, notamment en matière de développement de compétitivité et de synergies entre les différentes institutions concernées, de transfert et de valorisation des résultats de recherche. D’où l’intérêt de l’étude lancée par le département portant sur l’élaboration d’une nouvelle stratégie de «Recherche-Formation».

Que nous préparez-vous pour cette septième édition?
Le secteur agricole, vecteur essentiel du développement, contribue fortement à l’évolution de l’environnement ainsi qu’à l’aménagement du territoire. Au cœur de tous les défis (croissance, sécurité alimentaire, développement durable, indépendance énergétique), l’histoire de l’agriculture est jalonnée d’innovations, qu’elle a su intégrer pour assurer sa mission première, nourrir les hommes. Dans le but d’accompagner le processus de cette révolution verte, le SIAM propose un espace innovant, porteur d’une définition nouvelle du métier d’agriculteur. Son potentiel consiste à créer des effets particulièrement positifs par la formulation de réponses pertinentes à des questions complexes, en s’appuyant sur des partenariats stratégiques ainsi que des coopérations internationales efficaces.
En cohérence avec la thématique de cette édition du SIAM, un stand sera réservé au Grand Prix Hassan II pour l’invention et la recherche dans le domaine agricole, visant la promotion de ce prix qui encourage l’excellence et l’innovation dans le domaine agricole, et inciter les personnes à participer à la prochaine édition qui sera lancée le 1er septembre 2012. Aussi, des informations concernant les programmes de recherche, menés par les différentes institutions (programme scientifique, Trophée Innovation…) seront à la disposition du public.

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