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L’apport de l’Islam à la civilisation humaine

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L’astronomie en particulier intéressait non seulement les hommes de science, mais plusieurs khalifes d’Orient et d’Espagne. Toutefois, quelques sultans seldjoukides et khans gengiskhanides et timourides s’y adonnèrent avec passion. Rapidement des observations surgirent un peu partout dans les grands centres de l’Empire de l’Islam. Ceux de Bagdad, du Caire, de Cordoue, de Tolède et de Samarkand acquirent une célébrité méritée. Les théories antiques furent révisées, plusieurs erreurs de Ptolémée furent relevées et les tables grecques corrigées. À l’actif de l’Ecole de Bagdad figurent la reconnaissance du mouvement de l’apogée du soleil, l’évaluation de l’obliquité de l’écliptique et sa diminution progressive, l’estimation très précise de la durée de l’année. Les savants bagdadiens constatèrent les irrégularités de la plus grande latitude de la lune et découvrirent une troisième inégalité lunaire, connue sous le nom de variation. Ils signalèrent les taches du soleil, étudièrent les éclipses, les apparitions de comètes et autres phénomènes célestes, mirent en question l’immobilité de la terre et furent les précurseurs lointains de Copernic et de Kepler. Les résultats des observations de l’Ecole de Bagdad furent consignés dans la Table vérifiée. Parmi les plus célèbres savants de cette école citons : AI Batani, que Lalande place parmi les vingt astronomes les plus importants du monde; Abou Wefa, dont le nom est lié à une des constatations fondamentales de l’astronomie, celle de la troisième inégalité lunaire. L’astronome musulman devança de dix siècles le savant danois Tycho Brahé, à qui cette découverte est indûment attribuée. L’illustre Ah Ibn Younis, inventeur de la pendule et du goomon, pour qui le khalife htimide Al-Hakem (990-1021) avait fait construire l’observatoire du Mont Mocattam, est considéré comme fondateur de l’Ecole du Caire. Il rédigea la grande Table hakémite qui dépassa en précision toutes celles qui existèrent auparavant. Elle succéda dans tout l’Orient et jusqu’en Chine à l’Almageste de Ptolémée et aux traites de Bagdad. Hassan Ibn al Haitam, un autre astronome et mathématicien de l’Ecole du Caire écrivit à la même époque son célèbre traité sur l’optique qui servit de base aux travaux de Roger Bacon et de Kepler. Il n’est pas sans intérêt de signaler, en passant, qu’Ibn al-Haitam fut le premier à préconiser la construction du barrage d’Assouan pour élever le niveau du Nil. Les études astronomiques ne furent pas en moindre honneur en Espagne musulmane. L’émir de Cordoue, Abd ar-Rahman, manifesta un intérêt particulier pour cette science. Malheureusement peu de choses nous sont parvenues des travaux astronomiques des Musulmans d’Espagne. La presque totalité de leurs oeuvres fut détruite pendant la reconquête et les persécutions religieuses ; nous savons pourtant que les observatoires de Cordoue et de Tolède jouissaient a l’époque d’une grande renommée. L’histoire conserva les noms de plusieurs savants de l’Andalousie, tels ceux de Maslamah al-Mahrebi, d’Abd al-Rahman Ibn Khaldoun, d’Averroès et de quelques autres. On peut juger de la haute qualité des ouvrages perdus des savants musulmans par les nombreux emprunts que leur firent les auteurs chrétiens contemporains. Il apparaît ainsi que les tables astronomiques d’Alphonse X, dites Tables Alphonsines, furent fortement influencées par les travaux des Arabes, sinon entièrement empruntées. Les guerres et les troubles intérieurs qui s’abattirent à partir du XI siècle sur l’Asie pesèrent lourdement sur la vie intellectuelle de la société musulmane. Sans doute elles ralentirent considérablement la marche de la civilisation, mais ne purent pas l’arrêter complètement. L’Ecole de Bagdad survécut à la déchéance politique du khalifat d’Orient et au démembrement de l’Empire. Elle ne cessa son activité fructueuse qu’au milieu du XV siècle. Son influence s’était étendue entre temps sur l’Asie centrale, sur les Indes et sur la Chine. Un des plus illustres savants du monde de l’Islam, Abdou Rahman Mohammed Ben Ahmad al Birouni, qui servit de lien vivant entre les traditions de l’Ecole de Bagdad et les traditions des savants indiens, vécut a la cour de Mahmoud le Ghaznévide (997-1030). Entre ses multiples travaux de toutes natures, il publia les tables de longitude et de latitude des principaux lieux de la terre. Le sultan seldjoukide, Melik Chah (1072-1092), souverain éclairé, ami de savants et de lettres, avait un goût pour l’astronomie. Les observations qu’il ordonna conduisirent à la réforme du calendrier. Elle précéda de six siècles la réforme grégorienne et fut plus exacte que cette dernière. L’honneur de cette réforme revient a Abdur Rahman Haseni et à Omar Khayyam, célèbre auteur des quatrains qui immortalisèrent son nom. Les souverains mongols ne furent pas moins favorables aux sciences. Le farouche Houlagou, de sinistre mémoire, destructeur de Bagdad, fit construire l’observatoire modèle de Meragah. Sa direction fut confiée à Nasr Ed Dine Thousi, auteur des Tables llkhaniennes , à qui on doit le perfectionnement des nombreux instruments dont on se servait pour les observations. C’est de ce nouveau centre d’études que les travaux des astronomes de Bagdad et du Caire pénétrèrent en Chine sous Koubilai Khan. Mais c’est sous le règne d’Ouloug Beg, petit-fils de Tamerlan, que l’astronomie musulmane brilla de son dernier éclat. Ouloug Beg, dont le nom est inséparable, ainsi que celui de son père Chah Rouh, de l’admirable mouvement artistique et littéraire connu sous le nom de Renaissance Timouride fut un astronome passionné. Il est considéré comme le dernier représentant de l’Ecole de Bagdad. Son ouvrage, publié en 1437, donne le tableau exact des connaissances astronomiques de son temps. Un siècle avant Kepler, il relie l’astronomie des anciens à celle des modernes.

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