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La sacralité du mois de Ramadan (3)

© D.R

Dans ce processus long de 30 jours, la volonté et l’esprit se renforcent. Nous restons mobilisés en permanence. Nous arrivons à contrôler nos émotions et à les confiner à leur rôle. Nous reprenons les rênes de notre vie progressivement; les émotions ne sont plus les vecteurs directeurs de nos actions et de notre personnalité. Et après 30 jours de cette autodiscipline systématique de renforcement de l’esprit sur le corps, le croyant est prêt pour une nouvelle année. Nous avons ainsi pu rééquilibrer les rôles de chaque partie de notre personnalité. Nous n’avons pas tué nos émotions, on les a simplement remises à leur place : de fugaces impressions qui peuvent nous aider, mais qui ne doivent pas nous diriger. Nous arriverons ainsi à une discipline de contrôle de nos accès émotionnels (colère, peur, envie…). Discipline qui nous sera profitable, on s’en doute bien, toute l’année. Le fait de résister à la nourriture, au nom de valeurs spirituelles, nous aide tous à transcender à la fois le corps et les émotions pour se ressourcer et renforcer notre résistance à la tentation.
Comment vit-on Ramadan ?
Tous les musulmans jeûnent pour Dieu, pour respecter son commandement. Et cela lui est compté comme piété. Car le jeûne est un acte dont seul Dieu peut percevoir la sincérité. Il n’est pas écrit sur le front du musulman qu’il jeûne, tout comme chacun peut très bien boire ou manger à l’abri du regard des hommes. Dieu comblera tous les croyants d’une récompense pour ces sacrifices.Nonobstant ce fait, il y a moyen de potentialiser encore plus Ramadan, ce que chaque musulman averti ne manque pas de faire. C’est un moment unique d’introspection et de recherche de défauts dans notre personnalité, et donc forcément des faiblesses résultant de nos émotions. Les émotions, comme expliquées, sont générées par les sensations de plaisir et de peine, le corps se nourrit de produits organiques. L’esprit est nourri par des idées, la lecture, la connaissance. Seules ces dernières peuvent renforcer notre esprit et notre capacité de raisonnement. La plus grande avenue ouverte à la tentation est l’ignorance. C’est pourquoi le premier message qui vint au prophète Mohammad (Paix et Bénédictions soient sur Lui) fut de lire (IQRA). Toutes sciences émanent de et ramènent à Dieu, nous dit Dieu, dans le Coran. L’esprit, La raison est la clé de notre personnalité. Et même de notre vie spirituelle : Dieu, dans le Coran, n’impose aucune obligation aux simples d’esprit. Qu’est-ce à dire ? C’est très profond et révélateur. Réfléchissons. Cela veut dire qu’en Islam, le premier critère d’exigence de la foi est la Raison. Nul ne peut exiger la foi de celui qui n’a pas la Raison : c’est la condition sine qua non. C’est extraordinaire. C’est vous dire la place que l’Islam donne à la Raison! Que ceux qui clament une antinomie entre les Sciences et Islam y réfléchissent. Le Musulman essaiera de bannir toute perturbation émotionnelle. Bien sûr, il n’est pas de propos, ici, d’en faire une liste exhaustive, mais une analyse synthétique des phénomènes fondamentaux qui alimentent nos émotions. Le jeûneur évitera les discussions vaines et stériles qui ne font qu’exacerber des nerfs à peine ensommeillés. D’ailleurs, après quelques jours de jeûne, il devient naturel d’économiser ses gestes et ses paroles. On se détache progressivement de l’agitation mondaine, gagnant chaque jour, ainsi, en indépendance et en sagesse. L’esprit est contaminé par certains programmes de télévision, où sont exposés violence, sexe, vices divers… C’est vrai que cela alimente les émotions par des sensations. La TV brise nos structures de valeurs, et ses images programment et contrôlent notre personnalité. Cela n’est plus à démontrer. Le croyant profite de Ramadan pour éteindre la TV, et instaurer un dialogue dans la famille, pour enrichir la qualité de vie en famille. Toutes les grandes nations, avec tout leur argent, toutes leurs universités, tous leurs grands départements de recherche, n’ont pas pu se protéger elles-mêmes contre ces images destructrices. Le Musulman a la chance d’avoir le seul mécanisme, connu, pour purifier corps et esprit : c’est Ramadan. Institué, pour l’Homme, par un Créateur omniscient. Cependant, ne pas manger, ne pas lire, ne pas prier, ne pas rester en contact avec Dieu… cela n’est pas jeûner, c’est s’affamer, tout simplement. Ce n’est pas le but de Ramadan. Il y a une différence qualitative entre s’affamer et jeûner. Se priver d’aliment, c’est s’affamer. Le jeûne existe lorsqu’une personne se prive volontairement de nourriture et de boisson et accompagne ce choix avec une volonté, et une interaction avec son Créateur Miséricordieux, à travers la prière, les pieuses lectures et la méditation. En transformant la faim du jeûne en vecteur de prière, de réflexion, de soumission, le musulman accroît, nécessairement, sa force spirituelle, et de là, sa force de caractère, son pouvoir de raisonnement, sa capacité d’analyse, bref, la qualité de sa vie intérieure. Les potentialités du jeûne sont énormes et sous-estimées par la communauté scientifique, c’est une fenêtre sur l’autodiscipline et l’introspection, à la portée de chaque croyant. C’est une école où chaque croyant apprend la faim qu’éprouve le pauvre pour y être plus sensible, une école où se forge la sagesse du sage, la paix du coeur et la lumière de l’esprit par la recherche de la proximité du Bien Aimé. Certains penseront que c’est là une version idéaliste, voire édulcorée, de Ramadan, et que la réalité en est bien en deçà. Peut-être… Cependant, même si l’intégralité des musulmans ne tire, peut-être pas, de Ramadan les bénéfices escomptés, cela n’occulte en rien les sagesses inhérentes et intrinsèques aux prescriptions de Ramadan : des musulmans seraient alors en cause, pas l’Islam, ni ses divines prescriptions. Le jeûne du Ramadan met “le sacrifice” en perspective, dans notre quotidien. Ainsi, il ne s’agit plus de “sacrifice”, c’est la force de la foi qui enlève à l’acte son caractère sacrificiel et contraignant, forgeant ainsi, en chaque croyant, consciemment ou inconsciemment, de nouvelles habitudes louables de piété. C’est même un signe de jeûne réussi. Puissent les jours bénis de Ramadan, qui viennent et qui reviennent, apporter au monde paix, sérénité, justice… comme le fait la voix du Mouazzin (muezzin), sereine et mélodieuse, du haut des minarets, lorsqu’elle se pose sur un peuple prosterné dans le soleil déclinant, soumis seul au Seigneur des Mondes… Utopie ? Peut-être. Mais même si un tel souhait n’a que le poids d’une chimère dans notre présent chaotique, il n’en conserve pas moins toute la valeur de sa sincérité et l’intensité d’un voeu ardent. Mais, Dieu sait mieux.

Mohammad Amine Alibhaye, Islam Fraternet

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