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«Le secteur des coopératives met en avant les compétences des femmes»

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ALM : Qu’est-ce que vous pensez des droits de la femme marocaine ?
Jamila Chakir : Le Maroc a connu une avancée remarquable dans la reconnaissance des droits de l’Homme en général, et de la femme en particulier, avec par exemple la réforme de la «Moudawana» ou l’avènement du Code de la famille qui reconnaît des droits importants aux femmes. De son côté, la réforme du Code de la nationalité en faveur des enfants issus notamment de mariages de femmes marocaines avec des étrangers, est un nouveau vecteur qui ne peut qu’être bénéfique à la protection des familles issues de mariages mixtes. En effet, les enfants nés de ces mariages ont souvent été exposés à des situations douloureuses, que ce soit sur le plan juridique et social, ou encore psychique. La démocratie et la modernité voulues par le Maroc ne peuvent se faire et réussir sans que la femme, en tant que citoyenne, ne puisse avoir un rôle déterminant dans le processus, notamment politique. La discrimination positive en faveur des femmes depuis l’adoption de la liste nationale lors des élections législatives de 2001, a constitué un premier pas de géant pour convaincre les moins convaincus de la plus-value que représente l’implication politique des femmes. Elle a également permis de dépasser le blocage sociétal lié aux traditions négatives d’exclusion des femmes. Un deuxième pas a été franchi à travers l’adoption par le gouvernement de la décision de réserver aux femmes deux sièges au sein des collectivités. Le Maroc a connu une avancée importante dans les droits de la femme par rapport aux autres pays arabes, mais malgré tout il y a encore du travail. Le projet de loi contre les violences fondées sur le genre, en cours d’étude par Nouzha Skalli, ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, en est une illustration.

Quels sont les principaux problèmes que rencontre la femme marocaine à l’étranger ?
Vivant au Maroc, je ne peux pas répondre à cette question. Ce qui est sûr, c’est qu’il existe une différence, sur le plan des droits entre les femmes au Maroc et celles qui se trouvent à l’étranger.

Que pouvez-vous nous dire sur le domaine des coopératives ?
Le domaine des coopératives est une composante de l’économie sociale qui vise l’amélioration de la situation socio-économique de tous leurs adhérents. Le mouvement coopératif au Maroc s’inspire de la Chariâa islamique incitant à la solidarité. Il est régi par le Dahir n°1-83-226 du 9 Moharrem 1405 (5 octobre 1984) portant promulgation de la loi n° 24-83 fixant statut général des coopératives et les missions de l’Office de développement de la coopération (ODECO) tel qu’il a été modifié par le Dahir portant loi n° 1-93-166 du 10 septembre 1993. Du point de vue économique, la coopérative permet d’acquérir les moyens de production avec des coûts moins élevés , de répartir le travail et les revenus tirés de l’activité entre les membres. Pour les femmes, le secteur des coopératives n’est pas seulement un secteur promoteur de revenus, c’est aussi un espace qui leur permet d’évoluer, de se structurer, de se former et de mettre en avant leurs capacités et leurs compétences. Au sein de la coopérative, les femmes sont amenées à prendre des responsabilités allant de la gestion de la structure, à la mise en place d’une production de qualité répondant de plus en plus à des cahiers des charges précis. Les formations qu’elles acquièrent, qu’il s’agisse de l’organisation administrative et financière, de la qualité de production, ou du marketing leur ont déjà permis de progresser considérablement.

Qu’est-ce que vous revendiquez pour la promotion de ce secteur ?
Actuellement, le nombre de coopératives augmente, ce qui demande plus d’organisation et plus de rigueur, car le problème réside au niveau de la formation, de la gestion et de la commercialisation.
Grâce aux diverses formations mises en place, nous avons déjà pu relever des résultats positifs jusqu’au niveau de l’organisation des femmes. Cette dynamique d’organisation des femmes doit s’accompagner d’une approche partenariale, permettant de généraliser le recours aux «cahier des charges», en s’inspirant de l’expérience des filières argan et safran (cf. les divers ateliers organisés par Migrations et Développement pour encourager l’organisations des producteurs et productrices en coopératives , dans une optique de valorisation du safran, et en partenariat avec d’autres acteurs pour la préparation d’un cahier des charges spécifique à cette production). Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la relation de confiance existant entre les femmes et leurs époux et pères influent sur le dynamisme et la pérennité d’une coopérative. Je souligne là aussi le travail de «Migrations et Développement» visant à favoriser le rapprochement entre la communauté MRE en Europe et les coopératives marocaines afin de rechercher et organiser de nouveaux débouchés pour les productions locales. Je citerai cet exemple pour illustrer mon propos : Le village d’Asserargh (commune rurale d’Agadir Aït Melloul, cercle de Taliouine), dont les femmes se sont organisées en foyer féminin avec l’appui de l’association Jeunesse et Développement et de M et D pour développer des activités économiques et trouver des débouchés pour leurs production.

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